Sport 2000 : « Le non marchand constitue un levier important d’amélioration de la performance »
François Mbody, directeur général adjoint du groupe Sport 2000, devenu récemment Céraclès Coopérative, Entrepreneurs Commerçants, explique pourquoi le groupe a décidé de prendre en main ses achats non marchands. Une directrice achats non marchands vient d’être recrutée avec cette mission.

Portrait
En tant que directeur général adjoint, François Mboby coordonne les directions support : Supply chain, Juridique, DAF, Achats non marchands et Développement.
Dans le cadre du plan Sprint 2030 engagé par le Groupe Sport 2000, vous avez lancé un programme ambitieux sur les achats non marchands. Qu’est-ce qui vous a conduit à faire de ce sujet un axe prioritaire ?
En parallèle des gains de productivité achats sur la partie marchande, le non marchand constitue un levier important d’amélioration de la performance des magasins. Etant donné l’hétérogénéité des magasins qui composent notre groupement, aucun n’a le poids relatif nécessaire pour pouvoir optimiser ses achats non marchands. Il n’est pas question d’aller préempter tous les achats non marchands mais, dans un premier temps, d’identifier les postes les plus impactants et, au travers de ces postes, d’apporter la démonstration que nous avons un intérêt commun à négocier nationalement et à mutualiser les accords.
Pouvez-vous décrire l’hétérogénéité du groupement ?
Le groupe Céraclès réalise 832 millions d’euros de chiffre d’affaires et comprend six enseignes, dont Sport2000 représentée par des magasins dont les surfaces moyennes sont comprises entre 700 m2 et 1 200 m2, ou encore l’enseigne S2 (Sneakers Specialist) dont la surface des magasins oscille entre 150 m2 et 280 m². Ces enseignes n’ont ni les mêmes périmètres financiers ni les mêmes niveaux de maturité ou d’implication des adhérents.
Il faut tout de suite donner des gages et cranter la fonction
Comment allez-vous procéder pour les aligner sur le sujet des achats non marchands ?
C’est une expérience nouvelle pour laquelle nous avons créé il y a deux mois un poste de directeur achats non-marchand, confié à Lucette Gros Prugny. Elle a pour mission de créer la fonction et ensuite de finaliser quelques premiers dossiers afin de démontrer au réseau la pertinence de l’approche. Il faut tout de suite donner des gages et cranter la fonction. Nous procédons donc à un travail cartographique qui nous permet d’identifier tous nos partenaires majeurs et de lancer une consultation pour voir comment se positionnent nos tarifs par rapport au marché. Dans un troisième temps, nous irons mener une négociation sur ces premiers dossiers.
Qui pratique l’acte d’achats aujourd’hui ?
Dans les plus petits magasins, c’est l’adhérent et dans les magasins un peu plus structurés, c’est l’adjoint ou le directeur du magasin. Nous voulons les fédérer au travers d’un fil achat sur lequel ils mobiliseront leurs équipes. Une fois les dossiers validés et les accords négociés, l’information redescendra en magasin pour une mise en place locale. Une coopérative a pour particularité de s’appuyer sur l’ancrage local de ses adhérents. Nous devons laisser le soin à nos adhérents de participer à la dynamique économique locale.
Quelles premières catégories d’achats avez-vous l’intention d’attaquer ?
A ce stade, un premier dossier a été identifié qui concerne l’énergie. Nous avons référencé un partenaire, le cabinet Refenergie, avec qui nous procédons à une analyse fine des différents contrats qui lient nos magasins à des fournisseurs d’énergie. Au-delà de ce diagnostic, nous orientons nos magasins vers l’offre la plus efficiente. Sur les premiers dossiers, nous enregistrons des gains de l’ordre de 20 % à 25 %. Parallèlement, nous mettons aussi à plat nos achats d’assurance, d’agencement de magasins et de gestion des flottes automobiles.
Le non-marchand chez nous va aussi enrober toute la relation avec nos partenaires bancaires, afin de structurer des accords-cadres nationaux pour permettre aux magasins d’avoir les meilleures grilles de tarification. Nous voulons mettre en place des partenariats avec deux ou trois grandes banques pour l’ensemble de notre réseau afin de générer des baisses de tarification à la fois sur les flux et les financements.
En septembre, nous aurons finalisé les appels d’offres électricité
Quel est votre calendrier pour ces changements majeurs ?
En septembre, nous aurons finalisé les appels d’offres électricité, agencement et nous communiquerons au réseau la cartographie des postes de dépenses qui seront gérés au dernier trimestre et début 2026. Nous devons aligner l’ensemble du réseau sur ce plan de travail. Le conseil d’administration va produire un reporting trimestriel et nous communiquerons au réseau à la fois sur les actions et sur les résultats obtenus.
Avez-vous une première estimation de l’enveloppe globale de vos achats non marchands ?
La difficulté tient au fait que tous les magasins ne sont pas à même de nous remonter ces informations. Jusqu’ici, le niveau de maturité du groupement ne permettait pas d’avoir un plan de compte unique. Nous devons en passer par énormément de retraitements pour y voir clair. A l’avenir, nous voulons faire en sorte de pouvoir capter ces informations et constituer une base de données pertinente au niveau national. Nous allons essayer d’adresser des enveloppes de 20 à 25 millions d’euros.
Dans les 24 prochains mois, nous allons massivement investir dans nos systèmes d’information
Qu’avez-vous prévu en matière d’organisation ou de process pour faciliter la remontée d’informations ?
Dans les 24 prochains mois, nous allons massivement investir dans nos systèmes d’information afin de pouvoir faire descendre l’information automatiquement en magasin, des tarifs à la saisie des commandes. D’ici l’année prochaine, j’espère pouvoir mettre à disposition des adhérents un portail de service au travers duquel ils auront accès à toute l’information sur les négociations et les contrats validés par le national et les équipes juridiques.
En parallèle nous procéderons à un travail d’harmonisation des plans de compte des magasins. Dans des petites structures comme nos magasins, la Comptabilité traite aussi ce qui devrait être du ressort de l’analytique, ce qui génère une multiplication des comptes pour répondre aux besoins de gestion. Nous voulons donc avoir un plan analytique général pour les magasins, à partir duquel nous pourrons développer progressivement un plan de comptes unifié. Lorsque le magasin voudra pouvoir filtrer par typologie d’achats ou par fournisseur, il pourra s’appuyer sur l’axe analytique.