Ha responsable

Une solution de sourcing des Esat pensée pour faciliter les achats solidaires

Par Mehdi Arhab | Le | Ha inclusif

Afin d’encourager les achats inclusifs, les établissements et services d’aide par le travail (Esat) ont été répertoriés, par type de métier et emplacement, sur la plateforme du marché de l’inclusion. Une initiative d’Handeco, du Réseau Gesat, du Secrétariat d’État chargé des personnes handicapées et du Haut-Commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises.

Denis Charrier, Directeur général du Réseau Gesat et Joseph Ramos, Délégué général d’Handeco - © D.R.
Denis Charrier, Directeur général du Réseau Gesat et Joseph Ramos, Délégué général d’Handeco - © D.R.

Cet outil, lancé courant 2021 et enrichi en ce début d’année 2022, vise à faciliter le travail des directions achats, lesquelles éprouvent de réelles difficultés à effectuer un travail de sourcing efficient en la matière. En effet, avec près de 2 200 Esat et entreprises adaptées (EA) réparties sur l’ensemble du territoire français - sans compter les 4 000 structures de l’insertion par l’activité économique (IAE) -, la tâche n’est pas toujours des plus commodes. « Cela répond à un vrai besoin pour les acheteurs. Lorsqu’ils sont challengés pour développer les achats inclusifs ou souhaitent acheter davantage responsable, ils sont perdus », déclare Denis Charrier, directeur général du Réseau Gesat.

 

Acheter aux établissements Esat et EA doit devenir un réflexe, en confiant des marchés à valeur ajoutée qui favorisent la montée en compétences des travailleurs handicapés

La démarche des achats inclusifs doit être valorisée

Pour le marché de l’inclusion, il s’agissait en premier lieu d’adresser sa promesse à 360 degrés, en référençant enfin l’ensemble des acteurs du marché de l’emploi des personnes handicapées. « L’objectif était d’avoir une vision globale. Il faut avoir en tête tous les volets des achats responsables : d’une part le volet économique et durable, de l’autre le volet social, avec ce que nous appelons les achats solidaires et inclusifs », expose Joseph Ramos, délégué général d’Handeco. Par cette action destinée à promouvoir l’offre de services des Esat donc, Handeco et le Réseau Gesat caressent l’espoir de développer de l’activité et de nombreux marchés à valeur ajoutée. « Acheter aux établissements Esat et EA doit devenir un réflexe, en confiant des marchés à valeur ajoutée qui favorisent la montée en compétences des travailleurs handicapés », témoigne par exemple Denis Charrier. Fortes du soutien des pouvoirs publics, dont la force de persuasion est sans égale, les deux structures ne cachent plus leurs ambitions.

« Il faut avoir la capacité d’intéresser tout le monde, toutes les structures, toutes les entreprises. C’est pour cela d’ailleurs que le Réseau Gesat et Handeco se sont montrés volontaires dans cette action. Si cet outil peut en persuader certains, nous sommes prêts à les accueillir », poursuit de son côté Joseph Ramos. Handeco et le Réseau Gesat accompagneront par ailleurs les entreprises qui en auront besoin dans leurs démarches de sourcing. « Nous sommes ici pour conseiller et aider à sourcer de manière qualifiée. En menant des études de faisabilité, nous pourrons dire notamment à un acheteur s’il verra ou non son besoin couvert dans son intégralité par les ESAT-EA et, auquel cas, s’il doit adapter son cahier des charges ou allotir son marché », fait savoir Denis Charrier.

Des idées reçues à chasser

Au moyen de cet outil, les Esat gagneront donc en accessibilité. Pour autant, les clichés à leur sujet sont légion. Et cela au mépris de la qualité de leurs prestations. Les plus courants ? Le coût des produits serait plus élevé, la qualité des services serait insuffisante … Pourtant, comme le fait savoir Denis Charrier, les contrôles, qualité à titre d’illustration, sont plus réguliers et l’encadrement n’en est que plus fort. 

Nous sommes aussi, dans le monde de l’entreprise, à la recherche de performance. Notre secteur est très fonctionnel et opérationnel  

Pour parer ces idées reçues, Handeco et le Réseau Gesat font preuve de pédagogie. « Nous sommes toujours en train de sensibiliser, de tenter de convaincre. C’est un travail de tous les instants. Il faut marteler que le produit ou le service n’est pas de mauvaise qualité. Nous sommes aussi dans le monde de l’entreprise, à la recherche de performance. Notre secteur est très fonctionnel et opérationnel », affirme Joseph Ramos. « Pour le client, généralement, il s’agit de répondre à des objectifs de responsabilités sociétales. Les équipes d’encadrement ESAT et EA savent bien que des clichés sur leur secteur et sur le handicap circulent. Notre rôle consiste à casser ces préjugés et prouver que la qualité est au rendez-vous », explique quant à lui le directeur général du Réseau Gesat.

L’agilité et la qualité comme arguments pour promouvoir les Esat

Les Esat et EA, répartis sur près de 150 secteurs d’activité - historiquement la restauration, la blanchisserie, la gestion des espaces verts ou encore l’informatique - ne manquent pas d’atouts, bien au contraire. L’agilité du secteur n’est donc plus à démontrer rappelle Denis Charrier. « 150 000 travailleurs handicapés exercent leur métier dans près de 200 d’univers. Et pour les acheteurs, ce sont autant de possibilités d’achats. Sur 2 250 établissements Esat et EA, 62 % se sont lancés dans une nouvelle activité ces deux dernières années. Les Esat-EA sont capables de se repenser pour répondre aux futurs besoins des clients. Tout est mis en place pour que les personnes en situation de handicap qui y exercent montent en compétences. »

Les résultats de l’enquête de l’Observatoire économique national des achats responsables du Réseau Gesat, sur l’année 2020-2021, viennent d’ailleurs confirmer la capacité des Esat à former une proposition de valeur crédible et viable. En effet, 97 % des clients se déclarent satisfaits ou très satisfaits des prestations réalisées et sept clients sur dix jugent même la qualité des produits et prestations délivrés supérieure à celle des entreprises dites « classiques ». Des points notables, au moment où nombre d’entreprises, confrontées à des ruptures de chaîne d’approvisionnement, réfléchissent notamment à relocaliser une partie de leur production.