Catégorie ha

En matière d’achats IT, la DAE accélère le pas

Par Mehdi Arhab | Le | It

Dans une interview à retrouver dans les colonnes de Républik IT - Le Média, Issiaka Guira, sous-directeur de la politique et des stratégies achat à la DAE (Direction des achats de l’État), est revenu sur les enjeux de l’État en matière d’achats IT.

En matière d’achats IT, la DAE accélère le pas
En matière d’achats IT, la DAE accélère le pas

Dans un entretien accordé à Bertrand Lemaire, rédacteur en chef de Républik IT-Le Média$, Issiaka Guira, sous-directeur de la politique et des stratégies achat à la DAE (Direction des achats de l’État), a expliqué les stratégies et approches adoptées par l’État pour réaliser ses achats IT. « Notre enjeu est un alignement permanent entre politiques achats et IT », a-t-il très vite exposé. Issiaka Guira a notamment soutenu que, sur les choix techniques effectués par la DAE, que lui et ses équipes s’appuient sur une politique robuste et une stratégie baptisée « Cloud au centre » permettant d’assurer la protection des données. « Selon la sensibilité des données, il y a trois cercles concentriques. Le cloud C1 concerne les intérêts vitaux de l’État, ce qui implique une protection maximale et donc un hébergement interne, souverain et étanche. Avec le cloud C2, on peut recourir à de l’externe SecNumCloud. C3, enfin, correspond à des données de moindre sensibilité et on peut élargir le cercle des hébergeurs admis ».

« Le rôle de la DAE est de fournir des contrats pour les politiques de consommation en tenant compte des recommandations de la DINUM, tout comme des autres recommandations (impact environnemental, etc.) », poursuit-Il. Pour C1, la DAE s’est notamment appuyée sur un marché interministériel qui concernent les serveurs de puissance X86 aux configurations puissantes et respectant des normes environnementales élevées. « De tels marchés de mutualisation interministérielle visent à faire jouer l’effet de volume pour diminuer le prix », indique-t-il.

User de différents outils pour minimiser le risque et les abus de fournisseurs dominants

Malgré quelques réserves (par exemple : exclusion de sociétés qui ne sont pas en règle au regard de leurs obligations fiscales), tout opérateur peut candidater

Dans l’ensemble, Issiaka Guira a rappelé que la DAE était dans l’obligation de construire une stratégie achats mise en œuvre « au travers de marchés publics soumis à la réglementation européenne ainsi qu’au Code de la commande publique ». Cela tombe sous le sens, évidemment, mais Issiaka Guira n’a pas dit cela par hasard. Face aux mauvaises pratiques d’acteurs dominants transnationaux, américains notamment, la DAE ne peut limiter leur capacité à répondre ou à gagner un appel d’offres. « Plusieurs principes sont ainsi fixés. Le premier est la liberté d’accès aux marchés publics, ce qui permet un maximum de concurrence. Malgré quelques réserves (par exemple : exclusion de sociétés qui ne sont pas en règle au regard de leurs obligations fiscales), tout opérateur peut candidater. Le deuxième est la stricte égalité de traitement des candidats. Enfin, le troisième principe est celui de la transparence. Les procédures sont transparentes et accessibles à tous. »

Mais pour se prémunir des risques et dangers que pourraient engendrer de mauvaises pratiques de fournisseurs et prestataires importants, le sous-directeur de la politique et des stratégies achat à la DAE a rappelé ô combien la bonne définition du besoin constitue une étape décisive. « Nous édictons les besoins. Par exemple, la DINUM a édicté comme règle, dans certains cas, de recourir à un cloud certifié SecNumCloud. Parmi les besoins, il y a le strict respect des exigences de sécurité et de la réglementation. Le seul sujet est donc la réponse aux besoins édictés, pas la nationalité du répondant ».

Les modèles d’affaires des prestataires changent, notamment avec la migration du mode licence à un mode locatif. L’État, tout comme le secteur privé, doit s’adapter avec les outils classiques de l’acheteur. Nous avons les mêmes outils de performance que le privé

En cas de changement brutal de politique commerciale des fournisseurs IT, la DAE veille à s’adapter et à user de tous les outils dont elle dispose : sourcing, négociation, développer de nouvelles alternatives … « Les modèles d’affaires des prestataires changent, notamment avec la migration du mode licence à un mode locatif. L’État, tout comme le secteur privé, doit s’adapter avec les outils classiques de l’acheteur. Nous avons les mêmes outils de performance que le privé », a-t-il insisté, avant de développer son propos. « Le premier sujet est la diversification des pratiques. Ce volet est piloté par la DINUM. Il s’agit de promouvoir des solutions alternatives, comme les logiciels libres notamment, pour baisser la dépendance aux fournisseurs dominants. Nous menons également une négociation classique avec les fournisseurs et nous essayons d’optimiser l’expression des besoins pour profiter au mieux des offres fournisseurs. Nous avons d’ailleurs un accord cadre général sur l’expertise et le support en matière de logiciels libres ».

La RSE, enjeu grandissant

À tous ces enjeux s’ajoutent évidemment la RSE et la promotion de l’économie circulaire, le développement des considérations environnementales et sociales dans les achats IT de l’État. Comme l’a rappelé Issiaka Guira, « la circulaire du 21 novembre 2023 portant engagement pour la transition écologique de l’État amène de fortes ambitions sur la réduction de l’empreinte CO² ». De fait, la DAE s’efforce de contribuer aux objectifs qui ont été fixés. « Le Plan National des Achats Durables implique que tout marché public doit comporter au moins un engagement RSE à partir de 2025. La loi Climat et résilience entraîne plusieurs engagements, des critères de sélection des offres et des conditions d’exécution, à partir de 2026 », a notamment clarifié le sous-directeur de la politique et des stratégies achat de la DAE. « Le critère environnemental devra être obligatoire au 1er août 2026 mais l’ambition de la DAE est d’adopter cette règle, pour ses propres marchés, dès janvier 2025 », a-t-il annoncé, affirmant aussi que « la promotion de l’économie circulaire doit devenir un réflexe ». Ainsi, pour augmenter la durée de vie des PC, la DAE n’exclut pas de conclure des marchés de réparation au-delà de la garantie constructeur.