ChapsVision repense ses achats pour sécuriser son modèle d’hypercroissance
ChapsVision, éditeur français de logiciels dédié au traitement souverain de la donnée, a connu une expansion rapide depuis sa création en 2019, portée par une trentaine d’acquisitions en cinq ans et un projet d’introduction en Bourse envisagé à l’horizon 2028-2029. Son directeur financier, Charlie Feurprier, revient sur la structuration de la fonction achats, devenue essentielle pour soutenir cette hypercroissance.
Chez ChapsVision, la croissance n’a rien d’un long fleuve tranquille. En cinq ans, l’acteur français de la donnée souveraine a mené une expansion fulgurante, marquée par une trentaine d’acquisitions, un chiffre d’affaires approchant les 200 M€ en 2024 et la préparation d’une possible introduction en Bourse autour de 2028-2029. Dans ce contexte, la fonction achats s’impose comme un pilier de fiabilité financière. Charly Feurprier, directeur financier (CFO) du groupe rappelle : « Lorsque je suis arrivé début 2020, il n’y avait que deux acquisitions. Depuis, nous en avons en a fait une trentaine ».
Il faut mettre en perspective ce que la cible fait avec ce que nous faisons déjà, pour voir où se situent les doublons, les écarts et les leviers de synergies possibles.
À chaque acquisition, ChapsVision intègre des organisations aux pratiques achats très variées : process disparates, outils hétérogènes, référentiels différents. Charly Feurprier le résume ainsi : « Chaque société a ses propres modes de fonctionnement. Nous avons vraiment un enjeu d’intégration et d’homogénéisation. Certaines entités rachetées ne disposaient d’aucun process structuré, tandis que d’autres avaient développé leurs propres référentiels. »
Avant d’intégrer une nouvelle société, le groupe réalise désormais une revue complète de ses pratiques achats. Cette analyse permet de comprendre comment les achats sont pilotés, d’identifier les risques éventuels, et de comparer les contrats existants avec ceux du groupe. Comme le confirme Charly Feurprier l’enjeu est double : « capter les synergies possibles et sécuriser des engagements qui, dans un contexte d’hypercroissance, se multiplient très rapidement. Il faut mettre en perspective ce que la cible fait avec ce que nous faisons déjà, pour voir où se situent les doublons, les écarts et les leviers de synergies possibles. »
Un projet d’entrée en Bourse qui renforce la pression sur la fonction achats
Si la structuration achats devient prioritaire, c’est aussi parce que ChapsVision prépare une étape majeure : une possible introduction en Bourse à l’horizon 2028-2029. Pour un groupe en croissance rapide, cet objectif impose une discipline accrue, tant sur la prévisibilité des dépenses que sur leur consolidation. Et Charlie Feurprier d’annoncer « Les marchés sont très exigeants sur la fiabilité et la visibilité des chiffres, qu’il s’agisse du revenu, du niveau d’engagements ou des coûts d’exploitation ».
L’introduction en Bourse ne se prépare pas en six mois. C’est une trajectoire qui impose de la rigueur et une structuration profonde.
Dans cette optique, la fonction achats devient un pilier de gouvernance. Chaque engagement doit être tracé, anticipé et intégré dans un pilotage financier rigoureux. Le déploiement en cours d’un outil de procurement répond à cet objectif, comme le souligne Charly Feurprier : « Nous sommes en cours de déploiement d’un outil de procurement qui va nous aider vraiment à identifier l’ensemble des achats réalisés. » Cet outil doit permettre au groupe de mieux consolider les engagements et de renforcer la prévisibilité financière. Sur ce point le CFO rappelle à quel point ce chantier impose de la discipline :« L’introduction en Bourse ne se prépare pas en six mois. C’est une trajectoire qui impose de la rigueur et une structuration profonde. »
Souveraineté et décarbonation : une chaîne achats sous contraintes
Le groupe s’appuie également sur un comité d’éthique indépendant, capable de statuer sur des fournisseurs jugés sensibles ou des zones géographiques incompatibles avec son positionnement. Charlie Feurprier souligne :« Nous devons être irréprochables avec nos clients, et cela passe aussi par le choix de nos fournisseurs ». ChapsVision s’est engagé dans une démarche de décarbonation alignée avec les standards scientifiques internationaux et attend de ses fournisseurs qu’ils adoptent eux aussi des démarches de décarbonation.
Si la fonction achats est aujourd’hui pilotée au sein de la direction financière, le CFO ne ferme pas la porte à une évolution organisationnelle. Il précise : « Avec les ambitions du groupe, il est tout à fait possible qu’à terme nous ayons une vraie direction achats à part entière. » Après plusieurs années d’acquisitions successives, ChapsVision entre désormais dans une phase où sa capacité à structurer et orchestrer ses achats pèsera directement sur la solidité de son modèle.