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Vallourec : «  Les Achats s’intègrent pleinement dans la stratégie RSE de l’entreprise  »

Par Mehdi Arhab | Le | Environnement

Cet article est référencé dans notre dossier : Économie circulaire, décarbonation & risques ... Ou quand acheter de façon responsable fait sens

Olivier Philippot, directeur des achats groupe de Vallourec, décrit les avancées de ses équipes en matière d’achats responsables. La direction des achats a multiplié, en parallèle du plan de transformation du groupe, les initiatives pour contribuer à la réduction de l’empreinte carbone, à une meilleure gestion des ressources ou encore à augmenter la sécurité des opérationnels sur les sites du groupe. Il interviendra comme Grand Témoin, lors des HA ! Days - Achats Responsables des 7 et 8 mars à Deauville, sur l’atelier « #Risques : Comment satisfaire les obligations de compliance ? », le jeudi 7 mars à 15h30.

Olivier Philippot, directeur des achats du groupe Vallourec. - © D.R.
Olivier Philippot, directeur des achats du groupe Vallourec. - © D.R.

Quelle importance revêt le sujet des achats responsables pour Vallourec ?

La démarche Achats responsables n’est pas nouvelle et sa structuration est antérieure à mon arrivée en septembre 2022. La transformation des Achats qui m’a été demandée doit contribuer au plan stratégique du groupe et permettre la poursuite du travail déjà entrepris dans le domaine des Achats responsables.

Pour Vallourec, la priorité est d’améliorer sa rentabilité financière et de poursuivre la réduction de sa dette nette tout en continuant à mettre en place une démarche RSE ambitieuse.

Pour Vallourec, la priorité est d’améliorer sa rentabilité financière et de poursuivre la réduction de sa dette nette tout en continuant à mettre en place une démarche RSE ambitieuse. La direction des achats a eu un rôle majeur à jouer dans l’amélioration des résultats de l’entreprise et elle y a contribué fortement. Le groupe est aujourd’hui sur la voie du désendettement et les nouvelles sont très positives. Bien que la problématique économique ait fortement animé notre quotidien, la transformation vécue par le groupe a été extrêmement bénéfique pour faire avancer aussi le sujet des achats responsables.

Le groupe a renforcé la gouvernance RSE avec la création d’un comité regroupant l’ensemble des membres du comité exécutif, s’appuyant sur cinq piliers : Climat, Environnement, Sécurité au travail, Ressources Humaines, Conformité. 

Les Achats participent aux comités Climat, Environnement et Compliance et suivent particulièrement la Sécurité, notamment avec la gestion des sous-traitants. Nous sommes directement impliqués dans la définition de la stratégie de réduction des émissions que le groupe s’est fixée, dans la gestion de l’énergie, la préservation des ressources, l’économie circulaire, la gestion de la sécurité des sous-traitants et les risques fournisseurs (respect des règles de compétition, lutte contre la corruption). 

Les Achats s’intègrent pleinement dans la stratégie RSE de l’entreprise et contribuent à sa compétitivité, son leadership technique et au développement des solutions pour les nouvelles énergies, le tout basé sur des fondamentaux qui reposent sur les personnes et les processus.

Quels sont les grands objectifs que le groupe s’est fixés et comment les Achats y participent ?

En premier lieu, nous participons activement à l’effort du groupe de réduire de 25 % en valeur absolue les émissions de sa chaîne de valeur depuis l’achat des matières premières jusqu’à l’utilisation et la fin de vie de nos produits, sur les scopes 1, 2 et 3 d’ici 2025 par rapport à l’année de référence 2017. 

D’autres objectifs, qui portent sur un temps plus long, ont été définis au cours de l’année 2023. D’ici à 2030, nous avons pour ambition de réduire de 30 % l’empreinte carbone de nos produits sur les scopes 1, 2 et 3 amont (NDLR : en référence au panel fournisseurs uniquement) par rapport à 2021 et de 35 % à l’horizon 2035.

Nous accordons, de plus, une importance particulière à l’évaluation des risques fournisseurs et leur responsabilité sociétale. Nous veillons aussi à ce que nos fournisseurs respectent les règles d’anti-corruption et d’éthique.

Comptez-vous une équipe dédiée sur le sujet achats responsables ?

Chaque category manager s’imprègne du sujet et doit apporter sa contribution, quantifiée.

Nous n’avons pas une équipe dédiée sur le sujet car tout le département est concerné. Chaque category manager s’imprègne du sujet et doit apporter sa contribution, quantifiée.

Au sein de la direction des achats, une équipe performance & process a pour mission le suivi de la performance économique et du cash-flow, le suivi du panel fournisseurs, l’élaboration et la mise en place des processus et outils Achats, les modules de formations des acheteurs, le déploiement et le suivi de la politique d’achats responsables et notamment de la réduction des émissions de CO2. Le responsable de cette équipe anime également les revues annuelles de stratégies par famille d’achat, s’assurant alors que l’ensemble de nos objectifs, dont ceux des achats responsables, soient bien déclinés. 

Pour ce qui est de vos objectifs de décarbonation, quels leviers actionnez-vous pour aider Vallourec à atteindre ses objectifs ?

La part des Achats dans le scope 3 (amont) est conséquente, mais elle est en réalité moins importante que l’utilisation finale de nos produits (aval).

La part des Achats dans le scope 3 (amont) est conséquente, mais elle est en réalité moins importante que l’utilisation finale de nos produits (aval). Les émissions de nos fournisseurs comptent pour environ 30 % de nos émission totales (de l’achat des matières premières jusqu’à l’utilisation et la fin de vie de nos produits), ce qui représente 2,6 millions de tonnes de CO2.

Nous avons défini une feuille de route par région, se focalisant sur nos segments d’achat aux émissions les plus élevées, parmi lesquels les matières premières (en particulier les achats d’aciers) et l’énergie (électricité et biocarburants).

En 2023, il avait été demandé à la direction des achats de contribuer activement à l’atteinte des objectifs de réduction des émission suivis par le groupe. Pour cela, nous avons défini une feuille de route par région, se focalisant sur nos segments d’achat aux émissions les plus élevées, parmi lesquels les matières premières (en particulier les achats d’aciers) et l’énergie (électricité et biocarburants). Les autres leviers de décarbonation seront adressés à terme, mais pour avancer rapidement, nous devions prioriser nos actions sur les familles les plus émettrices. 

Nous avons grandement amélioré la part d’électricité bas carbone (nucléaire et renouvelable). Elle représente maintenant environ 90 % de notre électricité au niveau mondial. Au Brésil, 98 % de l’électricité que le groupe consomme provient de sources d’énergie renouvelable, principalement hydroélectrique, solaire et éolien. Nous avons d’ailleurs dernièrement co-investi dans la construction d’une ferme solaire. 

Aux États-Unis, notre électricité est désormais issue de centrales nucléaires. En Chine, nous avons installé des panneaux solaires sur les toits de nos usines, qui assurent une partie de notre consommation en électricité. Pour 2024, le reste de la consommation de nos usines chinoises sera assurée par des sources d’énergie verte, solaire et éolienne. Ces choix, qui ne sont pas économiquement neutres, permettent de réduire notre empreinte carbone. 

Sur les matières premières, nous veillons à réduire l’intensité carbone dans nos Achats, dont les aciers. Conventionnellement, la fonte est faite de minerai de fer et de charbon fossile. Pour que la fonte soit plus respectueuse de l’environnement, nous veillons à ce que ce processus de fabrication intègre du charbon de bois, en substitution de charbon fossile. Ceci est le cas pour l’intégralité de notre production de fonte interne et de nos achats au Brésil grâce à notre forêt d’eucalyptus que nous prenons soin de pérenniser.

Au global, 53 % des aciers utilisés par Vallourec proviennent de ferraille recyclée.

La production d’acier aux Etats-Unis s’appuie intégralement sur l’utilisation de ferraille recyclée. En Chine, où nous ne produisons pas notre propre acier, nous augmentons dans nos achats la part d’acier provenant de fours électriques moins émetteurs de CO2, se substituant ainsi à la production par des hauts fourneaux. Au global, 53 % des aciers utilisés par Vallourec proviennent de ferraille recyclée.

Vous êtes-vous appuyé sur vos fournisseurs historiques pour mener toutes ces actions de décarbonation ? 

Généralement oui, nous menons toutes ces actions avec nos fournisseurs historiques. Certains sont avancés dans leur démarche de décarbonation et d’autres n’en sont qu’au début. Dans certains cas, nous avons dû en revanche changer de fournisseur pour atteindre nos objectifs de réduction de CO2

Avez-vous déployé un programme d’engagement de vos fournisseurs pour ne pas les sortir du jeu ? 

Certains de nos fournisseurs n’ont pas encore le calcul complet de leurs émissions. C’est une démarche et une culture à développer

Nous nous sommes concentrés dans un premier temps sur les familles d’achats les plus émettrices de CO2, qui sont composées en majeure partie par des entreprises de taille importante. Nous leur demandons des attestations formelles et certificats d’émission. Cette démarche n’est pas encore mature dans certaines régions dans lesquelles le groupe est implanté. Certains de nos fournisseurs n’ont pas encore le calcul complet de leurs émissions. C’est une démarche et une culture à développer. 

Nous tâchons d’entretenir des relations étroites avec nos 355 partenaires stratégiques et les encourageons à définir une feuille de route de réduction de leur intensité carbone par produit. C’est une démarche que le marché et les régulations leur réclameront tôt ou tard, quand ce n’est pas déjà le cas. 

Nous nous attaquerons dans un second temps à l’ensemble de nos fournisseurs sur des familles d’achats moins émettrices de CO2.

De quels outils disposez-vous pour vous assurer de l’éthique de vos fournisseurs ?

En plus d’une évaluation EcoVadis, nous utilisons la plateforme IndueD d’Altares pour évaluer nos fournisseurs les plus importants ou identifiés à risque, afin d’analyser leurs expositions politiques et leurs historiques de corruption ou de fraude. Cela nous permet de savoir s’ils ont été confrontés à des sanctions ou font l’objet de presse négative. La signature de nos codes éthique et anti-corruption est requise lors du référencement fournisseur par Vallourec.

Nous avons interfacé Ivalua, E-Attestations, IndueD, Sis-ID et Dun & Bradstreet pour enregistrer nos fournisseurs.

Notre système d’information Achats a fait l’objet d’une évolution récente par la création d’un connecteur qui interface l’ensemble des applications du référencement. Nous avons donc interfacé Ivalua, E-Attestations, IndueD, Sis-ID et Dun & Bradstreet pour enregistrer nos fournisseurs.

Des règles de gestion de la compliance ont été mises en place de manière automatique lors de l’enregistrement d’un fournisseur, notamment en fonction de son pays et de son activité. Ces tâches nécessaires étaient préalablement réalisées manuellement. 

Selon son niveau de criticité, nous avons intégré dans notre système d’information des pistes d’audit de validation par notre direction compliance pour définir si nous validons le référencement ou pas de ce fournisseur. Nous avons aussi supprimé toute intervention interne manuelle dans la gestion de nos documents bancaires afin d’éliminer le risque de fraude.  

Quel regard portent les membres du comité exécutif et la direction du développement durable sur votre travail ?

Ils sont extrêmement attentifs à nos actions. Philippe Carlier, SVP Group Industry, à qui je rapporte, pilote d’ailleurs le comité Environnement du groupe. En outre, une revue mensuelle a été instaurée par notre CEO, Philippe Guillemot, pour connaître nos avancées en matière d’Achats. Cela permet d’échanger régulièrement sur le sujet des achats responsables.

Pour vous inscrire aux HA ! Days Responsables, cliquez sur ce lien.

Le programme des ateliers-débats est à retrouver ici.