La feuille de route du nouveau directeur achats d’Imerys, Felipe Sabbadini

Le groupe Imerys a opté pour le changement dans la continuité pour reprendre le poste de directeur achats laissé par Olivier Brunet, parti diriger les Achats d’Avril, en nommant celui qu’il avait recruté pour le poste de directeur achats EMEA en 2020, Felipe Sabbadini. Une manière de saluer le travail de montée en maturité effectué sur les Achats ces dernières années, mais aussi de miser sur la stabilité à un moment où la structure même du groupe minier évolue fortement.

Felipe Sabbadini a en effet pris ses fonctions lors de la vente de la division High Temperature Solution (HTS) au fonds Platinum pour constituer la société Calderys et il devra aussi gérer à l’agenda de cette année, le carve out d’actifs miniers et industriels d’Imerys servant le marché du papier.

Felipe Sabbadini reporte à Jean-François Claver directeur industriel et membre du Comex et il a sous sa responsabilité une équipe achats composée de 187 personnes, avec lesquelles il doit gérer 2,5 milliards d’euros d’achats avec comme principales familles d’achats : transport et logistique ; énergie ; fournitures et services généraux ; équipements et services industriels.

La performance achats est bien entendu au centre de ses préoccupations et la direction achats pilote pour cela une série de projets d’achats via l’outil de gestion de projets Quimeo, qui permet de les séquencer en cinq étapes, depuis la génération d’idées jusqu’à la reconnaissance du gain par le contrôle de gestion, en passant par la validation d’un business case.

La dimension transactionnelle des Achats dans un CSP

Felipe Sabbadini entend également apporter de la valeur en participant à l’amélioration du BFR. Il emploie pour cela différents leviers : négociation des termes de paiement avec ses fournisseurs les plus importants, stocks de consignation pour les matières premières, délais de livraison… Mais pour franchir une marche supplémentaire en termes d’efficacité, le nouveau directeur achats d’Imerys remet également en question l’organisation de la dimension transactionnelle des Achats. Centralisée depuis trois ans au sein du centre de services partagés (CSP) d’Imerys basé en Grèce, l’exécution des paiements est ainsi en voie de standardisation.

Une plateforme de services transactionnels pourrait épauler nos équipes dans leurs tâches administratives

L’harmonisation de la maturité de la partie approvisionnement est également en projet et un Procurement Hub vient d’être implanté en Grèce pour faire gagner en efficacité les Achats dans la dimension transactionnelle. « Nous constatons que les approvisionnements, traités aujourd’hui dans les sites, souffrent d’un manque de standardisation. Une plateforme de services transactionnels pourrait épauler nos équipes dans leurs tâches administratives », analyse le nouveau directeur des achats. En cas de succès, ce Procurement Hub pourrait être dupliqué sur les autres continents, notamment en Amérique, où un autre CSP groupe existe au Mexique, à Guadalajara.

Harmoniser la maturité du catégorie management dans le monde

Ce travail d’harmonisation de la maturité achats dépasse la question transactionnelle et concerne le catégorie management dans le cadre d’une réorganisation des régions. Jusqu’ici à part, la Chine vient d’être intégrée dans une grande région Apac, avec le reste de l’Asie, notamment la Malaisie, où Imerys est très présent. « Notre objectif est d’avoir le même niveau de maturité en termes de catégorie management dans chacune de nos régions. Nous avons effectué un très bon travail sur la maturité du catégorie management de la zone EMEA ces trois dernières années, notamment sur la chimie, le packaging et le transport. Notre but est maintenant de faire monter en compétences les Amériques, tout en faisant en sorte que la nouvelle zone Apac gagne en homogénéité », décrypte Felipe Sabbadini.

Nous travaillons crescendo sur les achats responsables depuis plus de trois ans et, cette année, nous avons créé un poste de responsable dédié 

Un autre sujet sur lequel Felipe Sabbadini compte passer à la vitesse supérieure est l’achat responsable. « Nous travaillons crescendo sur les achats responsables depuis plus de trois ans et, cette année, nous avons créé un poste de responsable dédié », indique le directeur des achats d’Imerys qui dispose désormais de trois personnes investies sur le sujet.

Elles vont notamment œuvrer à accroître la proportion des dépenses couvertes par une notation RSE. Si Imerys aborde essentiellement ce sujet en s’appuyant sur Ecovadis, Felipe Sabbadini confie s’intéresser à d’autres agences de notation. La direction achats d’Imerys accompagne les fournisseurs dont la notation est inférieure à 35 pour les aider à progresser et a également mis en place un Sustainability Development Challenge ouvert à tous ses fournisseurs pour faire avancer différents sujets qui vont de la circularité à la parité homme-femme. Une cible a aussi été définie pour réduire l’empreinte CO₂ du scope3.

Pilotage des fournisseurs stratégiques

La RSE n’est bien sûr pas le seul sujet sur lequel la direction achats veut mettre en œuvre une collaboration poussée avec ses fournisseurs. Un programme de pilotage des relations avec une quarantaine de fournisseurs stratégiques incluant par exemple un partage des feuilles de route d’innovation et l’implication du top management, est en effet mis en cours de déploiement.

Nous avons sélectionné une trentaine d’assets industriels qui vont faire l’objet d’appels d’offres pour des PPA on sight ou off sight d’énergie solaire

A la jonction des questions de performance achats et d’environnement, le sujet de l’énergie occupera enfin une bonne part de l’attention des Achats dans les années à venir, en particulier sous l’angle des Power Purchasing Agreement (PPA). « Les PPA sont pour nous un important moyen de contribuer à réduire notre empreinte CO₂. Nous en avons déjà lancé quelques-uns et, accompagnés par KPMG, nous sommes en train d’industrialiser notre démarche. Nous avons sélectionné une trentaine d’assets industriels qui vont faire l’objet d’appels d’offres pour des PPA on sight ou off sight d’énergie solaire. Notre but est de signer au moins une dizaine de contrats d’ici la fin de l’année. Nous continuerons ensuite avec l’objectif de passer de un à deux PPA par an à 10 à 12 PPA par an », détaille Felipe Sabbadini. A l’issue de ce grand chantier, il espère ainsi rendre la base industrielle du groupe moins dépendante des énergies fossiles.