Solution et techno

USF 2025 : Cloud, souveraineté et IA au cœur des échanges entre utilisateurs SAP et l’éditeur


Lors de sa convention 2025 à Lyon, l’USF (Utilisateurs SAP Francophones) a réuni plus de 2 000 participants autour des grands enjeux du moment : cloud, souveraineté numérique et intelligence artificielle. Entre flous contractuels, retard du cloud souverain et interrogations sur le ROI de l’IA, les utilisateurs appellent SAP à davantage de clarté et de cohérence.

Olivier Nollent, PDG de SAP France. - © Républik IT / B.L.
Olivier Nollent, PDG de SAP France. - © Républik IT / B.L.

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Les 8 et 9 octobre, la convention annuelle de l’USF (Utilisateurs SAP Francophones) a réuni 2 118 visiteurs au Centre des Congrès de Lyon. Le succès de cet événement confirme la vitalité de cette association farouchement indépendante de l’éditeur, forte de plus de 4 500 membres participant à plus de 250 réunions chaque année. À travers l’« USF Force », ce collectif réunit profils IT et métiers, juniors et seniors, tous animés par une même ambition : peser sur l’évolution de la relation entre clients et éditeur.

Le Cloud, un projet d’entreprise avant tout

Le Cloud a été l’un des sujets phares de cette édition. S’il s’impose désormais comme une trajectoire quasi incontournable, Gianmaria Perancin, président de l’USF, a rappelé avec fermeté qu’il devait rester un levier de transformation, et non une fin en soi : « Le Cloud doit être porteur de valeur au travers d’un projet cohérent pour un SI plus simple, plus cohérent et moins cher, pas une migration technique », a-t-il martelé.

Les clients préfèrent payer pour l’innovation plutôt que pour la maintenance

Le président de l’USF a également pointé les zones grises contractuelles persistantes entre clients et éditeur : le temps passé à renégocier les clauses ou les tarifs, c’est autant d’énergie perdue pour le cœur du projet. « Les clients préfèrent payer pour l’innovation plutôt que pour la maintenance », a-t-il insisté. Or, nombre d’entreprises peinent encore à anticiper et fiabiliser les budgets de leurs projets Cloud, un point de vigilance central pour les directions achats et DSI.

Souveraineté : des attentes fortes, des réponses encore floues

Autre enjeu majeur : le Cloud souverain. Si les entreprises souhaitent disposer d’offres certifiées SecNumCloud, elles se heurtent encore à une réalité : ces offres tardent à exister concrètement. Gianmaria Perancin a reconnu que la responsabilité n’incombait pas seulement à SAP, tout en alertant sur le risque d’un surcoût « déraisonnable » pour les clients.

Le projet Bleu, censé fournir une infrastructure souveraine issue d’un partenariat annoncé il y a un an, n’est toujours pas prêt. Un retard regretté par Olivier Nollent, PDG de SAP France, qui a défendu la stratégie de l’éditeur : « Nous avons fait le choix d’investir sur des offres RISE sur clouds privés avec des infrastructures certifiées par SAP. La France est un marché prioritaire, et le nécessaire sera fait, d’une manière ou d’une autre. »

Il a rappelé que lorsque SAP est responsable du respect des SLA, il est logique d’imposer des exigences précises sur les infrastructures. Celles des hébergeurs comme OVH ou Scaleway, a-t-il noté, ne répondent pas aujourd’hui aux standards requis par SAP.

L’IA, levier d’intégration et d’industrialisation

La troisième grande thématique de la convention a porté sur l’intelligence artificielle, que SAP place désormais au cœur de sa stratégie. Quelques jours avant l’événement, l’éditeur a lancé un appel à ses clients : choisir une plateforme unifiée et intégrée plutôt qu’une approche best of breed, afin de maximiser les bénéfices de l’IA. « L’IA rebat les cartes dans l’IT des entreprises », a estimé Olivier Nollent. « Intégrer de multiples technologies coûte cher, et SAP a toujours misé sur l’intégration. » Pour le dirigeant, la valeur de la plateforme SAP réside dans la cohérence de l’ensemble : « L’ensemble des modules a plus de valeur que la somme de leurs valeurs individuelles, mais les clients demeurent libres de leurs choix. »

Il faut arrêter les bricolages et les démonstrateurs. L’enjeu est désormais de déployer des IA à l’échelle, industrialisées et réellement créatrices de valeur

Reste une question clé : celle du retour sur investissement. Les études se multiplient sur le sujet, sans toujours parvenir à des conclusions claires. Olivier Nollent a invité les entreprises à dépasser la phase des expérimentations : « Il faut arrêter les bricolages et les démonstrateurs. L’enjeu est désormais de déployer des IA à l’échelle, industrialisées et réellement créatrices de valeur. »

La migration vers S/4 : une échéance qui se rapproche

En clôture de la convention, Gianmaria Perancin a exprimé une préoccupation majeure : la capacité des entreprises à migrer d’ECC vers S/4 avant la date butoir de 2030. Beaucoup d’organisations, encore focalisées sur leurs contraintes opérationnelles, risquent de manquer le coche. « Cloud, IA et autres sujets à la mode deviendront secondaires si certaines entreprises ne sont tout simplement pas prêtes pour cette transition », a-t-il prévenu.