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Izipizi veut réduire de 50 % l’empreinte carbone de ses lunettes

Par Mehdi Arhab | Le | Supply chain

Après avoir réalisé en 2020 le premier bilan carbone complet de son histoire, la marque française de lunettes Izipizi s’accroche à un objectif ambitieux : réduire de 50 % l’empreinte carbone de ses produits d’ici à fin 2023. Pour y parvenir, le distributeur a établi un plan d’action qui a réclamé un certain nombre d’ajustements. Outre le modèle de production de ses lunettes bien sûr, sa politique de transport a été revue de fond en comble. 

Izipizi distribue ses lunettes via des boutiques en propre, sur des corners ou en e-commerce. - © D.R.
Izipizi distribue ses lunettes via des boutiques en propre, sur des corners ou en e-commerce. - © D.R.

Le transport aérien n’a plus sa place aux yeux d’Izipizi. Alors que son poids dépassait les 40 % en 2018, il est désormais écarté - et ce, dans les grandes largeurs - au profit du maritime principalement. Un choix assumé par Lucas Gaurichon, directeur supply chain et data du groupe, qui compte 180 collaborateurs et dont le siège est ancré à Paris. « Après notre première photographie carbone, nous avons amorcé de nombreuses actions pour décarboner nos achats et notre supply chain. Du fait de ses émissions de gaz à effet de serre, nous avons choisi de se détacher de l’aérien et de réviser nos modes de transport. Pour cela, nous avons travaillé sur la partie transport amont », confie-t-il.

Alors que sa part a drastiquement diminué en 2020, s’établissant à seulement 5 %, pandémie oblige, le poids de l’aérien ne devrait plus représenter que 3 % en 2023. Un objectif qui pourra être atteint grâce à la mise en place de stocks de sécurité, une meilleure répartition des approvisionnements et l’ouverture de centres de centres de stockage régionaux, notamment aux États-Unis pour la plaque géographique nord-américaine.

Un bassin de sourcing peu à peu relocalisé

Nous avons, depuis quelque temps, décidé de rapprocher notre bassin de sourcing

Si les données financières d’Izipizi demeurent confidentielles, les lunettes du groupe remplissent chaque année entre 60 et 70 conteneurs. Ses principaux fournisseurs sont répartis sur le continent asiatique et, désormais, sur le Vieux continent. « Nous avons, depuis quelque temps, décidé de rapprocher notre bassin de sourcing », explique Lucas Gaurichon. Une initiative qui s’inscrit dans un désir marqué : réduire de 50 % l’empreinte environnementale de ses lunettes. 

La data pour décarboner 

Pour ce faire, Izipizi est accompagné depuis 2020 par Carbo, éditeur d’une application SaaS permettant de mesurer le bilan carbone de l’entreprise, de ses produits et services. « Nous souhaitions opérer avec un outil agile, intuitif et simple d’utilisation pour toutes les équipes », expose Lucas Gaurichon, à qui reportent huit personnes, parmi lesquelles des approvisionneurs, un demand planning, ou encore un S&OP manager

« Nous accompagnons Izipizi dans la collecte de données et le calcul de son bilan carbone. La mise à jour de la data, avec intégration de centaines de milliers de lignes de commandes fournisseurs et de livraison, est primordiale pour suivre au plus près les efforts de décarbonation fournis par l’entreprise. D’autant plus que le bilan carbone est un calcul et implique forcément un pourcentage d’incertitudes. Il est donc important de compter sur le maximum de données physiques à disposition », poursuit Céleste Nourissat, en charge des ventes etpartenariats de Carbo.

En outre, pour resserrer les liens avec ses fournisseurs et fiabiliser davantage sa chaîne de valeur, Izipizi s’appuie sur la plateforme collaborative Windle qui permet d’échanger des informations entre tous les acteurs du flux : fournisseurs, transitaires, transporteurs et gestionnaires achats.

Le transport aval n’est pas en reste 

Si le transport amont concentre de nombreuses réalisations donc, l’aval n’est pas délaissé. Bien au contraire. Aux côtés de ses partenaires Chronopost et Colissimo, Izipizi propose des solutions de compensation des émissions carbones générées par les envois à destination de toute l’Europe (hors France). Autant de manières de réduire son empreinte environnementale pour Izipizi qui distribue ses lunettes via des boutiques en propre, des revendeurs et sur des plateformes e-commerce

Favoriser le transport routier et une approche plus locale afin de diminuer sensiblement la distance parcourue par nos lunettes

« Nous avons travaillé intensément sur le volet distribution, pour favoriser le transport routier et une approche plus locale, afin de diminuer sensiblement la distance parcourue par nos lunettes. Cela s’inscrit finalement dans la refonte complète du schéma directeur de notre supply chain », assure Lucas Gaurichon. L’ouverture d’un entrepôt aux États-Unis, évoquée précédemment, s’explique par ailleurs par le souhait de réduire les coûts de transports transatlantiques, quelque peu élevés ces derniers temps. 

Recours à des matériaux biosourcés

Indépendamment des efforts du groupe sur le transport, la part majeure d’émissions d’Izipizi est liée aux matières premières utilisées dans la production de ses lunettes. Ainsi, la marque a esquissé une politique achats responsables et a remanié avec ses fournisseurs les modes de fabrication de ses produits. Elle invite en ce sens ses partenaires à recourir à des sources d’énergies alternatives plutôt que de l’électricité issue d’énergies fossiles. 

Mais, par-dessus tout, Izipizi s’engage, dès cette année, à employer au moins 30 % de matériaux biosourcés dans chacune de ses collections. Ils ne représentaient que 2 % d’une paire de lunettes en 2021. Alors qu’en 2019, le poids carbone d’une paire de lunettes était de 2,97 Kg et 2,86 Kg en 2020, il ne devrait être que de 1,7 Kg. Un saut ambitieux qui lui impose, là aussi, de se défaire de « matériaux dérivés du pétrole », clament d’une seule voix Lucas Gaurichon et Céleste Nourissat.