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Pénurie de talents, attractivité et IA … les défis des ESN se multiplient

  • Mehdi Arhab
  • Le
  • Prestations intellectuelles

Dans son deuxième baromètre des expertises du numérique réalisée auprès de 166 acteurs du digital, Inop’s, néo-ESN du groupe Freelance.com, revient sur les grands défis auxquels les ESN font et doivent faire face. Le besoin en recrutement est pressant, mais les ressources se font rares. De fait, les ESN doivent composer avec une inflation importante sur les salaires. Une inflation à laquelle elles devront consentir, au moins partiellement, pour adresser au mieux les sujets pointus que sont la cybersécurité, le développement logiciel et, surtout, l’IA.

Pénurie de talents, attractivité et IA … les défis des ESN se multiplient
Pénurie de talents, attractivité et IA … les défis des ESN se multiplient

L’environnement dans lequel opèrent les entreprises du numérique est instable, et pourtant, ces dernières - du moins un bon nombre - parviennent à enregistrer de la croissance. Voilà le premier constat d’Inop’s, néo-ESN du groupe Freelance.com, dans la deuxième édition de son baromètre des expertises du numérique. Toutefois, elles ne sont en réalité que 46 % à afficher un chiffre d’affaires en hausse en 2024, contre 70 % en 2019. La sonnette d’alarme est tirée. La majorité des ESN interrogées indiquent d’ailleurs être inquiètes pour l’avenir.

Le secteur reste tout de même porteur ; les variations enregistrées par rapport au premier baromètre restent d’ailleurs assez faibles. Mais le contexte interpelle bien évidemment. « Au regard des résultats de notre baromètre, il semblerait que la taille ne soit pas un critère fort de différenciation. La croissance reste la tendance dominante pour la plupart des entreprises, toutes tailles confondues. Elle est particulièrement présente dans les entreprises de plus de 250 salariés, dont la moitié affichent des prévisions de croissance  », précise Inop’s dans son étude.

Autre point qui inquiète les ESN : les tensions sur le recrutement qui entraînent la fameuse guerre des talents. En 2019, un peu plus de 6 ESN sur 10 constataient une pénurie de cerveau pour soutenir la croissance. En 2024, elles sont 71 % à déclarer être dans ce cas, dont 38 % sur des lignes de métier bien précise. Une augmentation minime, mais assez révélatrice, d’autant que les ESN doivent accompagner la montée en puissance de leurs clients sur des sujets précis et pointus. La cybersécurité, le développement logiciel et, surtout, l’IA arrivent évidemment en tête de liste. Les besoins sont de fait de plus en plus nombreux en la matière. Et à cette pénurie s’ajoute également une inflation pour le moins marquée des salaires et des TJM, qui renforce la compétition entre acteurs. Une tendance renforcée notamment par la démocratisation du recours au freelancing qui s’impose de plus en plus comme une solution agile et efficace pour répondre à la pénurie de talents.

Des tensions majeures sur le recrutement

Et la conjoncture économique n’allège pas la soif des ESN en matière de recrutement. La quasi-totalité des répondants - 96 % - assure vouloir et continuer à recruter en nombre. Les trois quarts d’entre eux prévoient de recruter de façon modérée, entre 1 et 20 personnes. Les plus grosses structures ont des besoins bien plus importants  : 80 % des ETI de 500 à 999 salariés envisagent de recruter plus de 100 personnes, tandis que ce chiffre est de 75 % pour les ETI de 1 000 à 4 999 salariés.

Et cela pour répondre à un l’enjeu majeur qu’est l’innovation numérique. Mais les tensions sont telles que près d’une ESN sur deux (47 %) assure ne pas réussir à combler la totalité des besoins, la « rareté́ de la ressource » étant la principale raison invoquée. Parmi les expertises les plus recherchées, le cloud/DevOps et l’IA/Data arrivent en tête (49 %), suivis par le management de projets (45 %) et le développement, test et intégration (43 %). Les ESN se retrouvent donc dans l’obligation de s’adapter et de repenser leurs stratégies de recrutement pour capter les meilleurs profils.

L’IA, plébiscitée désormais, est perçue par les ESN et beaucoup de leurs clients comme un game changer. Pourtant, ce levier majeur voit son intégration être encore très largement limitée et ne constitue pas forcément un facteur d’attractivité en termes de recrutement : 24 % des répondants indiquent ne pas l’utiliser, un chiffre qui grimpe à 78 % dans les structures de moins de 50 salariés. Elles ne sont sont par ailleurs que 21 % à déclarer s’appuyer sur l’IA pour améliorer l’expérience client.

Un manque de mixité criant

Le baromètre revient également sur les ambitions de ESN en matière de mixité. Les engagements affichés sont importants, mais la réalité du terrain est décevante. Les chiffres stagnent : les femmes représentent à peine 24 % des effectifs du numérique en France (INSEE, 2025), 17 % des métiers des TIC (UE, 2021) et seulement 12 % des chercheurs en IA dans le monde (UNESCO). Seules 26 % de femmes disposent d’un siège au Comex de leur ESN. Dans un secteur en tension, qui peine à attirer, le message envoyé n’est évidemment pas le plus encourageant. Mais les femmes pourraient bien à terme constituer un bassin de ressources et de compétitivité à exploiter pour les entreprises du numérique.