PSG : « Notre Chat GPT étant interne au PSG, il apprend de notre organisation »
Reynald Rime, directeur des achats du PSG bénéficie d’un accord conclu entre la DSI et Chat GPT et dispose d’une IA générative sécurisée grâce à laquelle il multiplie les cas d’usage. Grâce à ce « super-assistant » achats, son service de sept acheteurs peut traiter plus de sujets et plus en profondeur. Il sera grand témoin sur l’atelier-débat « #IA : comment déployer des solutions d’IA générative au service de la performance achats ? », lors des HA Days digitalisation des achats le 4 juin à Deauville.
Comment avez-vous intégré l’IA dans les usages de la direction des achats ?
Nous avons bénéficié d’une démarche initiée par l’IT qui a conclu un partenariat avec Chat GPT. Nous avons la chance de travailler avec une DSI particulièrement innovante qui s’efforce toujours d’avoir un coup d’avance. Elle participe par exemple aussi aux travaux de l’incubateur Station F. Grâce à l’accord conclu avec Chat GPT, nous bénéficions d’une version en boucle fermée qui nous garantit la confidentialité des données que nous mettons dans l’outil. Les discussions en amont entre l’IT et Chat GPT ont duré plusieurs mois mais la phase de test et d’adoption au niveau des Achats a été très rapide : quatre à six semaines. Depuis début 2025 plus d’une cinquantaine de cas d’usage ont été déployés par le PSG dans des domaines très variés, allant de l’analyse des données des joueurs au sponsoring, en passant par différents cas dans les Achats.
Aux Achats nous sommes encore en version POC. Les sept acheteurs de mon équipe l’utilisent à tour de rôle sur les sujets qui s’y prêtent. Pour l’instant, nous choisissons plutôt des sujets que nous maîtrisons et sur lesquels nous avons un peu de temps pour vérifier la véracité des analyses. Nous en sommes actuellement une quinzaine de cas d’usage.
Quels cas d’usage avez-vous développés aux Achats ?
Nous utilisons l’IA pour la formalisation des besoins. Nous demandons à l’IA de rédiger une première version de cahier des charges et d’en benchmarker les clauses et les critères. Nous utilisons aussi Chat GPT dans l’analyse financière et l’analyse qualitative des offres. Nous lui donnons les offres de tous les candidats et le logiciel nous indique des critères de choix. Sur l’analyse financière, c’est une double vérification qui nous fait gagner du temps. Nous lui donnons toutes les offres, il produit des synthèses financières et nous les comparons avec nos propres synthèses pour vérifier qu’elles ne contiennent pas d’erreurs.
Chat GPT est également utile pour effectuer des pré-études de marché et du sourcing, par exemple nous trouver les huit sociétés les plus pertinentes pour un marché donné. Nous l’utilisons aussi dans la gestion de la dotation, c’est à dire le suivi des commandes et des livraisons des équipements que nous fournissent nos sponsors, Nike principalement. L’outil nous sert à pister les erreurs dans nos fichiers Excel de suivi qui sont particulièrement complexes. Cela nous fait gagner du temps sur un sujet rébarbatif mais qui concerne des millions d’euros de commandes.
Nous aurons toujours besoin des acheteurs pour négocier avec les fournisseurs, bien comprendre le besoin, l’affiner
Quelles sont les limites de cet outil ?
Nous aurons toujours besoin des acheteurs pour négocier avec les fournisseurs, bien comprendre le besoin, l’affiner. Mais pour toutes les autres tâches qui nous prennent du temps et qui nous demandent peu ou pas de créativité et d’intelligence, c’est parfait.
Il peut faire beaucoup de choses, d’autant que c’est un outil apprenant et notre Chat GPT étant interne au PSG, il apprend de notre organisation. Il connait tout du PSG. J’ai par exemple chargé dans l’outil plusieurs de mes notes de synthèse rédigées à l’issue d’une consultation pour que l’outil s’en inspire, qu’il en comprenne le style et l’architecture, de sorte que maintenant je peux lui donner à l’oral les informations nécessaires pour qu’il la rédige : le sujet, les prix, le contenu des négociations. La version qui sort doit être retravaillée mais elle est déjà assez aboutie.
Nous pourrons utiliser l’outil comme un super-assistant les acheteurs doivent traiter 40 à 50 appels d’offres par an, dont des dossiers parfois très compliqués
Qu’est-ce que cela va changer au rôle de vos acheteurs ?
En trois mois, il est un peu tôt pour le dire. Mais nous pourrons utiliser l’outil comme un super-assistant les acheteurs doivent traiter 40 à 50 appels d’offres par an, dont des dossiers parfois très compliqués. Pour se délester des tâches à plus faible valeur ajoutée, nous sollicitons jusqu’ici des alternants. Nous allons désormais pouvoir les affecter à de petits achats plutôt qu’à des tâches ingrates. Cela va nous permettre d’aller beaucoup plus en profondeur, de consacrer plus de temps au sourcing, à la négociation, à des réponses plus construites. Le gain de temps apporté par l’IA va aussi nous permettre d’apporter beaucoup plus de valeur ajoutée sur des tâches complexes. Dans certains de nos appels d’offres, par exemple, les entreprises interrogées peuvent aussi devenir sponsors du club. Nous devons donc analyser leurs offres dans les deux sens. C’est un travail de qualification de longue à haleine avec nos équipes sponsoring.
Les membres de l’équipe achats sont-ils enthousiastes vis-à-vis de cette évolution ?
Aujourd’hui, dans toutes les entreprises, tous les jeunes acheteurs utilisent Chat GPT pour gagner du temps dans la rédaction de leurs cahiers des charges. Il faut normaliser, cadrer et sécuriser cet usage. L’initiative de notre DSI consistant à centraliser et sécuriser notre usage de Chat GPT est donc une action préventive et une action pédagogique. Cela permet aussi de pousser les acheteurs plus chevronnés à s’y mettre grâce aux formations dont nous avons bénéficié.
Quel est votre socle SI Achats ?
Nous n’avons qu’un outil interne de gestion des appels d’offres.
A défaut d’outils e-achat, envisagez-vous d’utiliser l’IA générative pour gagner en visibilité sur la data de vos dépenses ?
Cela nous intéresse en effet. Pour gérer la dépense, nous travaillons encore en direct avec la Finance et les contrôleurs de gestion. Aujourd’hui nous devons essayer de récupérer tous les budgets des années passées pour construire la feuille de route de nos appels d’offres de l’année à venir. Pour cela nous passons beaucoup de temps avec les contrôleurs de gestion, le service juridique et les 19 directions du PSG. L’avantage de cet énorme travail c’est qu’il nous permet d’être encore plus proche de nos clients internes. Un outil d’IA pourrait nous aider dans cette tâche. Nous étudions cela dit la possibilité d’adopter un outil e-achat.