Les donneurs d’ordres de plus en plus séduits par les acteurs de l’ESS
Par Mehdi Arhab | Le | Ha inclusif
Le recours par les donneurs d’ordre à des prestataires et fournisseurs du secteur de l’ESS s’accentue, comme le révèle la dernière édition de l’Observatoire économique des achats responsables du Réseau Gesat. Une manière pour les premiers d’appuyer leur politique achats responsables et pour les deuxièmes de gagner en visibilité et, surtout, de générer du chiffre d’affaires.
Dans la notion de RSE, le volet environnemental a tendance à un peu trop attirer la lumière, comme en témoigne le Réseau Gesat à travers son Observatoire économique des achats responsables, le cinquième du nom. Quelque 1032 prestataires Esat et EA, ainsi que des donneurs d’ordre privés et publics ont été interrogés dans le cadre de cette enquête. Aujourd’hui, 56 % des entreprises avouent identifier l’environnement comme l’axe prioritaire de leur politique RSE. Le volet sociétal (voire social) ne doit pourtant pas être laissé sur le carreau. Et il semblerait que nombre de donneurs d’ordre en aient pris conscience. Néanmoins, le recours aux prestataires du secteur de l’ESS est de plus en plus perceptible.
Et si les Esat et EA s’imposent un peu plus dans le paysage économique français, c’est aussi parce qu’ils peuvent s’appuyer sur un avantage concurrentiel comparé à des prestataires classiques qui peut se résumer au triptyque « proximité, qualité, adaptabilité ». Après des temps difficiles, crise sanitaire et invasion de l’Ukraine par la Russie obligent, les acteurs de l’ESS ont su faire montre d’une certaine agilité et ont prouvé qu’eux aussi peuvent innover.
Un retour au niveau d’avant crise sanitaire pour les Esat et EA
Leur santé économique, bien que pouvant être meilleure, est satisfaisante. Pour preuve, leur volume d’affaires est revenu à un niveau similaire à la période pré-Covid. Plus de huit Esat-EA sur dix ont eu un chiffre d’affaires stable ou en augmentation versus 2018. Au total, ces dernières ont enregistré 2,6 milliards d’euros de chiffre en 2022. Toutefois, 24 des Esat et EA ont enregistré un déficit en 2022 (+ 13 points versus 2018) et 20 % d’entre eux constatent des baisses de commandes ces derniers mois ; les effets de l’inflation et de la conjoncture se faisant ressentir. Pas moins de 93 % des Esat-EA ont réalisé des investissements de manière notamment à renforcer leur offre de services (83 %) et la qualité (12 %). La quasi-totalité là encore ont engagé des actions pour développer leur RSE. Près d’un ESAT-EA sur trois a investi dans sa démarche commerciale, communication et marketing ces deux dernières années. Ils sont 37 % à envisager de le faire dans les deux ans à venir.
En moyenne, un Esat compte 90 professionnels en situation de handicap et est positionné sur sept lignes de métier ; une EA compte en moyenne 46 professionnels en situation de handicap et est positionnée sur cinq filières métiers. La grande majorité des Esat et EA sont positionnés sur une activité conditionnement, logistique et transport, espaces verts et paysagers, nettoyage et entretien. Certains opèrent également dans la production industrielle (46 %) et d’autres prestations à forte valeur ajoutée (communication et marketing pour 17 % d’entre elles). Un peu plus de six entreprises du secteur adapté et protégé (61 %) se sont par ailleurs lancés dans un nouveau métier ces deux dernières années. La moitié des Esat et EA prévoient de lancer une nouvelle activité dans les deux ans, afin notamment de développer des compétences métiers des personnes en situation de handicap et répondre au besoin de clients.
Des donneurs d’ordre de plus en plus impliqués dans les achats inclusifs
Du côté des donneurs d’ordre, 89 % déclarent déployer une politique d’achats responsables (+ 17 points versus 2018) et 69 % des répondants assurent vouloir développer leurs achats aux Esat-EA dans les deux prochaines années (+ 5 points versus 2018). Pour 62 % d’entre eux, l’achat auprès des Esat et EA constitue un levier pour améliorer leur performance RSE. Une manière également pour eux d’insérer les publics éloignés de l’emploi, de développer davantage l’égalité professionnelle et de favoriser l’inclusion et la diversité. La quasi-totalité (97 %) déclarent être satisfaits ou même très satisfaits des prestations de leurs fournisseurs du secteur de l’ESS.
Toutefois, la moitié des entreprises et organisations publiques continuent de privilégier des achats éco-responsables dans leur politique d’achats responsables, sans doute poussées par la législation et les attentes de leurs clients finaux. Ils sont 33 % a assuré favoriser les achats inclusifs, 17 % des achats éthiques et équitables. Ils sont toutefois 58 % des répondants à intégrer davantage des Esat et EA dans leurs consultations. Près de 80 % des clients des ESAT et EA sont issus du secteur privé, 54 % sont des TPE et PME et 86 % sont situés dans la même région que leurs prestataires. Ils sont 36 % des Esat et EA à avoir majoritairement acquis de nouveaux clients en répondant à des appels d’offres publics. Dans le cadre de leurs appels d’offres, 36 % des entreprises et organisations publiques attribuentdes marchés à des cotraitances intégrant des ESAT-EA.