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Etude Tendances Achats 2023 : attention aux « fournisseurs profiteurs » !

Par Guillaume Trecan | Le | Direction ha

L’étude Tendances Achats 2023 AgileBuyer Conseil National des Achats pointe le nombre écrasant de directions achats forcées de renégocier leurs contrats par des fournisseurs opportunistes. Malgré ce contexte inflationniste tendu, les Achats s’affichent bien dans leur peau.

Etude Tendances Achats 2023 : attention aux « fournisseurs profiteurs » !
Etude Tendances Achats 2023 : attention aux « fournisseurs profiteurs » !

La première information à retenir dans cette étude est réjouissante ; elle porte sur l’indice de bonheur des acheteurs. Dans leurs conditions de travail actuelles, ils sont 82 % à déclarer être heureux dans leur vie professionnelle. Et plus leur entreprise est petite, plus ce bonheur est majoritaire ; cet état d’esprit concerne 92 % des professionnels achats dans les entreprises de moins de dix salariés. Le moment est en effet propice à faire valoir leurs qualités, pour des responsables achats qui sont 82 % à avoir vu leurs responsabilités renforcées à la suite des crises.

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Un tiers des équipes achats en croissance

Autre preuve que les Achats ont le vent en poupe, la proportion des services achats qui prévoient d’augmenter leurs effectifs n’a jamais été aussi forte ces trois dernières années, avec 33 % des personnes interrogées qui font état d’un accroissement de l’équipe achats en 2023, contre 29 % en 2022 et 12 % en 2021.

Olivier Wajnsztok, président du cabinet AgileBuyer. - © D.R.
Olivier Wajnsztok, président du cabinet AgileBuyer. - © D.R.

Aujourd’hui, une majorité de directions achats considère qu’elles font l’objet de demandes d’augmentation opportunistes de la part de fournisseurs profiteurs

                                                                                                                        

Des renégociations « forcées » par les fournisseurs

Tant mieux si les acheteurs ont le moral, parce que l’année s’annonce musclée, en particulier en ce qui concerne les négociations avec les fournisseurs. « Aujourd’hui, une majorité de directions achats considère qu’elles font l’objet de demandes d’augmentation opportunistes de la part de fournisseurs profiteurs. Cette notion de fournisseurs profiteurs est un véritable sujet. Pour preuve, 87 % des directions achats sont forcés de renégocier des contrats à cause de l’inflation », prévient le président du cabinet AgileBuyer et auteur de ce sondage, Olivier Wajnsztok.

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Des relations tendues par l’inflation

Cette inflation opportuniste concerne 81 % des personnes interrogées et 15 % du panel considère même que c’est le cas de la majorité de leurs fournisseurs. Le contexte inflationniste dégrade la relation acheteur fournisseurs jusqu’à générer des tensions dans 17 % des cas.

Des relations majoritairement déséquilibrées

Le rapport de force a sans conteste basculé en faveur des fournisseurs, puisque 87 % des directions achats font l’objet de relations déséquilibrées avec leurs fournisseurs. Cela va jusqu’à voir ces fournisseurs casser les contrats en défaveur de leurs clients dans 48 % des cas.

Deux entreprises sur trois indiquent être couvertes à plus de 50 % sur l’énergie en 2023

Des défaillances redoutées en raison des coûts de l’énergie

L’inflation des coûts de l’énergie peut, cela dit, être une raison valable invoquée par nombres de fournisseurs pour justifier des renégociations à la hausse de leurs prix. D’ailleurs 62 % des directions achats redoutent de voir disparaître certains de leurs fournisseurs stratégiques à cause de l’augmentation du coût de l’énergie. Mais Olivier Wajnsztok ne considère pas pour autant que les directions achats ayant abordé sérieusement ce sujet de l’achat d’énergie puissent être déstabilisées par des hausses sur leurs propres portefeuilles d’achats. « L’énergie est une dépense sur laquelle on se couvre et deux entreprises sur trois indiquent être couvertes à plus de 50 % sur l’énergie en 2023. Celles qui vont avoir des problèmes, ce sont celles qui sont faiblement couvertes », note ainsi le patron d’AgileBuyer.

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Le risque de rupture en légère décrue

Pour relever le défi soulevé par des tensions fournisseurs en hausse, les acheteurs devraient en outre pouvoir compter sur une légère détente sur le front des ruptures d’approvisionnement. La décongestion du fret maritime, notamment, entraine une légère décrue du nombre de directions achats qui anticipent des difficultés de livraison de leurs fournisseurs stratégiques. Elles sont 71 % cette année, contre 79 % l’an dernier. Ces ruptures concerneront en priorité les métaux (20 %), les produits chimiques (10 %), les matières premières (11 %), l’électronique et l’informatique (10 %).

Près de la moitié des directions achats envisagent de relocaliser

Pour autant, les profondes tensions sur certains approvisionnements ressenties ces trois dernières années laissent des marques durables et près de la moitié des directions achats estiment que les crises vont les pousser à relocaliser (49 %), contre 16 % en 2020, avant le déclenchement de la crise sanitaire. « La volonté de relocalisation n’a jamais été aussi forte et désormais c’est essentiellement pour des raisons de sécurisation, les coûts entrent très peu en compte », explique Olivier Wajnsztok.

Au-delà de la notion de relocalisation, ou de nearshoring, je propose maintenant la notion de Friend Shoring

Après le Nearshoring, le Friend Shoring

Cette tendance peut profiter au Made in France, puisque 76 % des directions achats envisagent la France comme une zone de relocalisation. Mais Olivier Wajnsztok propose un concept élargi. « Au-delà de la notion de relocalisation, ou de nearshoring, je propose maintenant la notion de Friend Shoring. C’est-à-dire que, face au risque de l’instabilité, les directions achats vont s’approvisionner dans des pays amis », suggère-t-il.

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Des mesures de protection contre le risque Taïwan

A l’appui de ce nouveau concept, Olivier Wajnsztok pointe le chiffre de 26 % de directions achats qui ont élaboré un plan d’action spécifique en cas d’invasion de Taïwan par la Chine. A l’inverse, des pays asiatiques plus stables que l’Empire du Milieu, tels que l’Inde où encore la Thaïlande, sembleraient bénéficier d’un regain d’intérêt de la part des directions achats.