Avec ses barquettes compostables Auchan économise 1 100 tonnes de plastique
Par Mehdi Arhab | Le | Environnement
En retirant ses barquettes en plastique de ses ateliers boucherie et poissonnerie, Auchan a affiché sa détermination à lutter contre la prolifération du plastique. Le directeur category management, RSE, innovation et partenariats stratégiques d’Auchan, Martial Guglielmi, explique le rôle joué par les Achats dans cette initiative.
Parallèlement à sa signature du Pacte National sur les emballages plastiques en 2019, puis du Pacte Plastiques Européen en 2020, Auchan Retail a proposé sur le marché des barquettes alimentaires en fibres végétales, certifiées compostables à domicile. Ce projet, pesé dès 2018 en France et qui a nécessité un an de codéveloppement, a requis les efforts de nombreuses équipes métiers de l’enseigne et a été mené de front avec les industriels du packaging français Alliance Packaging Group et l’allemand Silver Plastics. Sur certaines plaques géographiques où Auchan opère, les sourcings devront cette fois-ci s’élargir pour répondre à la volonté de se rapprocher des sites consommateurs dans les différents pays.
55 millions de barquettes compostables
« Achats, RSE, métiers de bouche, Qualité, Communication et Marketing ont travaillé main dans la main », confirme Martial Guglielmi, directeur category management, RSE, Innovation et partenariats stratégiques de Auchan. Pour résumer, 55 millions de barquettes classiques en polystyrène expansé, noires ou blanches, des ateliers boucherie et poissonnerie de l’enseigne en France ont disparu de la circulation au bénéfice de 55 millions de barquettes compostables. Cette opération a permis ainsi une économie de 1 100 tonnes de plastique par an.
Ces barquettes, sans colle, sont constituées de bagasse (résidus de canne à sucre) ou de résidus agricoles, type pied de vigne. Les étiquettes et les films d’operculage seront également recyclables. Une avancée qui n’aurait pu voir le jour sans Michel Thomas, responsable produits boucherie de Auchan, lequel a bâti les fondations de cette action d’envergure, qui répond à la fois à la réglementation et à des études réalisées auprès des consommateurs de l’enseigne, de plus en plus attentifs à ce genre d’opérations. « Michel Thomas a joué un rôle essentiel dans cette action, en pilotant le tout de manière admirable, menant une démarche de recherche & développement », salue Martial Guglielmi.
Une démarche coconstruite avec des partenaires de premier plan
La tâche qui incombait aux achats était d’identifier les structures avec lesquelles conduire cette initiative (qui constitue un investissement conséquent), d’organiser les ressources fournisseurs et de piloter la relation. « Dans un premier temps, nous avons identifié quels étaient les fournisseurs dont nous avions besoin pour développer ce projet. Pour ce faire, nous avons fait du sourcing international sur le marché, avant d’évaluer le niveau de maturité des différentes entreprises et l’outil industriel disponible. Nous sommes ensuite rentrés dans une démarche ordinaire, avec appels d’offres, négociation et recherche de leviers d’amélioration économiques », expose Martial Guglielmi.
Cette démarche s’adresse à des fournisseurs privilégiés. Ceux sélectionnés sont considérés comme des partenaires stratégiques
« Cette démarche s’adresse à des fournisseurs privilégiés. Ceux sélectionnés sont considérés comme des partenaires stratégiques. Nous travaillons avec eux en étroite collaboration, en partageant notre feuille de route », précise Martial Guglielmi. La direction des achats d’Auchan a en ce sens poussé au maximum la collaboration avec ses partenaires, afin qu’ils puissent nourrir sa feuille de route avec de nouvelles innovations. Avec cette barquette, Auchan se distingue par exemple sur le plan de la santé et de la préservation des aliments, puisque le produit permet une conservation des aliments plus longue et de meilleure qualité. « Nous les voyons régulièrement, de manière à pouvoir avancer sur les différents projets », affirme Martial Guglielmi. Les plus incertains d’entre eux, préoccupés par la capacité d’Auchan de mener à bien ce projet, ont été rassurés jusqu’à la présidence de l’entreprise.
D’un projet dédié à la France à une démarche globale
Pour autant, c’est au sein même du groupe que les réticences avaient été les plus appuyées. « En interne, la première difficulté était d’ordre financier. Il a fallu tabler sur un surcoût, d’autant que nous avons d’abord commencé ce projet sur le territoire français seulement », développe Martial Guglielmi. Malgré les réticences en interne, au regard du surcoût à absorber, la direction des achats n’a pas tangué, embarquant ce beau monde dans son sillage. Au point où ce surcoût s’est désormais réduit au fur et à mesure, compte tenu des effets volume.
Nous ne faisons plus dans le cost killing, nous voulons construire et nous construisons un business model différent
Une fois les doutes dissipés, le projet a été étendu progressivement à l’international ces dernières semaines, dans douze pays européens, en Pologne notamment, mais aussi dans les pays de la péninsule ibérique. Les équipes métiers France ont servi de support et d’exemple. Ainsi, près de 110 millions de barquettes végétales (France comprise) seront déployées par Auchan chaque année désormais, entraînant une nouvelle une économie de 1 100 tonnes de plastique par an. La totalité des barquettes polystyrène sera remplacée. Pour ce faire, Auchan s’est assuré que l’appareil industriel tiendrait le choc, revoyant ses solutions logistiques. Au fil de cette démarche, un category manager en lien avec les responsables RSE et achats pour le pilotage stratégique dans les tous pays, un acheteur en mode projet et les acheteurs des différents pays ont été mobilisés.
« Nous ne faisons plus dans le cost killing, nous voulons construire et nous construisons un business model différent », soutient Martial Guglielmi, qui poursuit : « cela implique de revoir l’ensemble de la supply chain, la logistique. Il y a beaucoup d’implications, car lorsque vous changez une barquette, vous changez non seulement le visuel du produit, mais aussi la technologie derrière. Il faut régler les machines, mais aussi le positionnement de l’étiquette et revoir les produits à mettre dans telle barquette ».
La labellisation RFAR pour 2023
Remarquée, cette initiative a été récompensée du Trophée LSA « la conso s’engage » en 2021. Et Auchan Retail ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, avec le déploiement au cours de l’année 2022 d’un peu plus de 300 machines sur la partie nettoyage des magasins, de façon à réduire la pénibilité du personnel concerné, lequel a été requalifié et formé à l’usage et la maintenance des robots. Auchan souhaite également, à terme, verdir l’ensemble des emballages de ses produits à marque propre.
Autre point important : afin de mettre en lumière les efforts de ses équipes et dans le cadre des relations avec ses fournisseurs, la structure achats indirects du groupe s’avance vers la labellisation RFAR, qui devrait intervenir prochainement. « Nous sommes parvenus en interne à convaincre que nous passerons par la labellisation des achats indirects, au plus tard en 2023 », garantit Martial Guglielmi. Le directeur des achats indirects du groupe, Yannick Haven, avait assuré que les enjeux RSE animeraient la feuille de route de son organisation, affirmant que la lutte contre le gâchis alimentaire et la lutte contre la prolifération du plastique constituaient deux priorités. Chose promise, chose due.