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Les prix du transport routier vont augmenter de 6 % en 2023

Par Mehdi Arhab | Le | Supply chain

Le cabinet de conseil spécialisé dans le transport, BP2R, a publié son étude de conjoncture sur le transport routier 2022. Malgré le ralentissement de l’activité, les tensions capacitaires perdurent et entraînent une hausse des tarifs du transport, inédite depuis cinq ans.

Les prix du transport routier vont augmenter de 6 % en 2023
Les prix du transport routier vont augmenter de 6 % en 2023

Sans nouvelles recrues, bien difficile pour les transporteurs d’assurer au mieux la continuité de leur activité. D’autant plus qu’ils anticipent, selon une étude publiée tout récemment par le cabinet spécialisé BP2R, une légère hausse de leurs volumes dans les mois qui viennent.

L’an dernier, 75 % des entreprises ont annoncé avoir recruté des conducteurs. Cette année, malgré une conjoncture somme toute moins favorable, 78 % des entreprises répondantes assurent vouloir encore augmenter leurs effectifs de conducteurs, contre 76 % en 2021 pour l’année 2022. Un besoin pressant comme évoqué ci-dessus. Or, la pénurie des profils et l’avancée prégnante de la pyramide des âges ne les aideront absolument pas dans leur quête. En 2020, 39 % des chauffeurs avaient plus de 50 ans, soit 12 points de plus qu’en 2010. Le taux de relève des chauffeurs s’élève seulement à 0,34, soit un salarié de moins de 30 ans pour 3 salariés de plus de 50 ans. Et à tout cela s’ajoute la baisse d’attractivité majeure du métier de conducteur.

Des tarifs en hausse de 6 %, un record

Les nombreuses tensions sur le recrutement des conducteurs par les transporteurs ne sont pas sans conséquence sur les chargeurs. Les hausses de tarif prévues en 2023 atteignent en effet un sommet sur les cinq dernières années, avec une hausse moyenne de 6 %. Une hausse de 3,5 % avait été enregistrée en 2021 et de 1,7 % en 2020. Et pour cause, le tarif du transport (65 % des répondants) et les déficits capacitaires (52 %) ont aux yeux des entreprises de transport une incidence majeure. La hausse des coûts de l’énergie tient aussi pour une part importante dans les augmentations des prix du transport. Le cabinet note par ailleurs un « phénomène de compensation des hausses de coûts de production, qui sont évoquées dans les mêmes proportions par les répondants parmi les impacts ».

Dès lors, les chargeurs devraient logiquement faire face à des demandes de revalorisation tarifaire très importantes, jamais enregistrées « depuis le lancement de ce sondage il y a bientôt 10 ans », affirme BP2R. Le rapport de force donneurs d’ordres / fournisseurs - prestataires a sans conteste basculé en faveurs de ces derniers. « En France, des aides ont été accordées aux transporteurs pour compenser l’inflation et participent à préserver le marché́ de hausses qui, à un niveau européen, sont encore plus conséquentes », tempère tout de même l’étude.

La transition énergétique en ligne de mire

Toutefois, ces hausses de tarifs devraient pouvoir faire avancer les entreprises, notamment en matière de décarbonation, enjeu particulièrement prégnant pour les transporteurs. BP2R assure en ce sens que la demande de nouveaux véhicules se maintient à un niveau élevé. Près de la moitié des entreprises de transport répondantes affirme avoir développé son parc de véhicules au cours des neufs derniers mois. Et la tendance devrait s’amplifier, malgré une « certaine prudence ». Un peu plus d’un tiers des répondants témoignent aussi de leur volonté d’investir et d’accélérer leur transition vers les énergies alternatives.

« Sur les flux longue distance, en revanche, les véhicules sont pour l’instant beaucoup trop chers pour envisager des investissements massifs sur des énergies alternatives, même si la disponibilité́ de ces dernières tend à croître », décrit cependant BP2R. En effet, les motorisations alternatives et les solutions de report modal sont encore assez peu considérées, ces leviers n’étant pas vraiment adaptés à tous les types de flux. Par ailleurs, malgré des preuves de bonne volonté, les transporteurs manquent encore de structure et d’organisation dans leur stratégie en la matière.

La qualité de la relation de travail, autre priorité

La relation client-prestataire constitue un autre enjeu majeur, aussi bien pour les transporteurs que pour les chargeurs. « La construction de partenariats s’avère nécessaire », estime BP2R. Cela alors que l’année 2023 s’annonce comme franchement rude. Pour combler l’érosion de leurs volumes, l’obtention de nouveaux contrats est une préoccupation de premier plan pour les transporteurs. Pour ceux-ci, dans un contexte de fortes tensions capacitaires, leur aptitude à tenir leurs engagements et leur qualité de service demeurent des avantages concurrentiels de choix.