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François Tourrette : « Avoir des éléments pour comparer l’empreinte carbone de deux prestataires »

Par Guillaume Trecan | Le | Prestations intellectuelles

Le président de Brapi (Benchmark des responsables achats de prestations intellectuelles), François Tourrette, a conçu avec le Crai (Club des responsables achats informatique) un outil de mesure de l’empreinte carbone de achats de prestations intellectuelles et explique l’enjeu de cette mesure. Il sera grand témoin sur l’atelier « quel critère RSE dans ses achats de prestations intellectuelles ? », le 10 juin, à 1h30, lors des HA ! Days Prestations intellectuelles.

François Tourrette, Brapi. - © D.R.
François Tourrette, Brapi. - © D.R.

Quel degré de prise en compte de la RSE percevez-vous chez les acheteurs de prestations intellectuelles ?

Les acheteurs de prestations intellectuelles s’intéressent naturellement à la dimension sociale de la RSE sur leur périmètre et, depuis deux ou trois ans, ils intègrent dans leur panel des entreprises du secteur adapté et protégé. C’est le principal critère RSE qui ressort de leur approche, les autres étant plus compliqués à mettre en œuvre ou à mesurer. Le sujet des achats inclusifs avance cela dit très progressivement dans les achats de prestations intellectuelles parce que, si les acheteurs sont moteurs, les opérationnels ne le sont pas toujours autant. C’est le principal frein à la prise en compte de la RSE dans les achats de prestations intellectuelles.

Les plateformes d’intermédiation et les acteurs du portage salarial donnent-ils la possibilité d’identifier des profils d’indépendants sous statut de TIH (travailleurs indépendants handicapés) ?

La plupart des acteurs donnent la possibilité de tracer ce critère. Mais cumuler les statuts de travailleur indépendant et de travailleur handicapé complique la situation. Faire progresser un objectif de recours au TIH demande un accompagnement particulier. Ce n’est pas une démarche instantanée.

Pour des entreprises dont le montant d’achats de prestations intellectuelles est très important, les volumes font que l’empreinte carbone des prestations intellectuelles commence à être significative

Par quel angle peut-on prendre en compte la dimension environnementale des achats de prestations intellectuelles ?

Au niveau individuel, ce critère est peu significatif mais, pour des entreprises dont le montant d’achats de prestations intellectuelles est très important, les volumes font que l’empreinte carbone des prestations intellectuelles commence à être significative et cela devient intéressant de mesurer. Quelques directions achats commencent à avoir la volonté d’intégrer cet élément dans leurs critères du choix de leurs prestataires. Quels que soient les volumes, avec la nouvelle réglementation CSRD qui s’impose aux directions achats, il est nécessaire d’avoir des éléments mesurables, comparables et auditables.

Vous avez-vous-mêmes conçu un outil de mesure de l’empreinte carbone des prestations intellectuelles. Qu’est-ce qu’il convient de prendre en compte ?

Les principaux postes de consommation de carbone concernant une prestation intellectuelle sont les déplacements, le logement et les outils de travail. La qualité et l’efficacité des outils de travail, notamment informatiques a en effet une influence directe sur la qualité et la durée de la mission. Il est aussi possible de prendre en compte l’équipement et les consommables. On peut rentrer dans une foule de détails mais il est primordial de tenir compte du poids que renseigner ces informations peut être assez lourd pour le prestataire. Il ne faut pas aller trop loin dans ces questions, la relation doit rester fluide. L’idée centrale consiste à avoir des éléments pour comparer l’empreinte carbone de deux prestataires.

Nous construisons une grille qui permet de remplir rapidement un certain nombre de champs sur l’empreinte carbone de la mission

Plusieurs acheteurs de prestations intellectuelles de grands groupes membres de Brapi ont manifesté le besoin d’avoir un outil commun pour avancer sur cette question. Nous nous sommes rapprochés du Crai (Club des responsables achat informatique) qui dispose également d’une communauté d’acheteurs d’IT hardware et software.

Nous construisons une grille qui leur permet de remplir rapidement un certain nombre de champs sur l’empreinte carbone de la mission a priori et a posteriori. Pour chaque mission, le prestataire devra répondre à quelques questions très simples et nous mettrons en face le poids carbone estimé. A partir de ces réponses, nous attribuerons une note au prestataire. L’objectif, dans un premier temps, c’est être capable de disposer d’un reporting par rapport à aux contraintes européennes de CSRD. Dans un deuxième temps, il s’agit de pouvoir fonder une démarche de progrès par rapport à un instant T.