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Orano : « En échangeant des produits neufs ou d’occasion, nous limitons grandement nos déchets »

Par Mehdi Arhab | Le | Environnement

Cet article est référencé dans notre dossier : Économie circulaire, décarbonation & risques ... Ou quand acheter de façon responsable fait sens

Olivier Ricard, Supply Chain CSR Project Manager d’Orano, nous expose ses engagements en matière d'économie circulaire. Le groupe a développé une plateforme sur laquelle ses différentes entités peuvent s’échanger ou se vendre des produits dont elles ne se servent plus. Une démarche désormais ouverte aux fournisseurs. Olivier Ricard interviendra d’ailleurs comme Grand Témoin, lors des HA ! Days - Achats Responsables des 7 et 8 mars à Deauville sur l’atelier #économiecirculaire : sortir de l'économie linéaire par les Achats et Supply Chain, le vendredi 8 mars à 11h30.

Olivier Ricard, Project Manager « Supply Chain Social and Environmental Responsability » - © D.R.
Olivier Ricard, Project Manager « Supply Chain Social and Environmental Responsability » - © D.R.

Quels sont vos engagements en matière d’économie circulaire ?

Orano est engagé depuis sa création en 2017 dans la préservation du climat et de l’environnement au sens large, un de ses axes stratégiques. La gestion des déchets et l’utilisation de produits recyclés font partie de notre expertise dans le domaine de la transformation et de la valorisation des matières nucléaires, dans une logique d’économie circulaire et d’économie de ressources.

À titre d’illustration, dès 2020, Orano a développé une plateforme dénommée « Nuclear Market Place », au sein du groupe, qui permet à ses différentes entités de s’échanger ou de se vendre des produits, et dont elles ne se servent plus. Cette plateforme est entrée en production en 2022, elle était à l’origine destinée aux seules BUs d’Orano, mais nous avons fait le choix depuis quelques mois de l’ouvrir à une partie de nos partenaires fournisseurs. Chacune des entités est en droit de positionner des produits, neufs ou d’occasion, dont elle n’a plus besoin.

De quelle manière s’articule cette plateforme ?

La plateforme a été développée en interne, à l’initiative de la direction Innovation avec un portage de notre Business Unit Démantèlement et Services. Elle reprend le principe de certaines marketplace BtoB bien connues et adopte un fonctionnement assez similaire. Chaque Business Unit peut consulter la plateforme et y recourir pour satisfaire un besoin d’achat. L’équipe projet s’assure de la gestion et du bon fonctionnement de la plateforme. Lorsque le bien est demandé par une BU à une autre, cette équipe veille à ce que la transaction, ou le don, ait bien lieu et supervise l’expédition du produit.

Dans quel but a-t-elle été pensée ?

Nous avons aussi remarqué que la plateforme permettait de réduire considérablement les temps d’accès.

Nous sommes dans une démarche responsable et vertueuse pour la filière nucléaire. La plateforme continue de se développer et ne cesse de monter en puissance. Nous nous sommes fixés des objectifs de façon à diminuer les stocks dormants, réduire les investissements qui n’ont pas lieu d’être, et augmenter la durée de vie des produits. En échangeant, moyennant transaction financière ou non, des produits neufs ou d’occasion, nous limitons également grandement nos déchets, c’est un moyen de valoriser les stocks dormants et de générer des revenus. C’est l’un des bénéfices notables de cette plateforme. Nous avons aussi remarqué que la plateforme permettait de réduire considérablement les temps d’accès. Pour les Business Units du groupe, il n’y a finalement que des avantages à utiliser cette plateforme !

Les Achats ont-ils été intégrés dès le départ à cette démarche ?

En fin d’année dernière, lors de la définition des budgets et des volumes prévisionnels pour chaque nature d’achats, nous avons intégré cette requête en caractérisant tous les produits susceptibles de se retrouver sur la plateforme

Auparavant l’usage était d’utiliser des initiatives locales et la plateforme a permis de généraliser la démarche à l’échelle du groupe. La plateforme a vite vu sa réputation croître en interne et la question de l’auto-financement est apparue. La rentabilité a été vérifiée via les performances financières réalisées dès la première année d’utilisation. Orano avait l’objectif de démocratiser cette plateforme, la direction générale a demandé d’intégrer la réflexion du recyclage dans les achats. En fin d’année dernière, lors de la définition des budgets et des volumes prévisionnels pour chaque nature d’achats, nous avons donc intégré cette requête en caractérisant tous les produits susceptibles de se retrouver sur la plateforme et des objectifs internes ont été fixés.

Pourquoi avez-vous décidé d’ouvrir cette plateforme à vos fournisseurs ?

Nos fournisseurs sont des partenaires clés et viennent travailler sur nos sites, assurant la continuité et la qualité de nos projets. Il était donc normal de leur ouvrir les portes de notre plateforme

Nos fournisseurs sont des partenaires clés et viennent travailler sur nos sites, assurant la continuité et la qualité de nos projets. Il était donc normal de leur ouvrir les portes de notre plateforme, eux qui recourent à des outils et installent des matériels sur nos ensembles industriels. Plutôt que de les voir les acheter à neuf et nous les refacturer, il était intéressant de leur faire bénéficier des produits dont ils pourraient avoir besoin pour travailler chez nous. Cela nous coûte évidemment moins cher et nous permet de limiter nos déchets en remettant sur le marché des produits qui ne servent pas. Cette action a été bien perçue par les premiers fournisseurs approchés. Le nombre de transactions augmente progressivement, pour rappel, nous ne sommes qu’au début de l’histoire.

Quand espérez-vous obtenir un ROI ?

Il faut distinguer les performances générées qui sont significatives des commissions qui permettront à terme à la plateforme de s’autofinancer. Notre cible pour l’auto-financement est fixée à 2025.

Le groupe Orano a signé un partenariat avec le groupe Stellantis pour le recyclage de batteries pour véhicules électriques. Ce type d’engagement vous pousse-t-il à élargir vos horizons ?

Bien entendu. Notre projet de recyclage des batteries de véhicules électriques s’inscrit dans la raison d’être du groupe Orano, qui vise à promouvoir le recours à une énergie bas carbone et contribuer à l’économie circulaire. Là encore, Orano mise sur son savoir-faire pour l’appliquer au recyclage des batteries et développer un procédé innovant bas carbone qui permette de récupérer et purifier les matériaux de valeur contenus dans les modules des batteries (cobalt, manganèse, nickel, lithium, graphite), en vue de leur réutilisation dans de nouveaux composants.

À ce titre, en 2023, Orano et le groupe chinois XTC New Energy se sont associés dans le cadre d’un projet conjoint en vue de construire un site industriel intégré à Dunkerque : un projet d’usine de recyclage d’Orano étendu à un projet de fabrication de Matériaux actifs de cathode (CAM) et de Précurseurs de matériaux de cathode (P-CAM) permettra au groupe de contribuer à la création d’une chaîne de valeur complète, pérenne des batteries électriques.

En octobre 2023, comme vous l’évoquiez, nous avons également signé un accord avec Stellantis dans le recyclage des batteries et des rebuts des véhicules électriques en fin de vie en provenance des giga-usines de la zone Europe et Amérique du Nord.

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Le programme des ateliers-débats est à retrouver ici.