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Les défaillances repartent à la hausse en France

Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité

L’étude d’Altares relative aux défaillances des entreprises en France au troisième trimestre pointe un niveau de procédures collectives en nette augmentation par rapport à l’été 2021 (+ 69 %). Avec près de 9 000 défaillances recensées entre le 1er juillet et le 30 septembre, la France affronte un taux jamais observé depuis plus de vingt ans, qui entraînera inévitablement des factures impayées.

Selon une étude menée par Altares, les défaillances d’entreprise explosent  - © D.R.
Selon une étude menée par Altares, les défaillances d’entreprise explosent - © D.R.

L’inquiétude grandit et les signaux ne sont pas les plus joyeux. Et pour cause, sur 12 mois glissés la barre des 38 000 défaillances a été atteinte. La France renoue même avec des niveaux semblables à ceux du premier confinement, avec quelque 10 000 procédures de plus observées sur un an, soit une hausse de 34 %.

l’hypothèse d’un volume de défaillances d’entreprises contenu sous la barre symbolique des 40 000 en 2022 reste à ce stade plausible mais compromise

Si le France est encore loin du niveau approché fin septembre 2019, avec plus de 53 000 procédures collectives enregistrées, Thierry Million directeur des études d’Altares note que « l’accélération très forte de ces derniers mois pourrait impacter les fournisseurs qui peineraient à gérer la démultiplication soudaine des défauts de clients, a fortiori de PME. » Ainsi, du fait des tensions sur le marché de l’énergie et des pénuries, « l’hypothèse d’un volume de défaillances d’entreprises contenu sous la barre symbolique des 40 000 en 2022 reste à ce stade plausible mais compromise. »

Les petites structures et les entreprises les plus jeunes à l’agonie

Comme le montre l’étude, les TPE et PME ne sont pas épargnées en ce troisième trimestre. Les défaillances des deuxièmes accélèrent et retrouvent des seuils comparables à 2019. Plus de 400 PME de dix à dix-neuf salariés ont connu une défaillance. Dans le même temps, le nombre de défauts a plus que doublé pour les PME de vingt à quarante-neuf collaborateurs, pour atteindre 186 ouvertures.

Il en va, peu ou prou, de même pour les jeunes entreprises. Celles âgées de moins de cinq ans concentrent 45 % de l’ensemble des ouvertures de procédure. Avec une hausse de 70 % des procédures les concernant, celles qui ont moins de trois ans, ayant vu le jour au cours de la crise sanitaire, ne parviennent pas à sortir la tête de l’eau et sont touchées de plein fouet par la conjoncture.

Le phénomène est encore plus prégnant chez les entreprises de trois à cinq ans (+ 81,6 %). Pour l’écrasante majorité (+ 86 %), les jeunes entreprises victimes de défaillances sont des structures commerciales créées sous le statut de SARL de SAS. Les trois quarts des procédures concernent des TPE de moins de trois salariés, tandis que les procédures s’agissant TPE de trois à neuf salariés sont au nombre de 1500.

Les liquidations judiciaires débordent 

Sur les types de défaillances, les procédures de sauvegarde sont peu fourmillantes (229) à l’aune de l’ensemble des ouvertures. En revanche, les liquidations judiciaires directes pullulent, centralisant trois quarts des jugements d’ouverture. Pas moins de 6612 entreprises ont été touchées, soit une augmentation de plus de 70 %. Les procédures de redressement judiciaire sont également en forte augmentation, mais représentent toujours moins d’un jugement sur quatre.

Le secteur du bâtiment en souffrance

Concernant les secteurs d’activités, l’augmentation des défaillances dans le secteur de la construction est moins rapide que la moyenne nationale. En revanche, le second œuvre connaît de gros tumultes fortement (+ 81 %). Le secteur des travaux publics parvient à limiter la casse, avec une hausse de 49 % des défaillances. Pour le secteur de la restauration, le nombre de procédures de sauvegardes explose (+ 150 %) et approche les seuils de 2019. L’industrie est elle aussi malmenée, avec une hausse des défauts de 85 %, tout comme l’ingénierie (+ 62 %). Les secteurs qui s’en sortent le mieux restent les services informatiques et édition de logiciels, avec une hausse contrôlée (+ 15 %), l’agriculture, qui n’est victime que d’une hausse de 11 %. Si le secteur de la publicité est en souffrance (+ 77 % de défauts), les services aux entreprises endurent une hausse un peu plus contenue (+ 46 %).