Heppner montre la voie pour décarboner ses opérations
Par Mehdi Arhab | Le | Supply chain
Le commissionnaire de transport Heppner ne ménage pas ses efforts pour décarboner ses opérations. Si le groupe familial est en avance sur ses objectifs, car très volontariste, il lui faut également embarquer ses sous-traitants transport dans cette aventure, car sans eux, il lui sera impossible de tenir ses engagements.
Alors que la sous-traitance terrestre représente 80 % de son bilan carbone et que son scope 3 du compte en tout pour 97 % de ses émissions Co2, Heppner n’a pas d’autre choix que d’impliquer son écosystème fournisseurs, en particulier de ses sous-traitants transport donc. En voulant réduire de 30 % ses émissions carbones d’ici à 2030, de 60 % d’ici à 2040 et de 80 % d’ici 2050, le commissionnaire de transport ne manque pas d’ambition en matière de décarbonation. Toutefois, Heppner parvient toutefois à progresser. Et vite.
Des progrès à tous les niveaux
D’abord ses chiffres globaux d’ailleurs, puisque le groupe a enregistré plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires sur son dernier exercice fiscal, contre 853 millions d’euros en 2021. Pour information, Heppner emploie 3 600 personnes et compte une centaine de sites, situés pour l’essentiel en France. Le spécialiste du transport s’est également implanté dans de nombreux pays européens (Royaume-Uni, Pays-Bas, Allemagne, Suisse), mais aussi au Sénégal. Pour en revenir à la partie décarbonation, le groupe assure également avoir poursuivi sa marche en avant.
« Nous avons beaucoup progressé sur l’ensemble de nos piliers stratégiques, notamment sur la transition énergétique », commente Antoine Guichard, responsable RSE du groupe. Sur un total de 370 000 tonnes de CO2 consommées en 2022, le scope 1 ne représente finalement qu’un peu plus de 10 000 tonnes consommées. Le total de CO2 consommé est a priori bien moins élevé qu’en 2021, mais le chiffre pour 2022 s’explique notamment par un changement de calculateur carbone, qui modifie sensiblement l’approche sur le scope 3, la rendant plus précise et poussée. « À périmètre identique, nous avons diminué de 10 % nos émissions carbones liées à notre scope 1 et de 14 % nos émissions scope 2 », précise Antoine Guichard. D’ailleurs, le groupe a obtenu en 2022 la médaille d’or EcoVadis, avec une note de 68/100. « C’était un objectif que nous nous étions fixé pour 2024 et nous l’avons atteint avec deux ans d’avance », se félicite le responsable RSE.
Une approche douce pour embarquer le plus grand nombre
Après avoir lancé un plan d’investissement de 15 millions d’euros pour convertir 50 % de sa flotte au GNV d’ici à 2025, Heppner tient le bon bout. Au cours du deuxième semestre 2022, une trentaine de nouveaux poids lourds roulant au gaz naturel à la norme Euro 6 étaient venus garnir le parc d’Heppner, constitué de 270 poids lourds. Un choix assumé, mais qui demande des sacrifices financiers au groupe. Et ce pour une simple raison : l’explosion des prix du gaz depuis trois ans. Une composante qui pousse Heppner à voir plus large. Si le GNV reste la première option retenue par le groupe pour initier au plus vite l’après diesel, Heppner n’entend en effet pas mettre tous ses œufs dans le même panier. « Le prix du gaz nous a forcé à modifier notre approche, non pas sur l’atteinte de cet objectif, mais sur la nécessité de penser plus largement mix énergétique », explique le responsable RSE. Dès lors, le groupe s’est adapté et a pris le parti de s’orienter également sur des véhicules qui roulent au biocarburant, au bio GNC, ou encore à l’électrique.
Nous sommes en phase de test avec Volta Trucks. Mais l’électrique ne compte que pour très peu de notre transport
« Nous sommes en phase de test avec Volta Trucks. Mais l’électrique ne compte que pour très peu de notre transport. Les tournées en triporteurs représentent au total 0,5 %, tandis que l’électrique en représente 0,4 % », détaille le responsable RSE. « Nous ne nous interdisons rien. Le bio GNC génère 80 % de CO2 en moins, c’est une piste très intéressante, tout comme le XTL d’ailleurs, qui génère plus de 90 % de particules fines en moins », poursuit-il. En 2022, 15 % des positions livrées par le groupe l’ont été avec des véhicules basses émissions, contre 10 % en 2021. Désormais, 40 % de la flotte du groupe est constituée de véhicules à basses émissions, contre 13 % seulement en 2021. Une progression majuscule. Pourtant, tout reste encore à faire pour le groupe qui doit impérativement embarquer ses partenaires dans sa marche. Et pour cause, plus de 60 % de ses tournées sont assurées par ces derniers.
Le volet sensibilisation et accompagnement des sous-traitants du programme Drive Green entrepris par Heppner est donc tout bonnement essentiel. Le groupe a en ce sens négocié à leur endroit des tarifs avantageux pour l’achat de véhicule - notamment auprès d’Iveco - et de gaz pour l’avitaillement - auprès d’Engie. Elle a œuvré de la même manière pour leur obtenir des conditions préférentielles auprès de partenaires bancaires et de courtiers pour leur donner accès à des financements. Heppner n’hésite donc pas à mettre la main à la patte et à aider les plus volontaires. Le commissionnaire de transport s’engage en effet à travailler pendant cinq ans en priorité avec ceux qui font l’acquisition de véhicules à faibles émissions. « C’est important pour qu’ils entreprennent de verdir leur flotte pour continuer à travailler avec nous et entrer dans les villes avec la mise en place prochaine des ZFE. Nous leur dédions beaucoup de temps pour les sensibiliser et les embarquer », rappelle Antoine Guichard. Aujourd’hui, quelque 80 sous-traitants ont signé le pacte du groupe sur la transition énergétique. Par ailleurs, d’ici à la fin d’année 2024, les sous-traitants ne détenant pas de véhicule à la norme Euro 6 ne pourront plus travailler avec Heppner. « La réglementation va s’imposer, tout comme nos clients, qui se révèlent de plus en plus exigeants », évoque le responsable RSE.