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RSE : les entreprises françaises accélèrent et s’imposent dans le trio de tête mondial


Plus que jamais, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) s’affirme comme un moteur de compétitivité. L’étude 2025 d’EcoVadis et de la Médiation des entreprises, menée tous les deux ans, révèle que les entreprises françaises ont grimpé sur le podium mondial avec un score record de 60,4. PME et ETI tirent la dynamique bien plus qu’on ne pourrait le croire, notamment grâce à un virage décisif vers les achats responsables.

RSE : les entreprises françaises accélèrent et s’imposent dans le trio de tête mondial
RSE : les entreprises françaises accélèrent et s’imposent dans le trio de tête mondial

Le verdict est tombé et il est plutôt encourageant, même flatteur pour la France : avec 60,4 points de moyenne, les entreprises de l’Hexagone se sont installées sur le podium, plus exactement à la troisième place mondiale en matière de maturité RSE. Elles ne sont devancées que d’une courte tête par les entreprises finlandaises et suédoises. « Le résultat est très satisfaisant. Cela confirme notamment que les enjeux environnementaux et sociaux sont bien pris en compte par notre tissu économique », introduit Pierre Pelouzet, Médiateur des entreprises. L’étude, menée sur 10 000 entreprises françaises entre 2020 et 2024, confirme une tendance lourde : intégrer l’environnement, le social, l’éthique et les achats responsables n’est en rien un luxe mais bien une condition de survie économique pour le moins nécessaire.

Un chiffre illustre l’ampleur du mouvement dans le pays : pas moins 36 % des entreprises françaises dépassent aujourd’hui les 65 points, « un excellent score », se félicite Nicolas Mohr, directeur général de la Médiation. Les entreprises françaises s’affirment ainsi comme de véritables « locomotives » de la transformation du monde économique. « Les entreprises du pays se positionnent de façon admirable sur les sujets RSE. Elles ne doivent de fait pas hésiter une seule seconde à en faire un facteur différenciant », poursuit le directeur général de la Médiation des entreprises.

Les achats responsables, terrain de jeu et champ de bataille

« C’est un élément qui sert à se différencier, mais aussi, et nous l’avons observé pendant la crise Covid, qui permet d’être résilient », embraye de son côté Sylvain Guyoton, chief rating officer d’Ecovadis. Les entreprises françaises se démarquent particulièrement sur les thèmes « social » et « droits humains » avec une excellente moyenne. Les grandes entreprises du pays, elles, sont reconnues pour leur avancées sur le thème « environnement ». « Les entreprises ont également grandement progressé sur le thème de l’éthique. Elles affichent un score de 55 en moyenne, contre 45 il y a dix ans. Il faut aussi dire que la loi Sapin II est passée par-là. « Toutes ont progressé et mis en place des systèmes bien plus robustes qui font aujourd’hui leur preuve », expose ce même Sylvain Guyoton.

Mais c’est sans doute sur le front des achats responsables que la France marque le plus de points et . En deux ans, les entreprises du pays ont gagné une place dans le classement mondial, et se hissent avec 59 % des entreprises qui déclarent avoir formalisé une politique en la matière en 2024 contre seulement 48 % en 2020, à la troisième place du classement général. « La thématique a très largement progressé à la faveur de la mise en place de politiques structurés dans le domaine », note Pierre Pelouzet. Les PME et ETI, longtemps en retrait et plus intéressées par leurs impacts directs, mènent désormais la danse : +2 à +3,2 points en moyenne, de quoi devancer leurs homologues étrangers. Les grandes entreprises, déjà bien avancées en la matière, affichent une progression spectaculaire de +7,3 points en deux ans. De quoi gagner une place et s’affirmer comme un dauphin solide. En clair : la RSE s’impose comme un réflexe transversal dans toutes les strates de l’économie.

Audits sur site chez les fournisseurs (44 %), accompagnement et formation (31 %), incitations récompensant les partenaires les plus vertueux (13 %) … les pratiques se professionnalisent à vitesse grand V. Certaines entreprises vont même jusqu’à sonder directement les salariés de leurs fournisseurs pour mesurer l’impact réel des engagements. « Ces enquêtes se multiplient », expliquent Sylvain Guyoton. En outre, plus d’une sur deux (54 %) cartographie désormais les risques RSE liés à ses achats. « Les achats responsables sont de plus en plus perçus comme une force et un moyen de solidifier sa chaîne d’approvisionnement », estime Pierre Pelouzet. Une révolution silencieuse, mais pour le moins stratégique afin de sécuriser les chaînes de valeur.

EcoVadis a par ailleurs durci sa méthodologie en 2024, exigeant des preuves concrètes. Politiques, actions et résultats sont passés au crible à travers sept indicateurs. Le label Relations Fournisseurs et Achats Responsables (RFAR), porté par la Médiation des entreprises et le CNA, devient un atout de poids. Autrement dit, il ne suffit plus d’afficher de bonnes intentions : il faut démontrer (surtout) leur efficacité.

Une vitrine et un facteur d’attractivité à exploiter davantage à l’international

Pour le Médiateur des entreprises comme pour EcoVadis, l’enjeu est désormais clair : transformer cette avance en avantage compétitif. « Vos bons résultats sont la vitrine du sérieux et de la performance de votre entreprise : faites-le savoir ! » : voilà en filigrane ce que martèlent les auteurs du rapport. Pour autant, quelques sorties ici et là de l’exécutif (ou du moins ce qu’il en reste dernièrement) et des institutions européennes ont parfois laissé entendre que les normes en la matière étaient (trop) étouffantes et freiné la compétitivité européenne. Or, l’étude affirme que la RSE est fondamentalement une source de compétitivité et octroie un avantage comparatif sur lequel les entreprises doivent capitaliser. Et sans normalisation, sans doute que les entreprises françaises ne seraient pas autant avant-gardistes.

L’étude se conclut tout de même par une mise en garde : rien n’est acquis. La pression réglementaire européenne, les attentes croissantes des consommateurs et les impératifs climatiques obligent à maintenir la cadence. Mais la trajectoire est tracée : la France a prouvé que durabilité et compétitivité pouvaient avancer main dans la main. In fine, la question n’est plus de savoir s’il faut investir dans la RSE, mais bien de savoir qui osera encore taire ses bienfaits.