Décathlon : « Notre process de SRM consiste à passer en revue les performances de 100 % du panel »
François PIERLOT, directeur achats production de Décathlon décrit son dispositif de pilotage des relations fournisseurs développé en interne et intégré au SI achats Ivalua. C’est la première étape vers un portail fournisseur permettant à ces derniers d’être responsable de leur performance. Il sera grand témoin de l’atelier « #SRM/Risk Management : piloter la qualité et la performance des fournisseurs » lors des HA Days digitalisation des Achats le 3 juin à Deauville.

Combien d’entreprise comptez-vous dans votre base fournisseurs ?
Notre base fournisseurs comprend 1 500 entreprises. En plus de nos fournisseurs de rang 1, nous gérons également, en rang 2, des fournisseurs de composants et des fournisseurs de matière. Pendant sept à huit ans, nous nous sommes efforcés de concentrer nos achats sur les meilleurs fournisseurs. Nous faisons aujourd’hui vivre cette base fournisseurs en y introduisant au cas par cas de nouveaux acteurs qui nous apportent des caractéristiques techniques particulières - par exemple pour nos vélos haut de gamme Van Rysel - et nous continuons en même temps à concentrer cette base lorsque nécessaire, notamment sur notre tail spend.
Nous venons de connecter à Ivalua notre méthode de Risk Management et notre SRM, deux process maisons qui s’appuyaient jusqu’ici sur des Google Sheets
De quels outils digitaux disposez-vous pour gérer cette base ?
L’ensemble de la base fournisseur est présente sur Ivalua où nous disposons d’un certain nombre d’éléments concernant la performance et les audits fournisseurs. En complément, nous venons de connecter à Ivalua notre méthode de Risk Management et notre SRM, deux process maisons qui s’appuyaient jusqu’ici sur des Google Sheets.
Digitaliser ces outils nous permet d’avoir un process standardisé et donc plus rigoureux en termes d’analyse, que nous achetions des vélos, une gourde ou des combinaisons de ski. Nous pourrons ainsi avoir une vue exhaustive de notre panel et consolider la data pour piloter au niveau du process ou au niveau global.
Notre process de SRM, que nous appelons Panel Review fournisseur, consiste à passer en revue les performances de 100 % du panel pour orienter la suite de la relation avec eux
Quelles informations concentrent votre module de SRM ?
Notre process de SRM, que nous appelons Panel Review fournisseur, consiste à passer en revue les performances de 100 % du panel pour orienter la suite de la relation avec eux. Cet outil permet d’avoir une vue panoramique de tout notre panel fournisseur avec une évaluation sur les performances classiques - qualité, coûts, délai, environnement - ainsi qu’un critère de désirabilité de ce fournisseur, que nous jugeons à sa capacité à être connecté à nos outils, sa capacité d’innovation, de développement de nouveaux produits, son niveau de service… En mettant cela en regard avec nos besoins quantitatifs et qualitatifs, cela nous permet de déterminer comment nous voulons faire évoluer l’activité avec chaque fournisseur : à la hausse, stable ou à la baisse.
Ainsi nous pouvons piloter notre panel fournisseurs et ne pas subir, si nous constatons, par exemple, qu’un fournisseur ne nous suit pas sur un critère fondamental comme le respect des travailleurs ou de l’environnement.
… Et votre module de Risk Management ?
Avec ce module, nous passons en revue 16 critères de risque de manière méthodique sur chacun de nos portefeuilles, en consolidant les Mitigation Plans - nos plans de gestion des risques - et les Business Continuity Plans, les plans de continuité sur lesquels nous basculons en cas d’importante difficulté d’approvisionnement. Nous disposons ainsi d’une vision du risque fournisseur, fournisseur par fournisseur ou en appliquant des filtres permettant de faire des regroupements par région ou par process d’activité : fabrication de chaussures, de textile, d’équipement en métal, par injection, ou en plastique. Nous pouvons ainsi analyser, par exemple, le niveau de risque de nos fournisseurs de chaussures du Vietnam.
Notre process de SRM, que nous appelons Panel Review fournisseur, consiste à passer en revue les performances de 100 % du panel pour orienter la suite de la relation avec eux
Avez-vous choisi de digitaliser des process développés en interne faute d’avoir trouvé des solutions du marché sur lesquelles vous pouviez intégralement vous appuyer ?
Le process de screening de risk management n’existe pas sur le marché de la manière dont nous souhaitions l’aborder. La plupart des solutions que nous avons trouvées étaient plutôt orientées court terme et renvoyaient en grande partie à des informations liées à l’actualité, là où nous voulions travailler sur des perspectives de six à 12 mois afin de pouvoir le prendre en compte dans l’écriture de nos stratégies.
D’une manière générale, nous souhaitons évidemment utiliser au maximum des solutions standards, comme nous l’avons fait en adoptant l’outil de gestion de base fournisseurs d’Ivalua. Mais cela s’avère plus compliqué que de les développer nous-mêmes avec des caractéristiques qui correspondent parfaitement à nos besoins. D’autant plus que j’ai la chance de travailler avec un interlocuteur à l’IT, responsable de la feuille de route de digitalisation et de la gestion de la data qui connait parfaitement les Achats.
Quel type d’informations externes faites-vous entrer dans cet outil, en plus de celles remontées par les acheteurs ?
Nous nous fondons sur des données d’audits, réalisés par nos soins ou par des organismes externes, notamment pour le développement durable et les droits humains. Nous réalisons environ 500 audits par an. Nous souhaitons aussi de plus en plus nous rapprocher de référentiels internationaux, quand c’est possible, de manière à éviter de sur-solliciter nos fournisseurs.
Nous sommes en train de mettre en place le Purchase Dashboard, le tableau de bord sur lequel chaque acheteur aura une vue panoramique de tous les critères de performance de son panel
Que vous manquera-t-il une fois ces deux modules déployés ?
Nous ne sommes qu’au tout début de l’histoire. Être capable de mesurer le risque et la performance de notre panel fournisseur dans un outil digital est un basique. Nous travaillons actuellement sur l’élaboration d’un portail fournisseur qui nous permettra de mettre à leur disposition ces informations et de les rendre le plus autonomes possibles dans la gestion dynamique de leur performance.
Nous sommes également en train de mettre en place le Purchase Dashboard, le tableau de bord sur lequel chaque acheteur aura une vue panoramique de tous les critères de performance de son panel. Nous espérons pouvoir livrer ces outils avant la fin de l’année.
Avez-vous comme partenaire interne une direction du risque chez Decathlon ?
Un risk manager à 100 % dédié aux achats nous a rejoints au mois de juin dernier. Nous avons été une des premières fonctions à mettre en place ce type de fonction. Depuis janvier 2025, il a été rejoint par un risk manager qui synchronise la totalité des actions au niveau corporate.