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Baromètre Obsar : la cartographie des risques reste trop peu répandue

Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité

L’Observatoire des Achats responsables a publié les résultats de son baromètre, édition 2023. L’étude pointe une nouvelle fois l’importance des critères RSE dans les politiques achats des secteurs public et privé, signalant néanmoins certaines insuffisances.

Baromètre Obsar : la cartographie des risques reste trop peu répandue
Baromètre Obsar : la cartographie des risques reste trop peu répandue

Le caractère incontournable des achats responsables n’est aujourd’hui plus à discuter, en témoigne la première analyse rapportée par l’Obsar au sein de son baromètre, le 14ème du nom : plus de 9 organisations sur 10 sont désormais engagées (ou sur le point de le faire) dans une démarche achats responsables. Néanmoins certaines font encore de la résistance ; en effet, 7 % des interrogés n’ont ni politique achats responsables ni le projet d’en mettre une en place.

Selon les résultats du baromètre 2023 de l’Obsar, 9 organisations sur 10 sont engagées ou sur le point de s’engager dans une démarche achats responsables. - © D.R.
Selon les résultats du baromètre 2023 de l’Obsar, 9 organisations sur 10 sont engagées ou sur le point de s’engager dans une démarche achats responsables. - © D.R.

Les leaders en matière de politique achats responsables restent les grandes entreprises, les ETI et PME suivant peu à peu (et de plus en plus) le mouvement. Au demeurant, 28 % des adhérents de l’Obsar indiquent avoir établi une politique achats responsables depuis plus de 10 ans. À titre de comparaison, elles n’étaient que 23 % l’année passée. En retour, 18 % des répondants assurent avoir mis en place une politique achats responsables depuis moins de deux ans.

Des raisons diverses qui expliquent l’engagement

Dans le secteur public, la réglementation (87 %), les politiques publiques (84 %) ainsi que l’éthique (82 %) arrivent en tête des raisons de l’engagement. Dans le secteur privé, les répondants évoquent en majorité l’alignement avec la raison d’être de l’entreprise (94 %), suivies de près par l’éthique là-aussi (88 %) et les attentes clients (87 %).

Un recours aux cartographies des risques tout relatif

Si 78 % des interrogés ont franchi l’étape de l’identification des enjeux en matière d’achats responsables, ils sont beaucoup moins nombreux (47 %) à établir une cartographie formalisée des enjeux et des risques - qui constitue une obligation pour être labellisé RFAR. Plus de 90 % des grands groupes ont réalisé une cartographie formalisée aux enjeux RSE, contre seulement 34 % des PME.

Alors que les grandes structures sont poussées à se mettre en conformité avec les obligations de la loi sur le devoir de vigilance, les petites et moyennes entreprises peuvent percevoir l’exercice comme « trop complexe », explique l’Obsar. Néanmoins, plus de 7 entreprises sur 10 (72 %) affirment avoir identifié les enjeux en matière d’achats responsables, permettant de mettre le pied à l’étrier. La publication d’engagements chiffrés reste à l’opposé encore bas, tout comme la formalisation d’un processus Achats Responsables formalisé.

Si le manque d’indicateurs de mesure d’amélioration de la performance est encore cité comme un frein au développement d’une politique achats responsables (35 %), il l’est moins qu’en 2022 (44 %). Le manque d’expertise est également évoqué (36 %), tout comme le manque de de temps et de ressources affectés en interne (63 %), vu comme le principal obstacle au déploiement en masse des achats responsables.

Les délais de paiement ne progressent que trop peu

Face à la tendance haussière, le secteur public et les grandes entreprises accordent de plus en plus de facilités de paiement à leurs fournisseurs. Cependant, en matière de délais de paiement, les améliorations sont loin d’être abondantes. Bien au contraire, le baromètre de l’Obsar indiquant que les grandes entreprises et le secteur publics demeurent encore trop peu appliquées sur le sujet.

En globalité, à peine 25 % des répondants assurent payer leurs fournisseurs dans les 30 jours en moyenne, soit une baisse de 4 points vs 2022. Inversement, 6 % des 216 répondants avouent rétribuer leurs fournisseurs dans un délai supérieur à 60 jours.

En matière de délais de paiement, de gros progrès doivent être réalisés par les donneurs d’ordres - © D.R.
En matière de délais de paiement, de gros progrès doivent être réalisés par les donneurs d’ordres - © D.R.

Des pratiques qui évoluent

Sur le plan environnemental, les actions en faveur de la sobriété́, notamment énergétique, sont celles qui ont mobilisé́ le plus les acteurs interrogés (76 %). La réduction des déchets est un autre sujet qui concentre les efforts des répondants ; 75 % d’entre eux ayant fixé des objectifs et (ou) défini des actions sur le sujet. Sur le plan sociétal et social, tous les thèmes (préserver la santé et la sécurité des personnes ; protéger les droits de l’homme ; assurer des conditions de travail dignes) semblent maintenant traités avec la même importance.

L’ordre des thèmes sociaux ne varie pas par rapport à 2022, mais tous sont majoritairement jugés comme très important désormais - © D.R.
L’ordre des thèmes sociaux ne varie pas par rapport à 2022, mais tous sont majoritairement jugés comme très important désormais - © D.R.

Concernant le sourcing, la pratique pointe davantage sur le nearshoring ; les acteurs Achats recherchant majoritairement des fournisseurs locaux/régionaux/français. Le recours aux entreprises du territoire est en effet le thème sociétal le plus plébiscité par les répondants (un taux qui monte à plus de 60 % pour les grandes entreprises). Une réponse qui se recoupe avec l’appel aux entreprises françaises qui progresse de façon significative, de même que celui aux PME. La requalification du besoin est également de plus en plus prégnante, aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public ; témoignant d’une certaine évolution des pratiques en matière d’achats.