Suez : « Nous adoptons une approche visant à voyager moins, mais mieux »
Marc-Antoine Leclercq, Global Travel Buyer du groupe Suez détaille les mesures mises en place par le groupe pour combiner les exigences de la politique voyages avec les attentes particulières des différents profils parmi les 13 000 voyageurs du groupe. Il sera grand témoin des HA Days Travel Mobilité, les 17 et 18 octobre 2026 à Deauville sur l’atelier : « Déplacements : adapter l’offre de mobilité aux profils des collaborateurs ».

Quelle est l’importance du voyage d’affaires chez Suez ?
Sur les 44 000 collaborateurs du groupe, nous comptons près de 13 000 voyageurs dans le monde. L’importance du voyage d’affaires se situe à différents niveaux : le suivi des chantiers en cours, nos nouveaux marchés, nos nouvelles implantations, la cohésion de nos équipes, la recherche continue de l’innovation. Nous travaillons actuellement avec plusieurs agences de voyage et nous prévoyons de rationnaliser ce panel dans l’optique d’une régionalisation d’agences.
C’est pourquoi nous avons une équipe globale au siège qui centralise l’information et est en support de tous les pays. La principale préoccupation et l’enjeu majeur du groupe restent inchangés : garantir la santé et sécurité de nos salariés.
Cette dépense est-elle bien suivie ?
À ce jour, nous ne disposons pas d’un agrégateur de données à l’échelle mondiale, ce qui motive notre volonté de lancer des appels d’offres communs. En attendant, nous collectons et analysons les données grâce à nos référents Travel répartis dans différents pays. Ces référents, nous permettent de suivre les dépenses et de communiquer sur les bonnes pratiques en matière de voyages d’affaire.
Notre Politique Voyage en Entreprise (PVE) avait été temporairement renommée Politique de E-collaboration
Comment a évolué la pratique du voyage d’affaires depuis le Covid ? Constatez-vous un basculement des attentes et des pratiques de vos collaborateurs ?
La pandémie de Covid-19 a profondément transformé les habitudes de voyage. Elle a notamment conduit les collaborateurs à repenser l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, avec le télétravail souvent perçu comme un acquis. En réponse à ces évolutions, notre Politique Voyage en Entreprise (PVE) avait été temporairement renommée Politique de E-collaboration, avec une question clé : « Mon déplacement est-il nécessaire ? ». Bien que l’ancienne appellation soit en cours de réintroduction, nous continuons à encourager les collaborateurs à évaluer la pertinence et la valeur ajoutée de leurs déplacements.
Pour les voyages physiques, notamment à vocation commerciale ou de représentation, nous mettons un point d’honneur à améliorer l’expérience des voyageurs. Nous veillons à leur bien-être et à la qualité de leurs déplacements.
Comment se traduit cette montée en qualité de ce type de voyages à forte plus-value ?
Nous adoptons une approche visant à voyager moins, mais mieux. Cette approche, permet de réduire l’empreinte environnementale en limitant les trajets aériens, tout en prenant en compte la santé physique et mentale de nos voyageurs.
Pour les missions de longue durée ou les déplacements fréquents, nous privilégions des solutions comme les appart’hôtels, qui offrent davantage de commodités et permettent de négocier des tarifs dégressifs.
Quelles sont les grandes exigences de votre politique achats voyages avec lesquels les voyageurs du groupe doivent s’accorder ?
Il existe différents sujets sur lesquels nous nous efforçons de faire progresser les voyageurs. C’est le cas notamment de la digitalisation. Nous encourageons l’adoption du Self-Booking via des outils intégrés dans notre OBT (Online Booking Tool). Ces outils permettent aux collaborateurs de gérer eux-mêmes leurs déplacements tout en respectant les critères de notre politique voyage. Pour que cela fonctionne il faut être en permanence vigilant sur les paramétrages des outils, qui doivent être alignés aux critères de notre politique voyage, à ses modifications, ses révisions.
La durabilité est devenue un enjeu clé, juste après la sécurité et l’aspect économique
Nous insistons sur le respect de la politique voyage et sur l’intégration de critères environnementaux. La durabilité est devenue un enjeu clé, juste après la sécurité et l’aspect économique. Nous favorisons les mobilités douces, la réduction de l’empreinte carbone et les partenariats avec des fournisseurs labellisés.
La RSE dans son ensemble est un levier stratégique, source d’évitement de coûts et d’alignement entre nos pratiques et nos engagements environnementaux.
Menez-vous des enquêtes auprès des collaborateurs du groupe pour mesurer leur satisfaction ?
Nous réalisons des enquêtes, mais le taux de réponse reste faible (environ 15 %). Pour pallier ce manque, nous nous appuyons sur des benchmarks, des groupes de travail et des études spécialisées pour identifier les tendances et les attentes des collaborateurs.
Le taux de leakage, est-il un indicateur que vous surveillez ?
Absolument. Le taux de « leakage » (ou taux de contournement des outils et politiques de voyage) est un indicateur important. Chez Suez, nous avons la chance de bénéficier d’un taux d’adoption globalement élevé, à l’exception de l’hôtellerie, un défi partagé par de nombreuses entreprises.
Au-delà du simple critère de prix, l’utilisation des canaux recommandés permet de générer des données exploitables, de renforcer nos partenariats stratégiques et d’optimiser nos analyses
Malgré la mise en place d’un programme hôtel structuré, de campagnes de communication ciblées et d’interventions de fournisseurs spécialisés, il reste essentiel de sensibiliser davantage nos collaborateurs. L’objectif est de leur faire comprendre que, au-delà du simple critère de prix, l’utilisation des canaux recommandés permet de générer des données exploitables, de renforcer nos partenariats stratégiques et d’optimiser nos analyses T&E (Travel & Expense).
Comment communiquez-vous auprès des collaborateurs pour les convaincre de suivre vos suggestions d’aménagement de leur déplacement ?
Nous avons expérimenté plusieurs canaux de communication, tels que le mailing, SharePoint et Teams. Actuellement, nous misons sur une approche collaborative en testant le module Viva Engage, un réseau social intégré à la suite Microsoft. Nous y avons créé un Travel Group, dédié à la communauté « Travel », qui inclut les personnes impliquées dans cet écosystème : Travel Managers, acheteurs, assistants, comptables, et membres du département Sécurité.
Ce groupe nous permet de partager de manière interactive toutes les informations pertinentes : offres de nos partenaires, contrats (rail, hôtellerie, aérien), actualités, tutoriels et bonnes pratiques. Les membres sont invités à réagir, commenter, aimer, partager ou republier les contenus. Cet espace favorise également les échanges : poser des questions, remercier, interagir, ou encore célébrer des succès et mettre en avant des initiatives exemplaires. Cette approche collaborative renforce l’engagement et la diffusion des bonnes pratiques au sein de la communauté.
Quels sont les points sur lesquels vous voulez encore progresser pour améliorer la satisfaction des voyageurs ?
Nous avons identifié plusieurs axes d’amélioration pour optimiser l’expérience de nos voyageurs professionnels. Le premier est la reconnaissance du statut de voyageur professionnel. Cela inclut la mise en place de contrats spécifiques garantissant un niveau de service adapté. L’objectif est d’assurer une expérience fluide et rapide, en ligne avec leurs attentes. Le deuxième est l’amélioration du service client : Nous souhaitons renforcer la qualité et la disponibilité du service client, notamment en proposant une assistance multilingue accessible 24h/24 et 7j/7. Le dernier est l’amélioration continue des outils de réservation et de paramétrage : challenger nos prestataires sur le développement technologique afin de simplifier l’expérience et le suivi des voyageurs dès leur réservation.
En résumé, notre ambition est de continuer à améliorer l’expérience voyageur tout en alignant nos pratiques sur les attentes des collaborateurs et les objectifs de Suez.