L’électrification des flottes est enclenchée mais le mouvement est encore maigre
Par Mehdi Arhab | Le | Mobilités
Dans une étude commandée par Samsara, AAA DATA fait savoir que pour beaucoup d’entreprises, notamment industrielles et du secteur du transport et de la logistique, la structure de leur parc automobile ne permet pas d’engager un processus d’électrification de la flotte. L’électrification des flottes, bien qu’engagée, reste encore assez marginale. Mais les progrès ne sont pas inexistants pour autant.
L’électrification du parc de véhicules peine encore à s’imposer en France, fait savoir AAA DATA dans une étude commandée par Samsara, dont la plateforme permet aux entreprises qui dépendent d’opérations physiques d’exploiter les données IoT (Internet des objets). Elle est en effet totalement marginale sur le territoire national : elle représente un peu plus de 998 000 véhicules électriques, soit seulement 1,7 % des véhicules roulants en France. Les véhicules thermiques forment l’écrasante majorité des flottes de véhicules en France. Ils représentent près de 95 % du parc roulant.
De leur côté, les véhicules hybrides non rechargeables représentent 2,6 % de la flotte, les hybrides rechargeables en constituent seulement 0,8 % et les véhicules au gaz naturel 0,1 %. Dans un contexte où le sujet de la transition énergétique prend de plus en plus de place et où le cadre réglementaire se densifie, cela pose évidemment question. Les avancées en matière d’électrification des flottes en France sont pour le moins minimes, alors que la conversion vers des véhicules à faibles émissions devient un impératif pour répondre aux différentes obligations réglementaires qui ont pointé et pointent le bout de leur nez.
La structure de la flotte dans les industries lourdes ne permet pas encore de verdissement
Le secteur de la construction fait office de mauvais élève en la matière. Mais si les entreprises du secteur n’ont pas engagé le projet d’électrifier leur parc automobile, c’est aussi du fait la spécificité des véhicules de leur flotte (citerne à béton, tractopelle…) qui ne bénéficient pas ou peu d’une offre constructeur à la hauteur (pour le moment). Aujourd’hui, en moyenne, l’écrasante majorité (95 %) de la flotte du secteur est constituée encore de véhicules thermiques. Les secteurs du transport et de la logistique, de l’agroalimentaire”, “transports de passagers” ne sont guère meilleurs que le secteur de la construction. Avec une moyenne de 91 % de véhicules roulant encore au thermique au 30 juin 2023, ils sont encore très loin du compte. Mais encore une fois, cela s’explique par la structure de leur flotte ; celle-ci contenant une part plus importante de véhicules industriels (VI). Et, sur ce type de véhicules, l’offre de modèles électrifiés est encore très faible.
Toutefois, beaucoup d’entreprises se sont mises en ordre de marche et ont enclenché le mouvement. Dans l‘industrie pharmaceutique, les entreprises commencent à renouveler leur flotte de véhicules. Environ 41 % de véhicules moins polluants y est intégrée désormais. Dans le secteur de l’automobile, ce taux atteint 30 %. Les énergéticiens, les entreprises qui œuvrent dans le secteur de l’information et de la communication sont de loin les meilleurs élèves. Plus de 7 véhicules sur 10 qui constituent leur flotte sont moins polluants. AAA DATA indique que, plus généralement, ce sont les grosses entreprises qui ont le plus démarré le verdissement de leur flotte, privilégiant les motorisations hybrides et électriques.
Le verdissement des flottes prendra quoi qu’il arrive du temps. Et ce pour plusieurs raisons. Tant que l’offre ne se structurera pas pour certains véhicules, il sera difficile d’envisager une électrification complète. Ces trois dernières années, la dynamique s’est enclenchée, mais elle est encore trop peu marquée. Alors que 95 % des véhicules acquis neufs ou d’occasion fonctionnaient de manière thermique en 2020, ils ne sont plus que 87 % en 2023.
D’autres énergies pourraient bien à terme tirer leur épingle du jeu : GNV, hydrogène … Ces énergies pourront peut-être s’adapter aux différentes catégories de véhicule et à leur usage. Le mix énergétique se révèle donc nécessaire au moment de constituer sa flotte de véhicules, étant donné la diversité des activités et des usages des transporteurs.