Club des Managers Achats : le moment est-il venu de co-construire les prestations humaines ?
Par Guillaume Trecan | Le | Fm
Le diner du Club des Managers Achats Républik du jeudi 20 avril a réuni une trentaine de responsables et directeurs achats, grands acheteurs de prestations de services pour envisager les évolutions souhaitables dans leurs relations avec leurs prestataires dans un contexte marqué par l’inflation et les pénuries de profils.
Difficile de plaider pour le maintien du statu quo entre acheteurs et prestataires FM. Côté acheteurs, l’heure est grave, puisque les situations de pénuries ne concernent pas que les semi-conducteurs et les produits chimiques, mais aussi toute une série de profils allant de l’hôtesse d’accueil trilingue au logisticien, en passant par l’agent de sécurité… une profession que les Jeux Olympiques de Paris 2024 menacent d’ailleurs d’accaparer au point de rendre infructueux tout autre appel d’offres. Plusieurs responsables achats présents suggèrent même de prendre des positions maintenant pour couvrir la période des JO.
Le paradoxe est finalement que ces fonctions qui ont gagné en visibilité avec le Covid risquent de cruellement manquer faute de candidat.
De meilleures conditions de travail
Le message est largement passé du côté des prestataires FM qui - après des années de pression sur les coûts ayant conduit à paupériser les métiers du service - font évoluer les conditions de travail, face à la difficulté à trouver les bonnes personnes. Les salaires sont en cours de revalorisation, le travail en journée est introduit pour les agents de nettoyage, les contrats en CDI et à temps plein réapparaissent. « Les entreprises qui tiraient sur les salaires, ou encore le temps de travail vont devoir s’adapter », affirme Daniel Adda, Armonia (sponsor de cette soirée).
Les donneurs d’ordres, eux-aussi, ne s’y trompent pas, qui mettent en place des formules d’indexation du taux horaire de leur prestataire sur l’évolution du smic et acceptent de réviser le coût des prestations pour fidéliser leurs prestataires. Un virage que tous les directeurs et responsables achats participant au CMA veulent conditionner à des plans de progrès. Reste à savoir comment mesurer ces progrès, en particulier au regard de la satisfaction des clients internes.
Quels indicateurs de mesure de satisfaction ?
Par ces temps de pénuries sur les profils, un premier indicateur intéressant peut être de mettre en place des primes à la rétention du personnel dans les contrats. Pour améliorer les conditions de travail, les prestations, il peut également être utile de co-construire ces prestations avec le service ressources humaines. La collaboration avec les RH est d’autant plus intéressante à établir que les évolutions du travail à intégrer sont profondes. Les prestations de service doivent aussi être repensées au regard de l’essor de l’autoentrepreneuriat et du freelancing.
L’innovation, notamment le levier de l’automatisation et de la robotisation, séduisent également plusieurs responsables achats qui la déploient de plus en plus dans les prestations de nettoyage. Le responsable achats d’équipements au sein des achats non marchands d’un groupe de grande distribution confie même avoir déployé des moyens de vidéo surveillance dopés à l’intelligence artificielle pour contrôler les vols au niveau des caisses et détecter les comportements suspects dans les rayons.
Plus de polyvalence dans les missions
Pour Daniel Adda, les progrès techniques au service des prestations de services doivent également permettre de faire évoluer les tâches tout en améliorant la qualité de vie au travail. Leur principal bénéfice au regard des problèmes de tension sur les recrutements devrait être de permettre une plus grande polyvalence des personnels et l’émergence de nouvelles fonctions plus transverses en termes de compétences, comme par exemple celle d’hospitality manager.