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Qui paiera les coûts énergétiques de l’IT ?

Par Guillaume Trecan | Le | It

France Stratégie vient de publier un rapport sur la consommation énergétique du numérique qui met en exergue une évolution exponentielle que ne compensent pas les progrès techniques. Une tendance que les directions achats doivent prendre en compte, dans leurs coûts et leur bilan carbone.

Qui paiera les coûts énergétiques de l’IT ?
Qui paiera les coûts énergétiques de l’IT ?

Le numérique consommait en 2017 3 000 TWh, chiffre qui doit doubler en 2025. La part du numérique dans la consommation énergétique mondiale devrait doubler entre 2017 et 2025, pour représenter, selon les scénarios, entre 4,7 % et 6 % du total des consommations d’énergie, contre un peu plus de 3 % à l’heure actuelle. Un poids qui vient en particulier de la production d’outils numériques (39 %), mais aussi des data centers (30 %), des réseaux (16 %) et des équipements terminaux (14 %). Les champions en termes de croissance étant bien sûr les data center (+ 15,8 % entre 2017 et 2025). Le rapport pointe en particulier deux cas d’usage particulièrement gourmands en énergie : les crypto-monnaies et l’IOT.

Quels que soient le scénario retenu, les consommations décollent après 2023. - © D.R.
Quels que soient le scénario retenu, les consommations décollent après 2023. - © D.R.

Un poids de l’énergie allant jusqu’à 75 % du coût total

Cette évolution ne manquera pas de peser sur le coût des achats d’IT pour les directions achats. Dans les réseaux télécoms, la consommation énergétique représente entre 20 % et 40 % des coûts opérationnels des opérateurs. Dans un data center l’énergie représente jusqu’à 75 % des coûts d’exploitation. Dans les deux cas, des progrès technologiques sont à l’œuvre pour optimiser les consommations énergétiques des équipements mais bien insuffisants au regard de l’accroissement des usages. Selon le Shift Project, la consommation des data centers est ainsi passée de 300 TWh/an en 2013 à 600 TWh/an en 2017, en dépit des efforts colossaux entrepris pour optimiser leur fonctionnement et réduire leur consommation d’énergie.

L’augmentation de la part du numérique dans les consommations énergétiques mondiales est également exponentielle. - © D.R.
L’augmentation de la part du numérique dans les consommations énergétiques mondiales est également exponentielle. - © D.R.

De même, pour absorber la hausse de la consommation d’énergie des réseaux, les opérateurs peuvent compter en partie sur les progrès techniques des équipementiers. Mais jusqu’à quel point ? Ce ne sera pas suffisant selon les auteurs du rapport, d’autant que les progrès technologiques des équipementiers sont surtout tournés vers l’augmentation du débit qui a pour effet une explosion du trafic internet.

Le poids du numérique sur l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre hypothèque à lui seul les ambitions des Accords de Paris. - © D.R.
Le poids du numérique sur l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre hypothèque à lui seul les ambitions des Accords de Paris. - © D.R.

En termes d’émission de gaz à effet de serre (GES), le numérique représentera en 2025 7,6 % du total mondial des GES contre 3,4 % en 2017. A elle seule, la croissance du numérique mondiale jette un voile de doute sur la capacité des signataires de l’accord de Paris à atteindre leur objectif. Elle représentera plus de 1 Gt équivalent CO2 d’ici à 2025, tandis que les Accords de Paris tablent sur une réduction globale de 11 GtCO2eq entre 2018 et 2023.