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La CAIH confrontée aux tensions sur le marché informatique

Par Mehdi Arhab | Le | It

Devant les tensions grandissantes du marché de l’informatique compte tenu de la grave pénurie de composants électroniques, la centrale d’achat de l’informatique hospitalière (CAIH) s’est appliquée à couvrir de la meilleure des manières les besoins de ses quelques 1800 adhérents. L’année 2021 de l’établissement a en ce sens été marquée par la renégociation de contrats particulièrement importants. 

Vincent Charroin, Président de la CAIH - © D.R.
Vincent Charroin, Président de la CAIH - © D.R.

Pour la CAIH, la visée de l’année 2021 consistait à progresser au service de ses adhérents et répondre à leurs attentes en matière de maintien de conditions opérationnelles de leurs systèmes d’informations. Pour ce faire, la centrale d’achats a notamment renouvelé son contrat avec Oracle, de façon à proposer à ses adhérents de nouveaux moyens d’optimisation de leurs bases de données. « Nous avons également cherché de la tierce maintenance sur bien des sujets et des solutions d’optimisation de coûts sur les licences d’occasion », explique Vincent Charroin, président de la CAIH et responsable achats généraux des Hospices civils de Lyon. Autre point stratégique ayant concentré les efforts de l’association : la sécurité des systèmes d’informations de ses adhérents.

Nous nous sommes posé la question de savoir si nous pourrions sourcer différemment et ailleurs, mais cela reste excessivement complexe 

« Nous avons travaillé intensément sur le marché de la sécurité et sur des solutions permettant à nos adhérents de se faire accompagner en matière de maîtrise d’œuvre et de maîtrise d’ouvrage SI. Pour cela, nous avons renouvelé des contrats importants, sur tout l’environnement possible. Nous continuerons encore à travailler sur des solutions de sécurité au cours de l’année », confirme Vincent Charrouin. Pour le président de cette association de loi 1901 dans laquelle dix collaborateurs opèrent, dont six acheteurs - anciennement informaticiens formés aux achats pour certains d’entre eux -, la difficulté à dénicher du matériel de pointe a constitué une véritable contrariété. « Nous nous sommes beaucoup battus pour en disposer. Nous nous sommes posé la question de savoir si nous pourrions sourcer différemment et ailleurs, mais cela reste excessivement complexe » témoigne-t-il. 

L’impossibilité de faire évoluer les prix 

Avec un montant d’achats prévisionnel de 350 millions d’euros, la CAIH espère que l’année 2022 sera synonyme d’accalmie. Mais rien n’indique pour le moment que les tensions autour de certains matériels de différents types s’amenuiseront. « Comme tout le monde, nous avons subi l’absence de microprocesseurs, de différentes pièces électroniques, de batteries, ainsi que quelques retards de livraison. Nous avons des logiques achats, sur le matériel en particulier, fondées sur des choix de distributeurs et non pas des choix de marques ou d’industriels, commente Vincent Charrouin. Mais devant une crise mondiale et de telles tensions, cette stratégie que nous avons depuis quelques années ne nous a pas permis d’être aussi performants que nous le souhaitions », concède-t-il par suite. 

Outre les risques d’approvisionnement, l’autre accroc de la CAIH demeure dans sa fonction de centrale de référencement, obligeant ainsi l’adhérent à exécuter lui-même le contrat auprès du fournisseur désigné par la CAIH. De fait, l’établissement ne parvient pas à garantir de gros approvisionnements. « Nous n’avons pas la capacité de bloquer des volumes. Cela est considérablement difficile pour nous. De plus, nous devons toujours affronter une inconnue : le succès ou non que rencontrera l’un de nos contrats auprès de nos adhérents », pointe le président de la CAIH. 

Nous ne pouvons pas faire évoluer les prix

À défaut de pouvoir sécuriser ses approvisionnements, la CAIH profite d’un process achat « relativement simple, rapide et efficient » se félicite Vincent Charrouin. Celui-ci est avant tout guidé par les trois grandes règles du code de la commande publique : liberté d’accès, égalité de traitement des candidats et transparence des procédures. Le code de la commande publique impose également des prix intangibles, qui ne peuvent donc être modifiés, ainsi que des phases de renouvellement systématique des contrats. Pour la centrale d’achats, la collaboration avec les fournisseurs ne peut de fait pas être soigneusement approfondie. « Nous ne pouvons pas faire évoluer les prix. Nous avons simplement accepté d’ouvrir le catalogue de nos distributeurs à d’autres marques ou à d’autres produits de la même marque, afin de pallier le manque de certaines références », explique Vincent Charrouin. 

Un nouveau contrat notable avec Microsoft 

La CAIH, qui anime 35 marchés pour l’instant - dont les plus importants concernent les parties logiciels, prestations intellectuelles, matériels et sécurité -, a vu son montant d’achats augmenter considérablement ces dernières années. Pour elle, les dossiers fondamentaux sont nombreux et s’enchaînent. L’un d’eux revêt une importance toute particulière. « Nous voulons intégrer des solutions réseau et TOIP, que nous n’avions pas dans notre portefeuille. Nous allons aussi travailler un nouveau contrat avec Microsoft, qui est le contrat phare qui a valu la création de la CAIH », confie Vincent Charroin.

Les contrats portant sur le matériel spécialisé, machines et serveurs spécifiques au monde hospitalier, devront être également revus. « Cela réclame énormément de sourcing », signale Vincent Charroin. Reste maintenant à simplifier davantage l’accès aux contrats auprès des adhérents, une démarche déjà entreprise au cours de l’année 2021, tout en se concentrant sur des problématiques liées à la souveraineté. « Nous sommes toujours dans cette mouvance. Nous nous interrogeons sur la manière dont nous pourrions trouver et proposer à nos adhérents des équipements, des logiciels et des bases de données souveraines », complète Vincent Charroin.