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La France muscle sa stratégie pour sécuriser ses approvisionnements en métaux critiques

  • Mehdi Arhab
  • Le
  • Énergie environnement

La France continue de travailler sur sa stratégie sur les métaux critiques. Avec le projet EMILI d’Imerys et d’importants investissements, Paris veut réduire sa dépendance au métaux critiques importé et s’imposer comme un acteur clé de la transition énergétique sur le Vieux continent. De nombreux projets verront le jour prochainement pour assurer une grande partie des besoins en métaux critiques et lithium notamment, afin de bâtir une filière batteries moins dépendante des importations.

La France muscle sa stratégie pour sécuriser ses approvisionnements en métaux critiques
La France muscle sa stratégie pour sécuriser ses approvisionnements en métaux critiques

Le gouvernement français a accéléré le pas et les premiers résultats sont là. En effet, une nouvelle étape dans sa stratégie de sécurisation des approvisionnements en métaux critiques, indispensables à la transition énergétique et aux filières industrielles de pointe a été franchie. En visite sur le site d’Imerys à Échassières (Allier), Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et de l’Énergie, a dévoilé les premiers résultats de la mise en œuvre de la stratégie de sécurisation des approvisionnements en métaux critiques de l’industrie française, qui traduit la volonté de réduire la dépendance de la France aux importations extra-européennes de lithium, cobalt, nickel ou terres rares.

La France se positionne comme leader sur le lithium à travers un projet d’envergure

Symbole de cette ambition, le projet EMILI, conduit par Imerys, vise à créer la première exploitation minière de lithium en France sur un site de kaolin déjà exploité. L’usine de raffinage associée pourra produire, à l’horizon 2030, jusqu’à 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an, une quantité qui permettrait d’équiper près de 700 000 véhicules électriques. Cette production couvrirait plus de 20 % des besoins en lithium des usines de batteries françaises, tout en affichant une empreinte carbone inférieure aux importations. Pour accompagner ce projet, l’État a octroyé un crédit d’impôt industrie verte de 200 millions d’euros.

Cette annonce intervient alors que de nouveaux décrets d’application du code minier, publiés le 28 août, entrent en vigueur. Ils étendent notamment la durée des permis d’exploration de 5 à 15 ans, et renforcent la prise en compte des enjeux environnementaux et la participation des collectivités. Un nouvel inventaire minier national, piloté par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), doit par ailleurs identifier d’ici 2028 le potentiel du sous-sol français.

Investissements massifs

Au-delà du cas Imerys, le gouvernement a révélé les lauréats des appels à projets « métaux critiques » et « recyclage et réincorporation des matériaux », opérés par Bpifrance et l’Ademe. Pas moins de 34 nouveaux projets industriels bénéficieront d’un peu plus de 250 millions d’euros de soutien public, pour près de 2,5 milliards d’euros d’investissements.

Depuis le lancement du dispositif, près de 5,4 milliards d’euros d’investissements ont été consentis pour soutenir la création d’une quinzaine d’usines et étendre une dizaine de sites existants sur le territoire national. Ces financements doivent notamment permettre la création d’environ 3 800 emplois. À terme, le gouvernement espère que 40 % du lithium nécessaire aux usines de batteries françaises pourra être produit en France.

Le crédit d’impôt au titre des investissements dans l’industrie verte (C3IV), instauré en mars 2024, complète le dispositif en finançant la production et la valorisation de matières premières stratégiques. À ce jour, sept projets, dont celui d’Imerys, bénéficient déjà de ce soutien pour un montant global de 809 millions d’euros.

Une diplomatie des matières premières pour satisfaire un enjeu industriel et stratégique

Consciente que la souveraineté ne peut se limiter au territoire national, la France n’a pas cessé d’élargir ses horizons en matière de sourcing. Depuis 2022, quelque quinze partenariats bilatéraux ont été signés avec des pays riches en minerais critiques, parmi lesquels le Canada, l’Australie, le Chili, l’Argentine, le Kazakhstan, la République Démocratique du Congo, le Maroc ou encore l’Indonésie. Cette « diplomatie des matières premières critiques » vise à mettre en œuvre des chaînes d’approvisionnement fiables et diversifiées pour l’industrie française.

Pour Marc Ferracci, la relance minière et le soutien aux filières stratégiques répondent à une évidence : « Il n’y a pas d’industrie sans ressources, pas de transition énergétique sans minerais. Nous avançons : la réforme du code minier sécurise la relance de l’exploration, Imerys obtient le crédit d’impôt industrie verte, France 2030 relocalise la production de métaux critiques en France ».

À travers cette politique, le gouvernement entend renforcer la compétitivité de la filière batterie et plus largement des industries de la transition énergétique (éolien, solaire, pompes à chaleur). Il s’agit pour le gouvernement de positionner le pays parmi les leaders européens en mesure de conjuguer réindustrialisation, souveraineté énergétique et décarbonation.