[CHRONIQUE 3/6] Transition écologique et Achats, une passion toujours renouvelée

La contribution des Achats et da la Supply Chain à la transition écologique est vaste et cet article n’a pas la prétention de traiter ce sujet de manière exhaustive, il faudrait pour cela écrire un livre, que dis-je, une saga ! Il a deux objectifs beaucoup plus modestes.

Le premier consiste à donner un aperçu de comment les entreprises perçoivent et adressent le sujet de la transition écologique à travers le monde. Un éclairage sur cette question nous est offert par deux études récentes effectuées auprès de plus de 1 000 entreprises dans plus de 90 pays, une de McKinsey, l’autre de Forbes. Quelques surprises nous attendent…

Dans un deuxième temps, nous nous appliquerons à regarder de plus près les émissions de GES (gaz à effet de serre) - sujet qui a la particularité d’être commun à tous - et à mettre en avant la contribution des acheteurs à cette aventure.

L’Europe en pointe sur les questions environnementales

Si plus de neuf dixième des entreprises interrogées affirment que l’ESG (Environmental, Social, Gouvernance) est sur leur agenda, la plupart le voient comme une opportunité de croissance. Par ailleurs un tiers seulement du panel total classent l’environnement comme une priorité. L’Europe, avec ses 45 %, fait cavalier seul. Les entreprises nord-américaines accordent plus d’importance aux critères sociaux et sociétaux, tandis qu’en Asie et dans les pays en développement, les questions de gouvernance priment.

En regardant de plus près les initiatives qui seront le plus implémentées dans les 12 prochains mois on retrouve, sans surprise, la refonte des Supply Chains, la réduction des GES et des déchets. Intéressant de mentionner que, pour 42 % des répondants, la principale barrière perçue est le manque de clarté des réglementations !

GES : combiner approche technique et management des fournisseurs

Ceci nous amène tout naturellement au rôle des fonctions Achats et de la Supply Chain dans la réduction des GES, dénominateur commun des programmes ESG de tous les secteurs et entreprises. Pour rappel, ce qu’on quantifie dans les émissions d’une entreprise se répartit en trois catégories : les émissions directes (Scope 1), les émissions indirectes liées à l’énergie (Scope 2) et tout le reste (Scope 3).

Si les Scopes 1 & 2 sont relativement clairs, le Scope 3 est beaucoup plus complexe et demande d’être approché simultanément sous deux aspects : une approche technique, qui consiste à décortiquer les activités comme dans un Cost Model, afin d’identifier celles qui sont les plus contributrices et focaliser dessus les plans d’actions et une approche managériale, qui consiste à faire signer des chartes à toutes les parties prenantes en leur demandant de s’engager à mettre en place des actions de réduction de GES et en se réservant un droit d’audit et contrôle. Beaucoup d’entreprises ont déjà entrepris cette action.

Une démarche en entonnoir : choisir les bons combats

L’approche technique est plus compliquée et demande de faire des choix dans un univers foisonnant d’informations et messages contradictoires. Si le CO₂ est le premier GES émis par l’homme, il est naturel de se focaliser sur sa réduction, avec une démarche analytique en entonnoir.

Prenons l’exemple (réel) d’une société de l’industrie alimentaire, qui commence par faire l’état des lieux de ses émissions de CO₂.

Compte tenu de cette répartition, le focus sera mis sur les Achats alimentaires. Le reste sera traité dans un deuxième temps. Un peu de recherche et on arrive vite à la conclusion que la protéine animale, bœuf en tête, est la plus contributrice à nos GES, principalement du fait des pratiques agricoles.

A partir de là, le plan d’action se cristallise autour de deux priorités : d’une part retravailler l’offre produit pour réduire la protéine animale et notamment le bœuf et d’autre part, travailler avec les agriculteurs pour améliorer les pratiques, en établissant des filières.

Un acheteur capable de susciter l’engagement des parties prenantes

Dans tous les cas, l’acheteur est au centre du dispositif et devient un chef d’orchestre, en animant les acteurs de l’écosystème (fournisseurs, bien sûr, mais aussi collectivités locales) et en engageant les parties prenantes dans l’entreprise (le marketing, la R&D, etc. pour revoir l’offre produit). C’est un travail différent du Sourcing et de la négociation, qui demande d’autres compétences et de la rondeur, pas toujours la caractéristique première d’un acheteur…

C’est pour cela qu’il nous a semblé important de traiter les sujets Ressources et Compétences et Travailler dans l’Ecosystème dans quelques semaines.