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Inflation record et durable sur l’énergie et les produits alimentaires

Par Mehdi Arhab | Le | Énergie environnement

Dans un rapport paru le 26 avril dernier, la Banque Mondiale juge probable que les prix de l’alimentaire et de l’énergie s’enferment à des niveaux rarement atteints et ce, au moins, jusqu’en 2024. La guerre en Ukraine a en effet occasionné une redéfinition profonde des marchés des produits de base, faisant ainsi vaciller sérieusement l’économie mondiale.

Inflation record et durable sur l’énergie et les produits alimentaires
Inflation record et durable sur l’énergie et les produits alimentaires

Les conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie n’ont pas fini de bouleverser les équilibres du monde et l’année 2022 pourrait constituer un tournant. Dans la dernière édition de son rapport Commodity Markets Outlook, la Banque Mondiale assure que la Guerre menée par les troupes de Vladimir Poutine va « provoquer un choc majeur sur les marchés des produits de base et modifier la physionomie des échanges, de la production et de la consommation ». 

L’institution financière conjure les dirigeants et responsables politiques « à agir rapidement pour minimiser les dommages causés ». L’offre restreinte, en raison du désordre causé par la pandémie de Covid sur les chaînes d’approvisionnement et des années de sous-investissement dans ces secteurs ont créé des tensions rédhibitoires sur ces marchés. 

Le marché de l’énergie sous haute tension  

Les tensions sur les prix de l’énergie pourraient ainsi se poursuivre dans les années qui viennent et atteindre des niveaux tout bonnement affolants, au moins jusqu’à la fin de l’année 2024. Ainsi, pour l’année en cours, les prix de l’énergie devraient grimper de plus de 50 %, avant de se réduire en 2023 (- 12 %) et 2024, tout en se maintenant à des seuils historiquement élevés. Cette tendance constitue la hausse « la plus importante depuis la crise pétrolière de 1973 », indique la Banque Mondiale dans son rapport.  

Le cours du baril Brent, la référence du pétrole brut en Europe, devrait quant à lui s’établir à 100 dollars en 2022, soit une hausse de 42 % versus 2021, avant de baisser à 92 dollars en 2023. Un prix bien plus important que la moyenne de 60 dollars le baril sur les cinq dernières années. Alors que les prix du charbon devraient augmenter de 80 % sur 2022, le cours du gaz naturel en Europe devrait quant à lui être deux fois plus élevé par rapport à 2021, « soit des sommets historiques dans les deux cas », prévient la Banque Mondiale.

La hausse des prix pourrait perdurer sur le long terme 

Concernant les métaux, le cours des prix devrait s’envoler de près de 16 % en 2022, avant de diminuer également dans les années à venir. Néanmoins, les prix resteront bien supérieurs à la moyenne des cinq dernières années. Même chose pour les prix de produits alimentaires de première nécessité. En effet, les prix des produits agricoles augmenteront probablement de 20 % et connaîtront le même schéma que les biens précédemment cités. Concernant les cours du blé (dont l’Ukraine et la Russie sont deux des principaux producteurs), les prévisions annoncent même une augmentation de 40 % des prix par rapport à l’année écoulée. Les prix du blé vont ainsi atteindre un niveau record en valeur nominale. La Banque Mondiale l’affirme : la hausse des prix des matières premières alimentaires et des engrais (dont la production dépend du gaz naturel) n’a jamais été aussi forte depuis la crise de 2008.  

« Cette augmentation des prix des matières premières exacerbe les pressions inflationnistes déjà élevées partout dans le monde », souligne par ailleurs Ayhan Kose, directeur de la division Perspectives de la Banque mondiale, dans un communiqué de l’institution financière. Si la guerre en Ukraine venait à se prolonger sur une longue période - scénario loin d’être écarté - la tendance haussière pourrait se consolider et les prix pourraient devenir encore plus volatils qu’ils ne le sont aujourd’hui et que ce qui est prévu pour le moment.