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Hausse sans précédent des défaillances d’entreprises

Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité

Jamais la France n’avait enregistré une hausse des défaillances aussi importante (environ 50 % vs 2021) nous apprend Altares Dun & Bradstreet dans son étude et bilan des défaillances et sauvegardes des entreprises. En 2022, ce sont quelque 42 500 défaillances d’entreprises qui ont été recensées, dont 12 256 pour le seul quatrième trimestre, soit près de de 29 % du volume total de l’année écoulée. 

Hausse sans précédent des défaillances d’entreprises
Hausse sans précédent des défaillances d’entreprises

Le nombre total de procédures reste bien inférieur - de 10 000 pour être précis - au niveau enregistré en 2019. Néanmoins, avec pas moins de 42 500 procédures ouvertes sur l’année 2022, le nombre de défaillances « accuse une hausse exceptionnelle de près de 50 % par rapport à 2021 », indiquent les équipes d’Altares. Un taux historique, tout simplement jamais observé dans le passé.

Les PME en (grande) peine

Une situation alarmante qui touche plus particulièrement les TPE, PME et jeunes entreprises. En effet, en 2022, plus de 3 200 PME ont défailli, avec le tiers (1037) sur le seul quatrième trimestre. Une hausse exceptionnelle de 78 % sur an, puisqu’en 2021, seules 1800 structures de ce type avaient connu une procédure de défaillance. Un chiffre et un taux pour le moins inquiétants, d’autant que les données mises en avant par Altares ne tiennent pas compte des cessations volontaires d’activité. Plus de 140 000 emplois directs seraient ainsi menacés selon l’étude menée par Altares, soit plus de trois emplois par défaut en moyenne et plus de 50 000 emplois vs 2021.

Si le risque de défaillance a été de prime abord comprimé grâce aux différents dispositifs d’aides publiques, la vague, elle, est violente. La crise sanitaire, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la tendance haussière et les difficultés liées au sujet de l’énergie sont autant de turbulences qui s’ajoutent au quotidien des entreprises depuis trois années désormais. Et beaucoup d’entre elles ne semblent plus pouvoir sortir la tête de l’eau, tant la situation se dégrade et leurs fonds propres mis à mal.

La hausse des défaillances touche aussi les plus grandes sociétés

Les plus grandes structures ne sont pas immunisées du risque de défaillance, bien au contraire. Si elles ne vacillent pas dans des proportions similaires à celles des TPE / PME, elles ne sont pas épargnées, bien au contraire. Près d’une centaine (95) ont ainsi fait l’objet d’une procédure en 2022, soit une hausse non négligeable de 28 % par rapport à 2021. Le nombre de défaillances est néanmoins contenu et très en dessous de la hausse globale sur l’année écoulée.

Les procédures de sauvegarde pèsent peu dans la balance

Si le nombre de procédures de sauvegarde connaît son niveau le plus élevé sur cinq ans, il reste toutefois peu important. Ce dispositif réservé aux entreprises n’étant pas en cessation de paiement représente à peine 3 % de l’ensemble des procédures de sauvegarde sur le territoire. Avec 1125 jugements prononcés en 2022, le nombre de procédures de sauvegarde n’est en rien comparable aux procédures judiciaires (10 132 jugements) et liquidations judiciaires (+ 31 000). Néanmoins, le rythme des procédures de sauvegarde s’accélère fortement, une augmentation de 54 % vs 2021.

Les procédures et liquidations augmentent vite, très vite

De la même façon, les liquidations judiciaires ouvertes augmentent extrêmement rapidement, avec une hausse de 48 % sur l’année 2022 par rapport à 2021. Au quatrième trimestre de l’année écoulée, pas moins de 8 879 liquidations judiciaires ont été prononcées, soit une hausse de 45 %. Depuis 2020, « les liquidations judiciaires concentrent les trois quarts des jugements prononcés contre les deux tiers avant Covid ». Les procédures de redressement augmentent de leur côté encore plus fortement (+ 56 % sur un an). 

Le BtoB fragilisé

Si les activités BtoC sont plus éprouvées, le BtoB est lui aussi en grande difficulté. Le secteur de la construction traverse des moments pour le moins difficiles, concentrant près du quart des faillites. Plus de 10 000 procédures ont été ouvertes sur l’année 2022, soit une hausse de presque 34 % par rapport à 2021. « Une tendance inférieure à la moyenne nationale (+49,9 %), portée par le gros œuvre (2 874 ; +22,8 %) et en particulier la maçonnerie générale (+22,3 %) », tempère cependant l’étude. Le second œuvre ne peut en revanche en dire autant, avec près de 5 000 défauts enregistrés sur l’année 2022, soit une hausse de 51 %. 

Dans l’industrie, les défaillances d’entreprises bondissent également, avec plus de 3 000 procédures ouvertes en 2022 (+ 68 %). L’imprimerie et les activités de l’énergie, de l’eau et de l’environnement affichent d’ailleurs une dégradation pour le moins sévère. Il en va de même pour les transporteurs de marchandises (1 000 défaillances, soit une hausse de 61 %). Inversement, dans les services aux entreprises, « la hausse est limitée » (+ 32 %). Quelques activités, dont l’ingénierie, comptent cependant plus de défauts qu’en 2019.

L’Île-de-France et la région Provence-Alpes-Côte-D’azur résistent le mieux

Si l’Île-de-France et la région Provence-Alpes-Côte-D’azur parviennent à contenir la hausse des défaillances sous les 40 %, la hausse avoisine au moins 50 % sur un an dans toutes les autres régions du pays. La Bourgogne-France-Comté, le Grand-Est et le Pays-de-la-Loire sont celles qui luttent le mieux dans le peloton, tandis que la Bretagne (+ 60 %), la Normandie (+ 65 %) la Corse (66 %), l’Occitanie (+ 68 %) et surtout les Hauts-de-France (+77 %) sont soumises à une hausse exponentielle des défaillances.