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Heppner : « Nous rencontrons une pénurie sensible sur les achats d’intérim »

Par Guillaume Trecan | Le | Direction ha

Pour contrer la pénurie de main d’œuvre dont elle souffre dans les métiers du transport et de la logistique, la directrice achats du groupe familiale Heppner, Stéphanie Berthet, met moins la pression sur les prix que sur des exigences qualitatives. Une relation refondée avec les agences d’intérim prenant acte d’une situation d’interdépendance.

Stéphanie Berthet, directrice achats d’Heppner. - © D.R.
Stéphanie Berthet, directrice achats d’Heppner. - © D.R.

Dans quelles catégories d’achats de services souffrez-vous d’une pénurie de main d’œuvre ?

Nous rencontrons une pénurie très sensible dans l’intérim. Dans le transport, nous avons en effet recours à un grand nombre d’intérimaires pour les fonctions de chauffeurs et de caristes. Ces métiers sont en tension, notamment du fait de leur pénibilité. L’état de pénurie sur les profils a aujourd’hui inversé le rapport de force.

Pour s’assurer d’avoir des profils et - qui plus est - des profils de qualité, nous avons revu notre politique achats sur cette famille, notamment en ce qui concerne les taux, avec en contrepartie, une attente forte sur les indicateurs de performance contractualisés avec nos ETT.

Quel volume d’emplois représentent vos besoins ?

Ils fluctuent en fonction de la conjoncture économique et des besoins de nos clients.

Sur quels KPI objectivez-vous vos prestataires d’intérim ?

Nous les objectivons sur les taux de CDII (CDI Interim). Nous mesurons aussi l’exécution réelle du contrat, le taux de transformation, c’est-à-dire leur capacité à nous proposer des profils de qualité et qui sont réellement présents. Nous suivons également le nombre d’intérimaires qui arrêtent les missions, le taux d’absentéisme de leurs intérimaires, la qualité de la facturation.

Nous travaillons aujourd’hui avec un panel plus large, avec lequel nous estimons pouvoir couvrir 75 % de nos besoins

Avez-vous changé quelque chose au référencement de vos agences d’intérim ?

Nous l’avons élargi. A mon arrivée, nous référencions un petit panel d’agences d’intérim mais le taux d’utilisation des contrats par les agences était très faible. Nous travaillons aujourd’hui avec un panel plus large, avec lequel nous estimons pouvoir couvrir 75 % de nos besoins. Le taux d’utilisation s’est amélioré, en effet, certaines sociétés d’intérim qui étaient hors contrat cadres, ont intégré le nouveau panel à la suite de notre appel d’offres. Nous avons aussi intégré des agences 100 % dématérialisées qui permettent un peu plus de souplesse et de réactivité.

Comment avez-vous fait évoluer la collaboration avec ces agences d’intérim ?

Nous avons pris le parti de piloter ces agences pour fiabiliser le service. En fin d’année, nous adressons un questionnaire en interne à nos utilisateurs pour les interroger sur les entreprises avec lesquelles ils travaillent, ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Nous questionnons également les entreprises de travail temporaire pour savoir comment fonctionne la relation avec nos propres agences et leur demander de nous remonter leurs pistes d’amélioration. Cette année, nous les challengeons par exemple beaucoup sur le travail des personnes en situation de handicap. De notre côté nous allons travailler avec la référente RH pour les accompagner.

Il faut être capable de mettre en place une relation intelligente avec ses prestataires et reconnaître que nous avons autant besoin d’eux, qu’eux de nous

Quels conseils donneriez-vous pour aborder cette catégorie d’achats particulière des achats d’intérim ?

Il faut avoir une approche différenciée sur chaque métier en tenant compte de la situation économique et des populations propres à chaque marché. Dans l’intérim nous n’avons évidemment pas le même sujet sur les métiers du transport que sur ceux de la comptabilité pour lesquels nous n’avons pas difficulté à trouver des intérimaires. Il faut être capable de mettre en place une relation intelligente avec ses prestataires et reconnaître que nous avons autant besoin d’eux, qu’eux de nous. Il peut d’ailleurs être très enrichissant d’échanger avec eux sur de nouveaux modèles d’organisation qu’ils ont mis en place dans d’autres entreprises et dont ils peuvent nous faire bénéficier.