ARaymond : « Nous sommes là pour protéger l’entreprise et le business, plus que réduire les coûts »
Par Guillaume Trecan | Le | Si ha
Cet article est référencé dans notre dossier : Spécial Digitalisation des achats : l’e-achat toujours au top de la roadmap des directions achats
Pascal Caiazzo, Network Purchasing Excellence Manager de l’équipementier automobile ARaymond présente les outils de gestion des risques dont dispose la direction des achats. Il interviendra en qualité de grand témoin sur l’atelier « #Résilience : anticiper et gérer les risques avec la digitalisation des achats », le 10 juin, à Deauville, lors des HA Days Digitalisation des achats.
Quels outils avez-vous à votre disposition pour monitorer le risque au sein de votre chaine de fournisseurs ?
Nous sommes très sensibles au risque. Au premier niveau, nous avons des outils embarqués dans le PtoP, dans SAP, qui permettent de bloquer des commandes et des paiements lorsque nous détectons des fournisseurs non conformes à nos règles. Un cran au-dessus, nous utilisons des outils d’analyse des risques financiers, tels que Creditsafe ou encore Ellipro.
Nous utilisons différents fournisseurs en fonction des 25 pays dans lesquels nous opérons. Depuis 2021, nous utilisons également Prewave qui nous permet de mesurer les risques faibles et d’avoir, en temps réel, un monitoring tous azimuts du risque fournisseur, fondé sur les signaux faibles captés sur le Net. Cela nous a par exemple permis d’être alerté sur des risques d’inondation concernant certains de nos fournisseurs dans le nord de l’Italie. Nous avons créé des collections de fournisseurs monitorés par pays, qui remontent des alertes aux acheteurs. Nous avons également connecté Prewave à notre SRM sur Jaggaer. Cela nous permet, lorsque l’on ouvre la fiche d’un fournisseur de connaitre son niveau de risque en temps réel. Nous disposons aussi d’un fil d’actualité le concernant, sur lequel remontent tout ce qui le concerne dans la presse. L’outil nous permet aussi de remonter dans la profondeur de la supply chain, qui nous permet de nous assurer, jusqu’aux rang N, que notre supply chain est vertueuse.
Avec nos collègues de la supply chain, un tableau de bord intitulé Resilient Supply Chain qui nous apporte une notation de un à cinq sur le risque
Qui pilote le risque au sein de la direction achats ?
A Raymond est une entreprise très centrée sur l’entrepreneuriat et nous responsabilisons beaucoup les acheteurs. Ce sont eux qui monitorent le risque de la relation fournisseur. En plus de nos outils, nous avons mis en place avec nos collègues de la supply chain, un tableau de bord intitulé Resilient Supply Chain qui nous apporte une notation de un à cinq sur le risque. Il est calculé en fonction de différents paramètres tels que le risque induit par le fournisseur lui-même, l’existence ou non d’une double-source, notre propre niveau d’efficience opérationnelle sur le produit concerné, etc. Nous en déduisons une note de fragilité de notre supply chain, l’idée étant de faire progresser cette note et d’identifier pour chaque site de production, les produits les plus à risque et d’être capable de remonter jusqu’à la matière première et de définir des solutions d’atténuation du risque.
A quel niveau se situe l’importance du sujet risque actuellement ?
Nous avons connu une prise de conscience au moment du Covid et de l’engorgement du transport maritime. Ce sujet est devenu un élément du quotidien, de même que l’outil est ancré dans les mœurs. Le sujet est resté à un très niveau de priorité. Le fait que l’index Resilient Supply Chain soit intégré dans le processus S&OP, montre bien que l’appréhension du risque est un sujet aussi important que la robustesse de la prévision des besoins clients, ou encore de la gestion du niveau des stocks.
Nos clients internes viennent plus nous voir pour que nous les aidions à établir une relation saine et sûre avec un fournisseur que pour que son offre tienne dans les budgets
Les Achats ont-ils joué un rôle majeur pour faire avancer la culture du risque dans l’entreprise ?
Les Achats sont reconnus comme un vecteur de protection de l’entreprise. Nos clients internes viennent plus nous voir pour que nous les aidions à établir une relation saine et sûre avec un fournisseur que pour que son offre tienne dans les budgets. Cela correspond d’ailleurs à la manière dont nous présentons la valeur ajoutée des Achats : obtenir le meilleur de nos fournisseurs en établissant avec eux des relations de partenariats en étant perçu comme un client premium. Nous sommes là pour protéger l’entreprise et le business, plus que réduire les coûts. Cela correspond à la philosophie d’ARaymond, qui est une entreprise familiale, dirigée par la cinquième génération depuis 1865.
Est-ce que cette approche influe sur la géographie de votre sourcing ?
Nous avons toujours eu à cœur d’être proches de nos clients et de produire dans leur proximité. C’est pour cela que nous sommes répartis sur 25 pays avec 29 sites de production. Nous avons très peu de flux transcontinentaux et nous nous efforçons, au moins, de produire régional pour du régional. Nous sourçons en Europe pour nos marchés européens, en Asie pour l’Asie, en Amérique pour l’Amérique, etc.
Nous sommes en train de créer une scorecard maison que nous implémentons dans Jaggaer
Quelle est plus spécifiquement votre approche des risques RSE ?
Prewave nous permet une première photo du risque RSE et permet d’allumer des alertes. Nous sommes également en train de créer une scorecard maison que nous implémentons dans Jaggaer. Cela nous permettra d’évaluer et de monitorer les fournisseurs directement depuis leur déclaratif dans l’outil. Nous réfléchissons également à déployer à moyen terme des audits RSE chez certains fournisseurs majeurs pour s’assurer du bon fonctionnement de cette Scorecard.