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Les défaillances des PME et ETI inquiètent

Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité

Les défauts des PME et ETI sont au plus haut et les défaillances d’entreprises continuent d’exploser. La chose était attendue, mais elle fait craindre le pire. Les motifs d’espoir, bien que peu nombreux, existent. Et Altares, qui rappelle dans son étude que l’accélération de la sinistralité des PME-ETI est à surveiller, soutient que la dynamique entrepreneuriale en France est solide.


Les défaillances des PME et ETI inquiètent
Les défaillances des PME et ETI inquiètent

Avec près de 11 000 procédures ouvertes entre le 1er juillet et le 30 septembre 2023, le nombre de défaillances augmente de 23 % par rapport au troisième trimestre 2022. Depuis le début de cette même année, le nombre de défaillances bondit en moyenne de 47 % chaque trimestre. Si la hausse générale ralentit donc, la situation des PME et ETI continue d’inquiéter. Elle se dégrade en effet très fortement, trop fortement. Si une grande majorité concerne des micro-entreprises et des TPE, les défaillances de PME et ETI augmentent plus vite. Un peu moins de 900 défauts de PME et ETI, soit 8 % du total, ont été recensés ces trois derniers mois, soit 32 % de plus qu’il y a un an. Un taux qui n’avait plus été relevé depuis 2014. La proportion de PME parmi les entreprises qui défaillent est depuis trois ans en nette augmentation ; de 6,3 % au 3e trimestre 2020, le taux a atteint 7,2 % en 2021 et est passé à 7,6 % en 2022. A l’inverse, encore une fois, les jeunes entreprises sorties de terre il y a moins de cinq ans étonnent par leur résilience, « elles ne sont que » 3175 à avoir fait défaut.

En tout et pour tout, depuis le début de l’année civile, sur neuf mois glissés, la France a enregistré pas moins de 41 000 défauts. En moyenne, ce sont quelque 4550 entreprises qui font défaut chaque mois. Si le niveau n’étonne pas, le chiffre fait, il faut l’avouer, froid dans le dos. La France enregistre ainsi l’un de ses plus lourds bilans, l’amenant à renouer avec le niveau observé avant la crise Covid. Et Altares ne voit pas comment la tendance pourrait s’inverser. Au total, ce sont 55 000 procédures qui sont attendues sur l’année 2023. Par ricochet, ce nombre de faillites va de fait alimenter la remontée du chômage ; plusieurs dizaines de milliers d’emplois étant menacés. Un peu plus de sept jugements prononcés sur dix sont des liquidations judiciaires, un taux élevé qui démontre, selon Altares, « la faiblesse financière dans laquelle se trouvent » nombre d’acteurs économiques.  La parenthèse enchantée de la crise sanitaire, lors de laquelle les aides de l’État ont permis de contenir le nombre de faillite, est donc bel et bien terminée. Elle devait, de toutes les manières, un jour ou l’autre se refermer. 

Le secteur de la construction vacille

Si aucun secteur ne semble épargné, certaines filières sont particulièrement en souffrance, notamment celle de la construction, qui renoue avec son seuil pré-Covid. Elle était pourtant parvenue à résister durant de long mois à la torpille. Si le gros œuvre garde la tête hors de l’eau, le second œuvre, avec 1 360 défauts enregistrés, repasse au-dessus de sa valeur 2019 (1 238 ; + 28 %). Dans l’industrie manufacturière, l’inquiétude grandit aussi. Le nombre de défaillances enregistrées flirte avec la valeur du troisième trimestre 2019. Les tensions sont particulièrement marquées dans les activités d’imprimerie ou encore de fabrication de matériel médico-chirurgical. Avec 277 défaillances d’entreprises, le transport routier de marchandises continue de chuter. Un tel niveau de sinistralité́ n’avait jamais été observé depuis plus de dix ans dans l’interurbain et depuis 2015 pour le fret de proximité. Dans l’activité des services aux entreprises, la hausse des défaillances est aussi très importante (1 472 ; +34 %). Que ce soient les activités de conseil en communication et gestion, les services informatiques et le nettoyage de bâtiments (+ 41 %), la situation se tend et pourrait devenir dramatique.

Toutefois, les motifs d’espoir ne sont pas inexistants. Comme le rappelle Thierry Millon, directeur des études chez Altares, « chaque mois, en moyenne, plus de 23 000 sociétés sont créées pour moins de 4 000 qui tombent en défaillance ». Pas de quoi désespérer, céder à l’alarmisme, mais l’attention doit rester de mise.