Solution et techno

Le Lab Pareto continue à rapprocher PME et grands groupes

Par Mehdi Arhab | Le | Décisionnel

Des ateliers de travail, l’expérience originale du « Vis ma vie », un futur outil de matching entre organisations de tailles différentes et des initiatives de co-développement : le Lab Pareto pullule toujours autant d’idées audacieuses et bien pensées afin d’œuvrer pour favoriser la création d’emplois et valoriser les PME dans les territoires. Pour ce faire, elle fédère une communauté solide et engagée de directeurs achats grands groupes et de dirigeants de PME.

Charly Gaillard, président du Lab Pareto  - © D.R.
Charly Gaillard, président du Lab Pareto - © D.R.

Fondé en 2015 par le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) afin d’aider les PME et TPE à travailler davantage avec les grands groupes, le Lab Pareto continue de gagner en visibilité, en témoigne la réussite de son dernier Lab, qui s’est tenu en distanciel le 27 septembre dernier. La reconnaissance de l’association, qui organisera un nouvel atelier le 31 janvier prochain, possiblement en présentiel, ne cesse donc de croître depuis deux ans. La tourmente de la période Covid a en effet incité les administrateurs à revoir la proposition de valeur de l’association.

« La bascule de certains de nos événements en digital nous a permis de toucher plus de monde, fait savoir Charly Gaillard, dirigeant de DrivenSpark et président du Lab Pareto depuis février dernier. Le Covid a été un genre d’accélérateur, nous obligeant à réfléchir et proposer des formats nouveaux, comme le ‘‘dialogue digital‘‘, d’une heure et demie, avec la prise de parole d’un intervenant. Ce projet avait pour mission de soutenir les acteurs dans ces moments difficiles sur divers sujets et in fine faire profiter aux acheteurs et fournisseurs d’échanges constructifs et fertiles qui génèrent de vraies solutions ».

Explosion des adhésions

Parmi les sujets traités lors des sessions organisées par le Lab Pareto, l’inflation et les ruptures d’approvisionnement bien sûr, les besoins de médiations liés à des difficultés relationnelles et la cotraitance. D’autres thématiques sont également présentes dans les débats, comme l’accès à la commande publique, ou encore la dépendance économique. Pour les Achats, le besoin de repenser sa façon d’opérer, en achetant de manière plus responsable, a raffermi l’utilité de l’association. Preuve en est avec le nombre d’adhésions à l’association qui a tout simplement triplé depuis la fin de l’année 2021. 

Créer de vraies relations d’affaires ainsi que des partenariats qui dépassent la simple relation client-fournisseur

Une tendance qui s’explique aisément : les directions achats peuvent de leur côté pratiquer un sourcing qualifié clé en main, tandis que les PME, elles, peuvent modeler leur posture et se rapprocher d’un monde qu’elles pensent parfois inaccessible. « Le Momentum nous aide grandement. Ce rapprochement entre RSE et Achats, nous n’aurions pas pu l’imaginer aussi rapide. Nous voulons se faire rencontrer des PME et des directions achats qui n’arriveraient pas à sourcer de potentiels fournisseurs sur des catégories d’achats spécifiques et créer de vraies relations d’affaires ainsi que des partenariats qui dépassent la simple relation client-fournisseur », explique Charly Gaillard.

Un renforcement de l’offre prévu

Porté par cette dynamique favorable, le Lab Pareto engage de nombreux projets d’envergure. Aux divers ateliers de travail (‘‘dialogue digital‘ ‘donc et trois ‘‘Lab‘‘ par an, en présentiel ou en visioconférence) et au processus « Vis ma vie » qui font la richesse de son offre, va s’ajouter prochainement un outil de matching entre PME et grands groupes. Des commissions de co-développement qui permettront aux participants de se rencontrer et de s’entretenir sur leurs problématiques verront également le jour incessamment.

Tout cette activité et cette énergie de l’association poussent de nombreuses directions achats de grands groupes, publics et privés, à se prendre au jeu et à se laisser tenter par l’aventure du Lab Pareto, parmi lesquelles la structure des achats de Pôle Emploi et de Covéa. Jean-Christophe Loyer, responsable du département métier achats du groupe d’assurance est d’ailleurs le secrétaire général de l’association. Une fonction qu’il exerce en qualité de bénévole.

Ingéniosité au service de l’intelligence collective et des affaires

La direction achats d’un grand groupe chargé de l’aménagement du réseau de distribution d’électricité va au demeurant entraîner jusqu’à la fin de l’année ses recrues dans l’expérience du « Vis ma vie ». Un format lors duquel un binôme acheteur grand groupe-dirigeant de PME est constitué afin que chacun puisse aller à la rencontre de l’autre, le temps d’une journée, et percevoir les contraintes propres à chacun.

Un programme plébiscité par tous et qui rencontre un succès presque inattendu. « Il existe un consensus absolu autour de ce programme, se félicite Charly Gaillard. Nous allons accompagner tous les nouveaux arrivants au sein de la direction des achats de cette entreprise. Ils passeront par ce pairage avec un dirigeant de PME/TPE pour mieux comprendre l’incidence de leurs actes et décisions ».

Un maillage régional pour toucher le plus grand nombre 

La déclinaison régionale du Lab pour mieux adresser l’offre de l’association représente en outre un axe majeur de développement aux yeux de Charly Gaillard. Une initiative stratégique qui forme un des pivots de son mandat et qui à ce titre oblige à la mobilisation de nombre d’intervenants locaux. « L’un des grands objectifs du Lab est de créer de l’emploi dans les territoires et pour cela il faut être visible dans les régions », avance le président du Lab Pareto. Une approche qui prend finalement l’apparence d’un impératif, tant le besoin pour les PME d’occasionner davantage de chiffre d’affaires est important en ces temps de crise.

En poussant les donneurs d’ordres à considérer les TPE/PME comme un potentiel d’innovation, à mieux évaluer les risques de paupérisation du tissu industriel régional et à lutter contre la désertification des territoires, le Lab Pareto est parvenu à se faire un nom auprès de la puissance publique. La structure, qui compte huit administrateurs bénévoles, une coordinatrice de projet et une chargée de projet, bénéficie de subventions et peut compter sur le soutien de partenaires financiers et non financiers, avec en premier lieu l'Adra, la Médiation des entreprises ou encore le Mouvement Impact France. Reste maintenant à la petite association de faire valoir sa parole et aiguiser son plan de communication.

Il me paraît souhaitable d’intégrer des dirigeants de PME à la gouvernance du PNAD

« Il est indispensable d’aller vers plus d’achats durables, inclusifs et responsables. Cela passe par la sensibilisation des pouvoirs publics. Dernièrement, nous nous rapprochons de la gouvernance du PNAD, qui n’est malheureusement composée que d’acheteurs. Pourtant, il me paraît souhaitable d’y intégrer des dirigeants de PME, qui sont à même de dire s’il est possible ou non de répondre aux critères posés par cet outil », défend Charly Gaillard