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Des compétences et de la transformation organisationnelle pour faire progresser les achats publics


Compétences clés, attractivité, culture achats, management et place stratégique dans les projets : des directeurs achats du secteur public ont partagé leurs leviers - et leurs blocages - pour faire grandir la fonction achats. Un atelier débat initié par Catherine Gauvrit, directrice achats, logistique & hôtellerie de l’Etablissement public de santé Barthelemy Durand.

Des compétences et de la transformation organisationnelle pour faire progresser les achats publics
Des compétences et de la transformation organisationnelle pour faire progresser les achats publics

Le débat en trois points clés

• L’acheteur moderne doit maîtriser sourcing, relationnel et pilotage de l’exécution autant que la passation.

• L’attractivité repose sur le sens, les perspectives d’évolution et un management qui accompagne réellement.

• La maturité globale dépend d’abord de la gouvernance : sans soutien stratégique, l’achat reste cantonné à un rôle d’exécution.

Les compétences critiques pour renforcer la maturité achats

« Le métier évolue : on attend désormais d’un acheteur qu’il maîtrise autant le sourcing que l’animation de projet, tout en comprenant les enjeux juridiques sans en faire son refuge. »

« La maturité passe par la capacité à dialoguer : négocier avec les prescripteurs, arrondir les angles, créer une dynamique collective… la compétence relationnelle devient centrale. »

« L’acheteur ne peut plus se limiter à la passation : il doit suivre l’exécution, piloter les contrats, rencontrer les fournisseurs et développer de vraies stratégies de progression. »

Attirer et fidéliser : une équation encore difficile

« On recrute de bons profils, mais on les perd après deux ans : une rémunération qui ne suit pas le niveau d’expertise crée une fuite naturelle vers le privé. »

« L’attractivité passe aussi par un sens du métier : montrer que l’acheteur public travaille sur des projets stratégiques, innovants, utiles pour les citoyens. »

« La perspective d’évolution doit être claire : si on veut garder un acheteur, il faut lui permettre de monter en compétences et de prendre des responsabilités réelles. »

Instaurer une véritable culture achats

« Beaucoup d’organisations perçoivent encore l’achat comme un risque et non comme un levier : tant que la gouvernance ne change pas de regard, la maturité plafonne. »

« Former les acheteurs ne suffit pas : il faut aussi sensibiliser les élus et les dirigeants pour qu’ils comprennent ce que l’achat peut apporter. »

« Dans certaines petites communes, il n’y a pas d’acheteurs : les centrales d’achat deviennent alors essentielles pour diffuser un minimum de culture achats. »

Management et outils pour faire grandir les équipes

« Le binôme acheteur-juriste fonctionne quand il repose sur la confiance et la pédagogie : chacun apprend du métier de l’autre et la qualité des procédures s’améliore. »

« Recruter ne suffit pas : un bon manager doit offrir un cadre clair, un accompagnement et des espaces d’apprentissage continus. »

« La personnalité compte autant que le diplôme : sans esprit de collaboration ou ouverture d’esprit, l’acheteur stagne malgré les compétences techniques. »

Pourquoi l’achat n’intervient-il pas encore assez tôt ?

« Tant que les achats ne seront pas vus comme une opportunité stratégique, on continuera à les appeler trop tard, seulement pour “sécuriser” juridiquement. »

« L’aversion au risque paralyse : un élu ou un dirigeant qui craint le contentieux va mécaniquement écarter l’achat dès qu’un projet sort de la norme. »

« L’acheteur doit démontrer qu’en entrant tôt dans un projet, il évite des dérives, accélère la démarche et améliore les résultats : c’est une pédagogie de long terme. »