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Ruxandra Ispas (Elior) : « plus que la qualité de la donnée, c’est sa congruence qui importe »

Par Guillaume Trecan | Le | Si ha

La directrice Nutrition, Achats et Supply Chain du groupe Elior n’a pas seulement rendu exploitables les données achats, elle les a aussi décloisonnées et mixées avec d’autres données, internes et externes à Elior pour en faire des outils de développement du business. Un témoignage unique en avant phase du dîner du Club Planet Sourcing du 18 novembre.

Ruxandra Ispas (Elior) : « plus que la qualité de la donnée, c’est sa congruence qui importe »
Ruxandra Ispas (Elior) : « plus que la qualité de la donnée, c’est sa congruence qui importe »

Quelles datas exploitez-vous à la direction des achats d’Elior ?

Pour commencer, il convient de préciser qu’il n’y a pas de data achats, il y a de la data tout court, qui peut être utilisée à des fins variées. La spécificité de l’entreprise moderne c’est justement de produire et d’utiliser de la data, pour en extraire « l’intelligence ». Aux Achats, nous avons des données entrantes, du sourcing jusqu’au livraisons : données fournisseurs, données produits, données nutritionnelles, données de saisonnalité, des commandes, … Mais l’entreprise dispose bien évidemment des données des Ventes, sur les recettes et les menus que nous servons à nos clients. C’est la combinaison et l’articulation des données entrantes, sortantes et internes qui va être intéressante pour l’entreprise. Si je ne m’intéresse qu’aux données achetées, je ne vais pas avoir un discours pertinent pour ceux qui vendent. Si je ne m’intéresse qu’aux données des ventes, les acheteurs n’y trouveront pas d’intérêt.

La question de la qualité des données est-elle le point clé pour avancer sur ce sujet ou la technologie permet-elle de résoudre cette question ?

Je pense que la réalité se situe entre ces deux affirmations. Si l’on rentre de la donnée non qualifiée, avec toute l’intelligence du monde, il va être difficile d’en faire quelque chose de cohérent. Mais plus que la qualité de la donnée, c’est sa congruence qui importe. Chaque point de données peut être vu de manière différente selon l’endroit où l’on se place dans l’entreprise. Dans la restauration collective nous raisonnons par exemple beaucoup en nombre de couverts que nous vendons. Mais cette notion peut être définie et interprétée différemment selon que l’on se situe aux Ventes, aux Achats ou au contrôle de gestion. L’enjeu n’est donc pas simplement d’avoir une data de qualité mais surtout une data comprise de la même manière quel que soit l’endroit où l’on se place dans l’entreprise.

 

« Je n’envisage pas la question de la data sous l’angle technique. Je l’aborde sous l’angle de l’utilisation que l’on fait de la donnée en entreprise »

L’exploitation de la data pose donc moins des problèmes technologiques que des problèmes d’organisation et de silos dans l’entreprise ?

Je vais à nouveau me placer entre ces deux affirmations. A mon sens, il y a autant des questions de communication et de flux que d’organisation dans l’entreprise. Mais il y a aussi des questions de disponibilité d’outils intelligents, d’aide à la décision, pour exploiter les données. Personnellement je n’envisage pas la question de la data sous l’angle technique. Je l’aborde sous l’angle de l’utilisation que l’on fait de la donnée en entreprise. Pour moi ce n’est jamais qu’une question technique.

Justement, en termes d’outil avez-vous le sentiment qu’il y a aujourd’hui des nouvelles solutions qui vont vous permettre de franchir des caps ?

Pour être franche, je demande encore à être surprise. Chez Elior, c’est à partir de Power BI que nous avons développé une suite d’applications Link, des tableaux de bord croisant des données fournisseurs, d’autres données de l’entreprise et des données externes. Nous connaissons nos besoins business, mais j’aimerais savoir dans quelle direction travaillent les éditeurs et comprendre comment ils sont susceptibles de nous aider à faire face aux changements de paradigme auxquels nous sommes confrontés d’un point de vue business.

« Nous développons une aide à la décision pour accroître la marge »

Pour développer ces applications vous avez tout de même dû affronter une question technique pour harmoniser vos données produits et fournisseurs ?

En effet, ce développement s’inscrit sur un chemin qui est passé par le nettoyage et l’harmonisation des données. Cela prend du temps, cela demande des efforts, mais cela n’a rien d’innovant, ni d’un point de vue outil, ni d’un point de vue process. Ce qui est différenciant, c’est le fait de regarder la data non pas par le prisme d’une fonction, mais par le prisme de l’entreprise et de mettre en avant non pas l’outil mais la fonctionnalité dans l’entreprise. On ne parle pas ici d’un outil pour faire du reporting achats, même si cela est très important. Nous développons une aide à la décision pour accroître la marge, par exemple. Et pour cela nous avons besoin d’une donnée de qualité qui soit interprétable, partageable, cohérente et congruente.

Être à la confluence des données internes, des données externes donne-t-il aux Achats une position privilégiée sur ces questions-là ?

Il est vrai qu’être à la confluence entre l’interne et l’externe facilite l’approche des Achats. Mais, personne n’étant propriétaire de la data dans une entreprise, celui qui a une sensibilité pour ces questions et qui a une vision et une compréhension des mécaniques d’entreprise doit s’emparer de la question.

 

S’inscrire au dîner du Club Planet Sourcing du 18 novembre sur le thème : « Les datas achats, une mine d’or qu’il est urgent d’exploiter ! »