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Le moral des Achats est en berne

Par Mehdi Arhab | Le | Direction ha

Dans un rapport dévoilé récemment, l'éditeur S2P Ivalua et le réseau d’affaires en ligne destiné aux professionnels des Achats Procurious, ont décortiqué les contraintes et risques auxquels sont confrontés les directions achats. Et entre les ruptures des chaînes d’approvisionnement, l’inflation, le conflit russo-ukrainien et la pénurie de talents, les craintes débordent. 

Le moral des Achats est en berne
Le moral des Achats est en berne

Après avoir été forcées de vivre deux ans durant avec les phénomènes de pénuries et les perturbations de leurs chaînes d’approvisionnement, les structures achats doivent désormais intégrer une nouvelle contrariété - et pas des moindres : l’inflation. 

Sur les 170 professionnels des achats et des chaînes d’approvisionnement interrogées dans ce sondage conduit par Ivalua et Procurious, ils sont 25 % à penser que les milieux d’affaires internationaux sont en récession et quasi tout autant (23 %) à estimer que si ce n’est pas encore le cas, ce n’est qu’une question de temps puisque la récession pointera le bout de son nez dès le premier trimestre 2023. Pour respectivement 87 % et 85 % d’entre eux, l’inflation et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement constituent des risques importants, voire sévères, pour les achats. 

Un problème de moyen

Selon les résultats de l’étude, 81 % des équipes se sentent forcées par la direction à répondre plus rapidement aux défis » de ce monde ; en tête bien sûr l’inflation et également les ruptures et perturbations de la chaîne d’approvisionnement. Or, dans le même temps, elles ne sont qu’à peine 21 % à avoir vu leurs effectifs augmenter et seulement 14 % ont bénéficié d’une augmentation de leur budget pour se confronter dans les meilleures conditions aux tensions de ce monde.

Un laisser-aller dans le choix des fournisseurs

Par ailleurs, 32 % des professionnels sollicités admettent avoir pris quelques libertés avec leurs critères de sélection, ajustant ainsi leurs KPI pour sécuriser leur approvisionnement. Cet abaissement des exigences et forme d’indulgence vis-à-vis des tiers fournisseurs au moment de vérifier leur solidité et sérieux pourrait occasionner des problèmes de qualité, d’éthique ou de durabilité. Le rapport pointe la nécessité pour les équipes achats « d’investir davantage dans les ressources humaines, les processus et les technologies pour leur permettre de respecter les normes d’approvisionnement, de maintenir les engagements et les valeurs ESG et de protéger les organisations face aux enjeux futurs du marché. »

Les chaînes d’approvisionnement durablement fragilisées

Alors qu’elle est pour eux une source d’inquiétude majeure depuis l’irruption de la Crise Covid en janvier 2020, la chaîne d’approvisionnement continue de tracasser les acheteurs. Près de la moitié des répondants (49 %) pensent d’ailleurs qu’elles ne retrouveront pas leur force et résilience opérationnelle de l’ère pré-Covid avant l’année 2024. Les perspectives sont même bien plus sombres pour 10 % des effectifs sondés qui estiment que les chaînes d’approvisionnement ne retrouveront jamais leur solidité d’antan et resteront fortement contractées.

Au demeurant, seules 24 % des équipes dirigeantes ont accéléré et augmenté les investissements dans de nouvelles solutions technologiques dédiées à la gestion de leurs achats et de la supply chain. Pour faire face autant que faire se peut aux enjeux actuels, les Achats ont continué à collaborer activement avec les fournisseurs (79 %) et se concentrent davantage sur la gestion des risques (64 %). 

Des difficultés à contenter les prescripteurs

Les restrictions liées à la pandémie de Covid, la pénurie de main d’œuvre, l’invasion de l’Ukraine par la Russie ou encore les barrières commerciales entre états sont autant d’éléments qui exacerbent les difficultés des acheteurs. Pour eux, il est bien difficile d’exercer en ces temps et de satisfaire leurs clients internes. Près de la moitié des acheteurs questionnés (46 %) jugent ne pas être en état de répondre correctement à la demande client. Parallèlement, pour 40 % d’entre eux, la satisfaction client diminue. Si elles sont plus de la moitié (52 %) à privilégier la continuité des activités et la résilience opérationnelle par rapport à d’autres impératifs, 46 % donnent la priorité à la satisfaction de leurs clients internes et au service.