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Dekra France continue de structurer ses achats autour de son nouveau directeur dédié, Loïc Le Vern

Par Mehdi Arhab | Le | Direction ha

Loïc Le Vern a revêtu l'été dernier les habits de directeur des achats de Dekra France. Lui et son effectif adressent plus de 150 millions d’euros de dépenses pour assurer la continuité d’activité de l’entité française de la multinationale allemande qui propose des services qui s’articulent autour de l’automobile, de l’immobilier ou encore de l’industrie. Il entend, dans un groupe très décentralisé, faire monter en cadence les achats, dénicher des synergies et accélérer sur les achats responsables. L’implémentation d’un outil devrait d’ailleurs grandement l’aide dans sa tâche.

Dekra France continue de structurer ses achats autour de son nouveau directeur dédié, Loïc Le Vern
Dekra France continue de structurer ses achats autour de son nouveau directeur dédié, Loïc Le Vern

Après une riche expérience chez Kantar comme directeur des achats indirects et des services généraux, Loïc Le Vern est parti, en août dernier, guider le futur de la direction des achats de Dekra France. Il rapporte au directeur général de Dekra Services France, entité qui regroupe l’ensemble des fonctions supports (et transverses) de l’antenne - à savoir les RH, la Finance ou encore l’Immobilier. S’il peut déjà compter sur deux acheteuses pour mener à bien son travail, il espère pouvoir très vite renforcer ses rangs, afin d’administrer d’une meilleure manière les dossiers et projets qui se présenteront dans les semaines et mois à venir.

Loïc Le Vern, nouveau directeur des achats de Dekra France - © D.R.
Loïc Le Vern, nouveau directeur des achats de Dekra France - © D.R.

« L’idée est de recruter deux acheteurs ou acheteuses supplémentaires ainsi qu’un ou une assistante chargée de l’administratif. Comme cela, nous pourrons nous répartir comme il se doit les catégories d’achats et les tâches », pose d’emblée Loïc Le Vern. Les dépenses traitées par la direction des achats de Dekra France sont évaluées en moyenne 150 millions d’euros ces dernières années. La flotte automobile, les capex et divers équipements pour les quelque 400 sites du groupe, ainsi que les matériels spécialisés des contrôleurs du groupe chargés de l’inspection industrielle constituent les principaux postes de dépenses de l’entité française de Dekra.

Massification et synergies en ligne de mire 

Un important et un excellent travail de synthèse a été réalisé par mon prédécesseur, dont l’objectif était de centraliser la fonction. Nous voulons capitaliser sur ce qui a été fait et orchestrer la montée en puissance de la direction

La vision de Loïc Le Vern peut au demeurant se résumer en quelques mots. Ce dernier souhaite en effet insuffler une dynamique collective nouvelle pour apporter davantage de valeur, de la performance économique et opérationnelle afin de servir les ambitions stratégiques de Dekra France. Et il ne manque pas d’idées, bien au contraire. « L’organisation est encore très jeune. Un important et un excellent travail de synthèse a été réalisé par mon prédécesseur, dont l’objectif était de centraliser la fonction. Nous voulons capitaliser sur ce qui a été fait et orchestrer la montée en puissance de la direction. Le tout étant de positionner la direction des achats comme l’interlocuteur incontournable de chaque prescripteur chez Dekra France et de dégager des quick wins », explique Loïc Le Vern. Un challenge pour ce jeune service qui n’existe que depuis très peu de temps. « La fonction achats était dispatchée au sein des autres services mutualisés. Les prescripteurs étaient très impliqués dans les actes d’achat », poursuit Loïc Le Vern.

Ainsi, alors que la tendance haussière continue de se faire (grandement) ressentir, Loïc LeVern s’impose en premier lieu de resserrer (très) sensiblement le panel fournisseurs de Dekra France et dénicher, ici et là, des synergies entre les douze entités de Dekra France, et même entre les directions achats des pays, quand elles sont envisageables. Un projet important, qui prendra nécessairement du temps, mais qui a de quoi séduire. En effet, de nombreuses opportunités de mutualisation pourraient être initiées. Une approche qui nécessite toutefois de piloter la relation fournisseurs autrement et de changer quelque peu la manière de fonctionner en interne. « Nous comptons près de 7 000 fournisseurs, le but est très clairement de réduire lepanel d’un minimum de 20 %. Pour cela, nous devons trouver des pistes d’optimisation et de mutualisation de certains achats avec la direction achats groupe et celles des différents pays. Jouer sur les volumes, pour réduire les coûts et gagner en efficacité, est une piste à explorer ; j’en suis intimement convaincu », clame le directeur des achats de Dekra France.

L’objectif, d’ici à la fin de l’année, est de couvrir au moins 80 % des dépenses, en ayant été intégré en amont, au moment de la définition du besoin

Il espère par ailleurs dupliquer les bonnes pratiques des uns et des autres, et également, s’appuyer et faire profiter à tous les contrats les mieux négociés jusqu’ici. À l’heure de l’argent plus cher, la chose apparaît comme un passage obligatoire et pourrait bien permettre de générer d’importantes économies. Bien que jeune donc, la direction des achats de Dekra France est l’une des mieux, si ce n’est la mieux placée pour apporter une meilleure maîtrise des coûts qui permettra, par ricochet, d’apporter des points de marge supplémentaires et donc du carburant pour la croissance. « L’une de nos entités a conclu un contrat avec une entreprise de courrier express. Du fait de ses volumes, elle a obtenu des conditions tarifaires extrêmement avantageuses à l’inverse de certaines autres entités du groupe qui travaillent avec ce même fournisseur », illustre-t-il, rappelant que le but de la manœuvre est avant tout de « trouver des synergies qui profitent à tous ». De la sorte, Loïc Le Vern espère rappeler à qui veut l’entendre qu’une direction des achats se doit d’être allergique aux silos, d’œuvrer à développer une vision business claire et de garantir que l’entreprise s’adresse, d’une seule voix, à son écosystème de partenaires externes. « L’objectif, d’ici à la fin de l’année, est de couvrir au moins 80 % des dépenses, en ayant été intégré en amont, au moment de la définition du besoin », complète-t-il.

L’implémentation d’un outil, un projet qui arrive à point nommé 

À cette envie de faire monter les Achats en cadence s’ajoute un projet d’envergure et structurant, et pas des moindres : l’implémentation d’un SI achat, sur le cycle PtoP, commun à toutes les entités de Dekra. Voilà d’ailleurs qui devrait aider Loïc Le Vern dans sa quête : celle de mettre les achats sous contrôle ainsi que les relations fournisseurs et les risques associés. Si certaines entités de Dekra France recourent déjà à des briques de solutions d’e-procurement, d’autres en sont complètement dépourvues. Le choix du groupe s’est porté sur la solution éditée par Onventis, un éditeur allemand. « Nous sommes en train de déployer la solution sur certaines entités pour commencer, afin qu’elles le testent. D’ici la fin de l’année, l’outil sera déployé sur l’ensemble des activités de Dekra en France », décrit Loïc Le Vern.

Nous pourrons ainsi revoir, simplifier et/ou fluidifier nos process, de validation de besoin puis de commandes notamment. Cela nous permettra assurément d’avoir une vision complète de nos dépenses

À ses yeux, l’implémentation d’un tel outil ne peut être que bénéfique. « C’est pour nous l’occasion de faire un bond en avant et de gagner rapidement en maturité sur l’ensemble de la chaîne de valeur », se réjouit-il. Et c’est aussi un gage d’efficacité certain dans les processus transactionnels. « Nous pourrons ainsi revoir, simplifier et/ou fluidifier nos process, de validation de besoin puis de commandes notamment. Cela nous permettra assurément d’avoir une vision complète de nos dépenses et d’identifier in fine les leviers à actionner pour penser l’achat comme il se doit », poursuit-il. En outre, la direction des achats pourra également avec cet outil mieux piloter la relation fournisseur. « C’est une véritable bénédiction pour communiquer avec eux, tracer les échanges contractuels et stocker les contrats sur une même et unique plateforme pour en faciliter la gouvernance », assure Loïc Le Vern.

La RSE, autre volet d’une feuille de route ambitieuse

En matière de RSE, Loïc Le Vern compte bien faire sa part du chemin également. Le groupe Dekra a d’ores et déjà mis sur pied une charte des fournisseurs responsables, laquelle est communiquée à chaque appel d’offres. L’entreprise allemande se veut très volontaire et a rejoint en 2021 l’initiative SBTI, marquant ainsi son engagement à réduire l’empreinte carbone de ses activités. Sa trajectoire spécifique de réduction des émissions continue d’être peaufinée, mais le groupe oriente d’ores et déjà ses approvisionnements vers une électricité exclusivement renouvelable. Sa flotte de près de 3 500 véhicules en France a été en partie électrifiée et Dekra travaille également à réduire la consommation énergétique de ses bâtiments. « Chaque projet immobilier intègre désormais des considérations environnementales. Nous mettons d’ailleurs en place de plus en plus de panneaux solaires et de bornes de recharges sur nos sites. Nous en comptons 400, le chemin sera donc long », commente Loïc Le Vern.

Nous accordons une importance toute particulière à la localisation de nos bassins de sourcing et des produits que nous achetons

La direction des achats a par ailleurs décidé d’augmenter l’importance de la RSE dans la note d’attribution de ses consultations. Loïc Le Vern entend également s’orienter vers une approche TCO et s’inscrire plutôt dans une logique à acheter de la valeur plus que du prix. « Nous accordons une importance toute particulière à la localisation de nos bassins de sourcing et des produits que nous achetons. Nous veillons à penser au cycle de vie complet du produit ou de la fourniture que nous achetons. Il en va de notre responsabilité de savoir ce qu’il en sera à la fin de sa vie, s’il ou si elle peut être recyclé », expose-t-il pour conclure.