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Signify : « La fonction d’acheteur n’est pas toujours bien appréciée à sa juste valeur »

Par Guillaume Trecan | Le | Contenu sponsorisé - Direction ha

Le directeur des achats de Signify, Luc Broussaud, grand témoin du dîner organisé en juin par GEP sur le thème des nouveaux horizons des achats et de la supply chain a présenté sa vision des Achats en trois axes : performance, outils et gestion des équipes achats.

Luc Broussaud. - © D.R.
Luc Broussaud. - © D.R.

Comment définiriez-vous les attendus essentiels de votre fonction ?

Mon métier consiste à acheter au bon prix, au bon endroit, au bon moment, à la bonne qualité et apporter un impact direct sur le compte de résultat de mon entreprise.

N’est-il pas plus difficile de garantir cette performance aujourd’hui, dans une période d’inflation et de croissance faible ?

Cela nous engage à faire du management par la surprise, créer à chaque fois un nouvel angle d’attaque. La moitié de nos gains viennent de négociations de prix mais nous n’utilisons pas les mêmes leviers en inflation et en déflation. Quand les commodités font l’objet d’inflation et les composants sont en rupture, on ne peut pas se contenter de demander aux fabricants des baisses de prix sur les produits finis en analysant les coûts des commodités. En revanche, nous pouvons utiliser les offres des fabricants chinois, qui ne tournent pas à plein régime pour négocier en Inde, aux Etats-Unis, au Mexique ou encore dans les pays de l’Est. Nous pouvons jouer avec tous les continents de manière rapide. Nous utilisons aussi le double sourcing, en affectant nos volumes de manière dynamique. Nous allons ainsi automatiser un système d’enchère inversée mensuel permettant à l’un des deux fournisseurs de remporter 100 % du volume.

L’autre moitié de nos gains achats vient d’un programme de collecte des idées des fournisseurs baptisé Seed. Nous invitons nos fournisseurs à une série d’événements sur nos différentes zones géographiques pour qu’ils nous apportent des idées, car ce sont eux qui connaissent le mieux leurs propres produits, en échange de quoi, si nous pouvons les appliquer, nous leur donnons du business supplémentaire.

Les Achats ne sont jamais assez visibles et on n’en perçoit que la partie négociation, alors que nos actions vont bien au-delà

Comment suscitez-vous l’engagement de vos équipes ?

La fonction d’acheteur n’est pas toujours bien appréciée à sa juste valeur. Il faut réussir à communiquer auprès de son entreprise sur les aspects uniques et enthousiasmants des Achats. Pour embarquer les autres collaborateurs dans cette dynamique, je m’efforce de construire des programmes - comme le programme Seed - pour mettre en valeur l’action des Achats. Nous avons appliqué une approche marketing à ce programme, avec un visuel, un nom impactant et une plateforme digitale dédiée. Le but ultime est que ces programmes ne soient pas des actions des Achats mais une initiative de toute la société.

Les Achats ne sont jamais assez visibles et on n’en perçoit que la partie négociation, alors que nos actions vont bien au-delà. Nous faisons aussi du management des risques, du développement durable, de la qualité, de la relation fournisseurs du reporting financier…

Les outils sont-ils aussi un facteur d’attractivité et de rétention des bons profils ?

Investir dans des outils de sourcing puissants pour aider les acheteurs à exercer au mieux leur mission est un signe de considération. Encore faut-il être certains qu’ils vont les utiliser. Chaque outil que je mets entre leurs mains est destiné à les aider à délivrer des résultats et il est taillé sur mesure pour leurs missions. Je mesure donc toutes les semaines son utilisation. Nous avons par exemple décidé - pour des raisons de compliance notamment - que nous voulons 100 % de e-RFP. Le nombre de e-RFP est donc un indicateur que nous mesurons.

Quels sont les principaux modules de votre e-achat ?

Nous utilisons GEP Software pour les achats indirects et Jaggaer pour les achats directs. Nous sommes aussi en train de codévelopper avec Collabwith une solution basée sur de l’IA de négociation automatisée des achats de tail spend. Nous développons aussi beaucoup l’usage des enchères en ligne. Nous utilisons également beaucoup de programmes d’automatisation, par exemple pour faire du should cost, en analysant automatiquement les prix d’un produit à partir de plans.

Avez-vous le sentiment que les Achats sont un sujet d’innovation important pour les éditeurs ?

Je suis impressionné par le nombre de startups qui travaillent sur les Achats, par exemple sur des outils de négociation appuyée par de l’intelligence artificielle, des solutions de gestion des événements fournisseurs en ligne, ou encore des outils de gestion des risques ou des objectifs RSE.

Signify

Signify est l’ancien Philips Lighting, qui regroupait l’ensemble des activités éclairage du groupe. Introduite en Bourse en 2016, la société a réalisé 7,5 milliards d’euros en 2022. Elle est un des leaders mondiaux de l’éclairage professionnel et notamment du LiFi.