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Facture électronique : un levier sous-exploité pour la productivité des PME


Une étude internationale publiée par Sage révèle que si la facture électronique représente un outil clé pour libérer du temps, réduire la fraude et ouvrir la voie à l’intelligence artificielle, de nombreuses petites entreprises restent mal préparées à son adoption.

Facture électronique : un levier sous-exploité pour la productivité des PME
Facture électronique : un levier sous-exploité pour la productivité des PME

La facture électronique s’impose progressivement comme une pierre angulaire des de la transformation des méthodes de travail des entreprises. Selon une vaste enquête publiée récemment par Sage, laquelle a été menée auprès de 11 250 PME et experts-comptables en Europe, au Royaume-Uni et aux États-Unis, la facturation électronique pourrait permettre de générer jusqu’à 14 milliards d’euros d’économies annuelles pour les entreprises européennes. Dans le détail, la facturation électronique permettrait d’économiser jusqu’à 13 500€ pour les PME de l’UE et près de 6h par semaine. Pourtant, malgré cet immense potentiel, le chemin vers une adoption généralisée reste semé d’embuches.

Un gain de temps et d’efficacité colossal

Aujourd’hui, plus de 60 % des PME continuent de saisir manuellement leurs factures. Une entreprise sur quatre utilise même trois logiciels financiers déconnectés ou plus. Résultat, les soucis se multiplient : retards de paiement, erreurs, litiges et trésorerie sous tension … Or, la facture électronique promet d’automatiser ces processus, d’accélérer les règlements et de réduire les coûts opérationnels. Pour preuve, la facturation pourrait permettre de gagner en productivité (jusqu’à 2,6 en point de pourcentage par an) et de réduire de 20 % les retards de paiement.

Après avoir repoussé l’échéance, la France prévoit de rendre la facture électronique obligatoire à partir de 2026, avec un déploiement progressif selon la taille des entreprises. L’Espagne suit une trajectoire similaire avec son projet de loi Crea y Crece. A contrario, dans les pays sans obligation légale, l’adoption reste timide : seules 34 % des entreprises étatsuniennes prévoient de l’adopter au cours des deux prochaines années et 29 % des entreprises britanniques envisagent de franchir le pas dans les deux ans, ce qui est nettement inférieur aux autres marchés étudiés.

PME mal préparées et en quête de soutien

Si la sensibilisation progresse - passant de 28 % en 2023 à 39 % en 2024, la moitié des PME interrogées disent manquer encore d’une vision claire sur les avantages du dispositif. Seules 29 % considèrent qu’il s’agit d’un bon usage de leur temps, quand près d’un quart n’y voient qu’un coût supplémentaire. Pour l’intégrer au plus vite et dans les meilleures dispositions qui soient, de nombreuses entreprises réclament un accompagnement concret : 52 % demandent des aides financières, 48 % souhaitent des guides pratiques étape par étape et un tiers réclame des normes harmonisées entre pays. Près d’une PME sur deux se plaint d’un manque d’accès au financement, contre 17 % pour les multinationales, soit un taux quasi multiplié par trois.

Au-delà de l’efficacité immédiate, la facture électronique ouvre la voie à l’IA. En fournissant des données structurées et fiables, elle vient alimenter des algorithmes capables de détecter les fraudes, d’automatiser la catégorisation comptable ou de prédire les flux de trésorerie. Pas moins de neuf PME sur dix ayant adopté la facture électronique se tournent désormais vers des outils numériques plus avancés, comme des solutions d’IA ou de cloud. Toutefois, l’étude indique que 61 % des PME interrogées sont inquiètes quant au développement de l’IA et son impact sur la fraude

Un enjeu stratégique pour les gouvernements

Le rapport recommande globalement aux États de placer la facture électronique au cœur de leurs stratégies numériques nationales, d’imposer des obligations progressives et d’offrir un accompagnement ciblé. Les données anonymisées issues des factures pourraient ainsi fournir aux gouvernements une vision en temps réel de l’économie, ce qui leur permettrait d’améliorer leurs politiques publiques.

Pour ses auteurs, la facture électronique n’est pas une simple évolution administrative : elle est appelée à devenir le socle d’une économie « connectée, intelligente et équitable ». Mais cette révolution silencieuse reste conditionnée à une double action : la contrainte réglementaire, qui est la seule capable d’accélérer son adoption, et des mesures de soutiens financiers et techniques, indispensables pour ne pas laisser les petites entreprises à la traîne.