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Michelin et Schmidt Groupe, deux labellisés RFAR témoignent

Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité

Avec à ses côtés l’Afnor et le cabinet A2 Consulting, l’Observatoire des achats responsables (Obsar) a invité lors d’une conférence les porteurs des missions achats responsables des groupes Michelin et Schmidt à exposer leurs bonnes pratiques. Au menu : cartographie des risques et devoir de vigilance, empreinte environnementale et management de la relation fournisseur. 

Michelin et Schmidt Groupe, deux labellisés RFAR témoignent
Michelin et Schmidt Groupe, deux labellisés RFAR témoignent

Pierre Pelouzet, président de l’Obsar et médiateur des entreprises, n’a pas boudé son plaisir. « Nous pouvons être collectivement fiers du chemin parcouru. Le combat qui a été mené a produit des résultats et continue d’en produire. L’achat est peut-être le levier majeur pour faire avancer la RSE », a-t-il clamé en introduction de la matinée. Un adage que se sont appropriés les directions des achats de Michelin et Schmidt, toutes deux labellisées RFAR. Pour la première, la pratique de l’achat responsable s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue.  

Et pour cause, le mastodonte français, leader dans la fabrication de pneumatiques avec d’autres géants mondiaux, vise purement et simplement la neutralité carbone pour l’ensemble de ses sites de production, ses opérations logistiques et sa chaîne d’approvisionnement à l’horizon 2050. « Nous souhaitons fabriquer nos pneus à partir de matériaux 100 % recyclés », révèle devant l’assemblée Hélène Vermont, manager développement durable pour la direction des achats de Michelin et porte-parole du groupe lors de la table ronde. 

Cartographie des risques et évaluation fournisseurs

Notre cartographie des risques tient compte des risques sociaux et environnementaux sur tous les rangs de notre chaîne d’approvisionnement

Admettant volontiers que la politique achats responsables du groupe « est fondée sur la devoir de vigilance », cette dernière a présenté les principaux facteurs de réussite de sa structure. Le groupe français mise pour l’essentiel sur une cartographie des risques robuste, ainsi que sur des programmes d’évaluation fournisseurs. Une approche qui se traduit plus particulièrement pour l’une de ses familles d’achats emblématiques : le caoutchouc naturel. « Pour cette catégorie d’achat, notre cartographie des risques tient compte des risques sociaux et environnementaux sur tous les rangs de notre chaîne d’approvisionnement », explique Hélène Vermont. Un impératif, puisque l’hévéa, plante sur laquelle se fonde la production de caoutchouc naturel, est cultivée dans l’ensemble en Inde, en Chine, en Indonésie et au Vietnam.  

Autant de régions qui présentent de véritables incertitudes sur la question des Droits humains, mais qui ne peuvent être balayées d’un revers de la main dans la mesure où les trois quarts de la production mondiale de caoutchouc naturel, concentrée dans ces zones géographiques donc, sont employés par l’industrie du pneu. Aux prises de fait avec des risques réputationnels certains, Michelin a engagé auprès de ses fournisseurs - exploitants et agriculteurs - des projets de formation. Ils portent essentiellement sur la gestion de leur organisation et l’atténuation de l’incidence de leurs activités.  

Bienveillance, maître-mot de la relation avec les fournisseurs 

Pour le spécialiste de l’ameublement français Schmidt Groupe, connu pour ses cuisines et ses deux réseaux de concessionnaires, l’un du même nom et Cuisinella, la crise Covid a constitué un challenge de premier ordre. Pour le leader du marché sur le territoire hexagonal, hors de question de déroger à ses bonnes vieilles habitudes.  

Durant la période Covid, nous avons décidé de continuer à payer nos fournisseurs, coûte et que coûte et de tout mettre en œuvre pour aider les plus touchés par la crise financière

Signataire de la charte RFAR depuis 2014 et labélisée depuis 2016, la direction des achats du groupe a en effet mis un point d’honneur à payer rubis sur l’ongle ses tiers fournisseurs. « Une crise est un mélange de dangers et d’opportunités et il est remarquable de constater que nous pouvons tirer un certain nombre d’avantages pour nos achats et le business dans ce contexte, évoque Patrice Celerier, responsable organisation et performance achats de Schmidt Groupe. Durant la période Covid, nous avons décidé de continuer à payer nos fournisseurs, coûte que coûte et de tout mettre en œuvre pour aider les plus touchés par la crise financière ».

Un atout pour le business

Dès lors, les Achats ont instauré un outil d’évaluation servant à mesurer le risque de défaillance de leurs fournisseurs les plus fragiles. « Nous leur avons envoyé un petit questionnaire de cinq questions pour s’informer en temps réel sur la manière dont ils traversaient la crise du point de vue financier, mais également du point de vue sanitaire », retrace Patrice Celerier. De cette façon, la structure achats est parvenue à assurer la continuité de la relation, multipliant par ailleurs les contacts téléphoniques pour renforcer ses liens avec ses partenaires dans cette période douloureuse.

« Nous avons établi, non pas des échanges par mail, mais des contacts téléphoniques réguliers », explique le responsable organisation et performance achats. De plus, le groupe a fourni des masques et gels hydroalcooliques à certains d’entre eux. Des initiatives qui se sont bien évidemment révélées plus que fructueuses. Et pour cause, la direction des achats a comme cela naturellement embarqué ses fournisseurs durant la phase de reprise, se gardant de subir des ruptures d’approvisionnement. « Ils ont soutenu le redémarrage de nos activités et nous avons réussi à livrer nos cuisines dans des délais allant de deux à trois mois, contre six mois pour nos concurrents », se réjouit Patrice Celerier.