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Quelques clés pour atténuer la flambée de la facture énergétique

Par Mehdi Arhab | Le | Énergie environnement

Alors que la situation économique demeure particulièrement complexe concernant les énergies, le cabinet de conseil Cosma Experts a livré au cours d’un Webinar quelques clés au secteur industriel pour optimiser sa facture de gaz et d’électricité.

Face à la flambée des prix de l’énergie, quelques clés pour faire baisser sa facture - © D.R.
Face à la flambée des prix de l’énergie, quelques clés pour faire baisser sa facture - © D.R.

Si le marché de l’énergie est totalement déstructuré par suite de la pandémie de Covid et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les arrêts de tranche programmée ou à venir de centrales nucléaires en France, pour des travaux d’importance sur des qualités de soudure notamment, n’arrangent en rien la conjoncture. Cela devrait en effet conduire à une baisse de production de 50 % ; les prix du KWh du gaz et de l’électricité pourraient parallèlement s’envoler de 300 à 400 %.

« Les perspectives de surcoût s’élèvent à plus de cinq milliards d’euros pour les industriels cette année et plus ils consomment, plus la facture sera importante », lance d’ailleurs Denys Guilard, directeur associé chez Cosma Experts. Et l’horizon d’une baisse semble franchement lointaine.

Des prix multipliés par cinq en l’espace d’une année 

Tandis que le prix de l’électricité était estimé à 50 euros le MWh à la fin de l’année 2020, celui-ci a explosé en l’espace de quelques mois, passant désormais à près de 400 euros au cours du deuxième semestre 2021. Le prix du gaz a connu un destin similaire, puisque le cours, évalué à 20 euros le MWh en moyenne sur la période 2010-2020, est désormais chiffré à 100 euros en moyenne. Soit un prix multiplié par cinq.

Les drivers de coûts - prix du gaz naturel, prix du charbon, cours du Brent et l’activité économique - ne semblent plus suffisants pour expliquer cette hausse. « Il devient difficile de se baser sur les fondamentaux pour évaluer les évolutions des cours », développe Denys Guilard, qui rappelle que les importations de gaz russe en Europe ont chuté de 35 à 40 % depuis le début de conflit ukrainien, afin d’être remplacé par du gaz en provenance de Norvège, du Moyen-Orient, d’Algérie et des Etats-Unis. Dans le même temps, la Russie continue d’écouler sa production vers l’Asie. « Les exportations vers la Chine par la Russie ont augmenté de 60 % », relate Denys Guilard. 

Vigilance quant à la capacité des fournisseurs à honorer leurs engagements

Pour les entreprises devant souscrire un nouveau contrat arrivant à échéance en 2022, Cosma Experts préconise de privilégier un contrat courte durée, de douze mois tout au plus. « Sécuriser ses approvisionnements en énergie avec des achats sur trois ans est tentant, mais compte tenu de la situation, ce n’est pas une solution », soutient Denys Guilard. En outre, il recommande de négocier avec le fournisseur en place, celui-ci pouvant faire bénéficier des mesures de soutien.

Cependant, une hausse conséquente reste bien entendu à prévoir au regard des circonstances. Pour les contrats expirant en 2023 ou plus tard, il importera de surveiller les évolutions de prix dans les mois à venir, avec la possibilité cette fois d’envisager un contrat plus longue durée avec des prix dégressifs. Le plus important étant de s’assurer de la capacité du fournisseur à honorer ses engagements. Et pour cause, avec la hausse des prix, leur besoin de BFR n’est que plus important. « Pour le gaz, il est nécessaire de négocier avec le fournisseur en place pour assurer ses volumes », poursuit Denys Guilard.

La tendance haussière va se poursuivre 

La construction des coûts de l’électricité tourne autour de deux types de contrats pour les industriels : les contrats à prix fixes, établis pour une période donnée en fonction du cours le jour de la contractualisation et des contrats indexés ARENH (accès régulé à l’électricité nucléaire), soutien déguisé pour maintenir des prix relativement bas. En effet, une part du prix (60 à 70 %) est fixée sur le prix ARENH, soit 42 euros / MWh, pour 100 TWh par an et l’autre sur la base des prix du marché au moment de la négociation. Pour le gaz, les contrats sont généralement à prix fixes sur la base des cours de change mondiaux.

En 2023, les prix de base de l’électricité devraient atteindre en moyenne 310 euros le MWh. Les prix du gaz se situeront quant à eux aux alentours de 75 euros le MWh. Les offres sont définies sur la base CAL (Calendar), à laquelle s’ajoutent les coûts de stockage, de distribution et la marge du distributeur. À ce niveau de marché, celle-ci devient néanmoins marginale.

Des leviers à activer pour faire baisser sa facture

L’investissement dans des projets d’autoconsommation, tels que les panneaux photovoltaïques, constitue un moyen potentiel de réduction des coûts de l’énergie. Il en va de même pour l’éolien. Toutefois, leur financement pèse lourd et les nombreuses contraintes techniques et administratives ne poussent pas vraiment les industriels à s’y tenter.

En ce sens, Cosma Experts avance alors la possibilité de se tourner vers des sources alternatives - biogaz ou méthanisation, en lien avec le traitement de déchets agricoles notamment. La valorisation des déchets, la récupération de chaleur fatale, fumées ou encore l’exploitation des eaux usées peuvent en effet participer à la réduction des factures d’énergie. La conversion à l’hydrogène de sa flotte, de certains outils de production, comme les chariots élévateurs et la chasse au gaspillage, avec régulation améliorée des chauffages, climatiseurs, peuvent aussi concourir à la baisse de la note. 

Des aides exceptionnelles mises en place 

Sur l’électricité, outre la TVA, la CSPE (la contribution au service public de l’électricité) s’applique à hauteur de 22,5 euros le MWh, certains industriels bénéficiant de taux réduits suivant la part représentée par l’électricité dans leur bilan. Or, depuis mars 2022, l’Etat a instauré un taux réduit général à 0,5 %. S’agissant du gaz, la TICGN continue de s’adresser, mais là aussi des coûts réduits, voire une exemption totale peut être apposée selon le secteur d’activité.

Par ailleurs, depuis avril 2022, tous les consommateurs d’énergies bénéficient d’un relèvement exceptionnel du volume d’électricité vendu à un prix règlementé. Une aide financière d’urgence a également été mise en œuvre dans le cadre du plan de résilience Ukraine, visant à aider les entreprises à affronter les hausses de prix de l’électricité et du gaz. Sont éligibles les entreprises dont les dépenses en énergie représentent au moins 3 % du chiffre d’affaires et qui, du fait des surcoûts, seront déficitaires à la fin de l’année 2022. Cette aide bénéficie aux entreprises sans condition de taille ou de secteur.