Fairly Made lève 15M d’euros et espère faire de son outil un incontournable de la mode durable
En six ans d’existence seulement, Fairly Made, qui développe une plateforme SaaS soutenant les donneurs d’ordre du textile dans leur quête de transparence, a gravi nombre d’échelons. La jeune pousse française, fondée et dirigée par Laure Betsch et Camille Le Gal, vient de lever 15 millions d’euros. Ces fonds lui permettront d’améliorer son outil conçu pour améliorer la visibilité des chaînes de valeur et de poursuivre sa conquête de l’Europe et des États-Unis.

Après avoir bouclé un premier tour de table de 5 millions d’euros en 2022, Fairly Made lève à nouveau des fonds. L’entreprise, fondée par Laure Betsch et Camille Le Gal en 2018, s’offre cette fois une ligne de financement de 15 millions d’euros dans une opération menée par son fonds d’investissements partenaires, ETF Partners ainsi que GET Fund, BNP Paribas Solar Impulse Venture Fund. Entreprise à mission, Fairly Made fait figure de pionnière dans le domaine du traçage du textile et du cuir. Avec sa solution logicielle, la jeune pousse propose en effet aux grands donneurs d’ordre de l’industrie de l’habillement et du textile de tracer leur chaîne d’approvisionnement dans les moindres détails. Elle avait pourtant été pensée à l’origine comme une entreprise de conseil en sourcing durable.
Sa mission : « améliorer l’impact social et environnemental de l’industrie du textile et l’aider à faire sa révolution », nous explique Camille le Gal. Un impératif pour les grands donneurs d’ordre du secteur qui doivent, depuis quelques années désormais, revoir leur copie en profondeur. Si bon nombre d’acteurs, pour ne pas dire tous, ont commencé à opérer leur mue, beaucoup font désormais face à des obstacles qu’ils ne peuvent franchir seul. Cette transformation structurelle lourde, qui réclame des outils adaptés pour documenter et piloter les activités des fournisseurs, est donc loin d’être terminée. Et la plateforme SaaS de Fairly Made peut aider les acteurs du textile à l’achever. « L’industrie est dans l’obligation de prendre un virage et de se transformer, or elle est assez peu outillée pour adresser les enjeux environnementaux et sociaux », insiste Camille le Gal.
Agrandir son empreinte à l’échelle internationale et développer son outil pour en faire un incontournable
S’implanter à l’international est un objectif. Nous voulons consolider ce que nous avons pu faire au niveau européen et ensuite s’étendre, en adressant davantage les États-Unis
L’entreprise, qui ne cesse de s’agrandir, emploie aujourd’hui 80 personnes aux profils divers (chefs de projet, ingénieur textile, développeurs, data analyst et scientist …). L’ouverture d’un bureau à Milan en cours d’année 2024 a marqué le début d’un déploiement à l’échelle européenne. Et un nouveau bureau, dans le nord de l’Europe cette fois, devrait voir le jour prochainement. « S’implanter à l’international est un objectif, avance Camille Le Gal. Nous voulons consolider ce que nous avons pu faire au niveau européen et ensuite s’étendre, en adressant davantage les États-Unis. » Fairly Made tire déjà 30 % de ses revenus de l’international, une part qui tend à augmenter significativement dès 2025, puisque les fondatrices de l’entreprise espèrent bien réaliser 40 à 50 % du chiffre d’affaires à l’étranger.
Nous avons la chance d’avoir d’excellents développeurs et nous venons d’initier la création d’une équipe de data scientist et de data analyst
Pour continuer par ailleurs à accompagner les marques dans leur quête de transparence totale de la chaîne de valeur, Fairly Made entend également peaufiner son outil technologique. L’entreprise prévoit notamment en ce sens de renforcer son équipe dédiée, mais aussi sa force de vente à travers plusieurs recrutements ciblés (SRD, Sales). « Nous avons la chance d’avoir d’excellents développeurs et nous venons d’initier la création d’une équipe de data scientist et de data analyst. Nous voulons renforcer tous les aspects techniques de notre métier », expose Camille Le Gal. « Le tout, et c’est le plus important, est de parvenir à délivrer toujours plus de valeur à nos clients et répondre aux besoins des patrons d’achats et supply chain », poursuit-t-elle.
L’objectif de Fairly Made est simple : devenir à terme un standard dont les donneurs d’ordre ne pourront plus se passer. Et ce pari fou, Fairly Made est en train de le relever avec brio. Sa solution a déjà permis de générer une centaine de millions de passeports numériques. Son module « traçabilité » permet d’agréger les données fournisseurs à l’échelle d’un produit, à travers « un arbre de traçabilité ». Son nouveau module, « supply chain intelligence », qui devrait voir le jour dès cette année 2025, se concentrera sur les enjeux liés aux droits humains (travail forcé …) et à la déforestation. La jeune pousse propose également, après diagnostic complet auprès des fournisseurs, un bilan complet accessible via un QR code ou une étiquette lisible, adossée au vêtement concerné. « Cela répond à notre souhait d’offrir plus de transparence. Et les clients ne doivent pas sortir de l’équation », soutient la cofondatrice.
Fairly Made compte aujourd’hui un peu plus de 80 clients, français et internationaux, parmi lesquels LVMH, SMCP, Versace, Fendi, Passenger, ba&sh, ou encore Paul Smith. La scale-up espère évidemment en séduire de nouveau dans les mois et années à venir. Et elle a de sacrés atouts à faire valoir. « Les donneurs d’ordre ont besoin d’outils, et souvent d’outils sectoriellement experts qui agrègent de la donnée fraîche », estime Camille Le Gal. Autre preuve de sa bonne intégration au sein du secteur : plus de 20 000 usines sont aujourd’hui enregistrées sur l’interface « Fairly Made Supplier ». « Nous sommes parfaitement en ligne avec les lancements des prototypes, puis les mises en production et l’implantation en magasin derrière », se félicite Camille Le Gal.