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La souveraineté des approvisionnements remise à sa juste place

Par Guillaume Trecan | Le | Consultant

Le cabinet de conseil achats By.O Group vient de publier les résultats d’une étude confiée à OpinionWay sur les failles de souveraineté des entreprises françaises liées à leurs approvisionnements. Ce Baromètre a vocation à mesurer l’évolution de cet indice de souveraineté année après année.

La souveraineté des approvisionnements remise à sa juste place
La souveraineté des approvisionnements remise à sa juste place

Pour mesurer le degré de souveraineté des entreprises françaises, le Baromètre conçu par le cabinet By.O Group s’appuie sur la combinaison de deux critères : la criticité de la ressource achetée et le degré de dépendance à des sources étrangères. Pour constituer un panel représentatif des entreprises françaises, By.O Group et OpinionWay ont interrogé en grande majorité des entreprises de moins de 50 salariés (77 %) et peu d’entreprises de 250 salariés (15 %). D’où un faible taux de dépendance moyen, qui ne reflète pas nécessairement la situation que vivent actuellement les directions achats de grandes entreprises industrielles françaises. Les entreprises de plus de 250 salariés sont évidemment les plus concernées par les risques de souveraineté, avec un indice de souveraineté très en dessous de la moyenne, à 64 %.

Les grandes entreprises plus exposées

Avec une criticité de leurs achats beaucoup plus faible, les petites entreprises ont aussi un plus fort sentiment de souveraineté.    - © D.R.
Avec une criticité de leurs achats beaucoup plus faible, les petites entreprises ont aussi un plus fort sentiment de souveraineté.   - © D.R.

Sur l’ensemble de cet échantillon, le cabinet By.O Group obtient en effet un indice de souveraineté de 82 %, en combinant l’indice de criticité moyen de 55 % et l’indice de dépendance de 33 %. Sur les 507 dirigeants ayant répondu à ce sondage entre octobre et novembre 2021, on compte des directeurs généraux (70 %), des directeurs administratifs et financiers (17 %) et des directeurs achats (8 %).

Leurs achats sont segmentés en cinq grandes catégories : matières premières ; biens et produits semi-finis ; hébergement de données ; biens d’équipement et de production ; ressources de R&D. Les catégories sur lesquelles l’indice de souveraineté est le plus fort - entre 90 % et 95 % - sont les ressources de R&D, l’hébergement de données et les biens d’équipement et de production.

Les biens et produits semi-finis et les matières premières affichent en revanche des indices de dépendance vis-à-vis de ressources étrangères les plus hauts, à 51 % tous les deux. Ce sont également les catégories qui présentent les indices de criticité les plus élevés, respectivement 69 % et 75 %. D’où leur faiblesse en termes de souveraineté, à 65 % pour les biens et produits semi-finis et 62 % pour les matières premières.

Le BTP et l’industrie plus exposés

Très consommateur en matières premières, le BTP est aussi le secteur qui affiche le plus faible sentiment de souveraineté. - © D.R.
Très consommateur en matières premières, le BTP est aussi le secteur qui affiche le plus faible sentiment de souveraineté. - © D.R.

Un cercle de souveraineté européen

La majorité des questions de dépendance concerne les pays extra-européens.    - © D.R.
La majorité des questions de dépendance concerne les pays extra-européens.   - © D.R.

En ce qui concerne les secteurs d’activité, c’est le BTP, très fortement impacté par les achats de matières premières et de biens et produits semi-finis qui affiche le plus faible degré de souveraineté à 61 %, suivi d’un peu plus loin par l’industrie, à 74 %.

Outre le fait que, par le sérieux de sa méthodologie, ce Baromètre permettra de mesurer l’impact des politiques industrielles nationales et européennes, il présente également l’intérêt de remettre à sa place ce sujet dont le poids émotionnel sur l’opinion n’aide pas à une mesure objective. Ainsi, l’échantillon interrogé par OpinionWay relègue-t-il les perspectives de relocalisation dans les coulisses, 91 % du panel considérant que cette option n’est pas à l’ordre du jour. Pour autant, un tiers du panel souscrit au fait que les problèmes de souveraineté sont susceptibles d’avoir des conséquences négatives en termes de chiffre d’affaires.