La RSE perd du terrain dans les grandes priorités aux Achats
Par Mehdi Arhab | Le | Direction ha
Comme le montre le quatrième rapport d’Amazon Business sur les tendances achat en Europe, l’attention portée sur les enjeux d’achats à court terme enraye fortement le processus d’innovation. Et les grands chantiers du moment, comme la RSE et l’intégration de l’IA, sont mis en stand-by.

Amazon Business a dévoilé tout récemment les résultats de son rapport annuel - le quatrième - sur l’état des achats en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne et au Royaume-Uni. Et, premier constat, les inquiétudes persistantes autour des coûts et des risques qu’engendrent les inefficacités opérationnelles freinent les grands chantiers des directions des achats, comme l’intégration de l’IA et le déploiement d’initiatives RSE. Dans l’Hexagone, les visions à court terme de certains ralentissent grandement les initiatives en la matière.
Si un peu plus des décideurs en France ont prévu des budgets 2025 supérieurs à ceux de 2024, beaucoup restent sceptiques et économiquement vigilants. Et pour 35 % des entreprises sondées, la hausse du coût des achats arrive en tête de liste des défis à affronter, laissant évidemment entendre que l’inflation des biens et services entrave l’exploitation optimale de ces budgets en augmentation.
L’IA, un moyen pas encore pleinement exploité
Les évolutions attendues par les responsables et directeurs des achats l’année dernière - comme l’utilisation des budgets dans des outils d’analyse ou de reporting pour comprendre les performances et identifier les tendances - n’ont visiblement pas été au rendez-vous. En effet, aucune évolution significative dans l’adoption de ces technologies n’a été observée par rapport à l’année dernière, fait savoir Amazon Business. Les préoccupations en interne demeurent centrées sur les défis opérationnels quotidiens, avec près de la moitié (48 %) des dirigeants des achats pointant l’efficacité et la complexité comme enjeux principaux, tandis que près des deux tiers (64 %) perçoivent la complexité des systèmes et processus internes comme un obstacle majeur.
L’injonction et les priorités imposées aux directions des achats quant à la réduction immédiate des coûts semble grandement orienter l’approche des Achats et l’utilisation qu’ils font de l’intelligence artificielle. Si la quasi-totalité des sondés (98 %) indiquent vouloir investir dans l’IA, leur priorité est de l’utiliser afin de réduire les coûts. Ainsi, 37 % d’entre eux comptent s’en servir sur l’analyse des dépenses, tandis que 28 % envisagent des applications plus stratégiques comme l’analyse prédictive.
Dans l’ensemble, les données recueillies par Amazon Business montrent bien que le potentiel de l’IA est reconnu par les patrons des achats. Mais ces derniers ne semblent pas encore être en mesure de l’exploiter pleinement. Un peu moins de la moitié des sondés (43 %) aspirent à mieux comprendre comment exploiter ce potentiel pour pouvoir s’appuyer sur des analyses de données plus pointues à l’avenir.
En matière de RSE, les avancées ne sont guère satisfaisantes non plus. Alors que l’an passé, près de la moitié (44 %) des dirigeants des achats considéraient la durabilité comme l’une de leurs trois priorités majeures, cette proportion a chuté à moins d’un cinquième (19 %) cette année. Une chute drastique et pour le moins inquiétante qui en dit long aussi sur les sujets imposés aux Achats. « Cette situation met en lumière un décalage entre les ambitions stratégiques de l’entreprise et le quotidien opérationnel des services d’achats, qui privilégient la gestion des urgences immédiates plutôt que la création de valeur durable à travers la RSE », indique Amazon Business. Pourtant, plus de la moitié des dirigeants interrogés (58 %) communiquent sur une hausse des objectifs RSE de leur organisation pour cette année.