En France, les délais de paiement s’allongent et mettent sous pression les fournisseurs
Les délais de paiement se sont envolés en 2024, avec un retard moyen de 13,6 jours, soit un jour de plus qu’en 2023 selon l’Observatoire des délais de paiement. Les grands groupes demeurent les moins bons payeurs et les PME, elles, sont sous pression.

En 2024, à peine plus d’une entreprise française sur deux (46 %) a réglé ses factures dans les temps, un chiffre en baisse de 4 points. Dans l’ensemble, en matière de délais de paiement, la situation dans l’Hexagone s’est aggravée, dégradée et pas qu’un peu. Avec un retard moyen de 13,6 jours, soit un jour de plus qu’en 2023, la France s’éloigne des meilleurs élèves du vieux continent que sont l’Allemagne et les Pays-Bas et recule nettement dans le classement. Pire encore symboliquement, les retards de paiement en France sont repassés au-dessus de la moyenne européenne en 2024 (13,4 jours en moyenne).
Les PME, premières victimes de la forte dégradation
Voilà qui pose question, d’autant que cette dégradation atteint toujours les mêmes structures. Ce sont en effet une nouvelle les plus petites entreprises qui souffrent le plus de cette situation ; les plus grands groupes demeurent une nouvelle fois les plus mauvais payeurs en 2024, avec des retards atteignant 18 jours dans les organisations de plus de 1 000 salariés. Au demeurant, la part des grands retards (supérieurs à 30 jours) ne cesse de croître, touchant aujourd’hui plus de 9 % des entreprises françaises.
L’enjeu pour l’économie est majeur. Et pour cause, si les PME fournisseurs étaient payées en temps et en heure, elles auraient bénéficié de quelque 15 milliards d’euros de trésorerie supplémentaire en 2024. Le tout représenterait 3 jours de chiffres d’affaires. Pour les plus petites entreprises, les retards de paiement ont des conséquences financières pour le moins désastreuses, dans la mesure où elles grèvent leur trésorerie des sommes qui auraient dû être encaissées à échéance. Pour rappel, Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises, indiquait dans nos colonnes que le sujet des délais de paiement « représente 40 % des saisines en 2024 ».
Le secteur public, lui, réputé pour être l’un des moins bons payeurs a fourni de nombreux efforts. L’observatoire des délais de paiement a noté une nouvelle amélioration des délais de paiement sur le périmètre des dépenses de l’État, avec un délai moyen de paiement de 14,2 jours en 2024 et 89,3 % de paiement sous les 30 jours. Les collectivités territoriales sont elles aussi en progrès. En moyenne, elles sont parvenues à ramener leurs délais de paiement à 19,7 jours en 2024 contre 20,9 jours en 2023. Point intéressant, les écarts sont importants selon les territoires et les délais de paiement tendent à s’allonger avec la taille de la collectivité.
Alerte rouge pour les établissements publics de santé
À l’inverse, les établissements publics de santé rencontrent de grandes difficultés à se conformer. Les délais de paiement ne cessent de s’allonger, et s’établissent, en moyenne, à plus de 63 jours, bien au-delà des délais réglementaires. Une situation qui confirme en filigrane toutes les difficultés auxquelles font face les établissements publics de santé, largement sous pression à tous les niveaux. La situation est encore plus inquiétante pour ce qui concerne le secteur public hospitalier en outre-mer qui a vu ses délais de paiement s’allonger de 10,1 jours entre 2023 et 2024, pour atteindre désormais 121,5 jours.
Face aux dérives, la Direction générale à la concurrence (DGCCRF) tente de sévir. En 2024, elle a réalisé des contrôles dans plus de 700 entreprises, dont 20 du secteur public. Elle a affirmé avoir relevé 42 % d’anomalies de plus qu’en 2023. Le total des amendes prononcées en 2024 atteint près de 70 millions d’euros en 2024, en hausse de près de 20 %. Pour tenter d’en finir avec les mauvaises pratiques en matière de paiement, la puissance publique a tenté de se démultiplier et avait notamment agité la menace du name and shame. En désignant publiquement les groupes qui agissent de manière fautive, l’État espère un jour pouvoir changer la donne. Mais force est de constater que les choses n’ont, pour l’instant, pas évolué dans le bon sens.