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Bpifrance le Hub : « Aujourd’hui, une start-up va tout faire pour éviter la direction des achats »

Par Guillaume Trecan | Le | Direction ha

Bpifrance se mobilise pour réconcilier directions achats et startups. La Banque publique d’investissement lance pour cela un programme de conseil et d’accompagnement ouvert à une quinzaine de directeurs achats de grands groupes pour les aider à adapter leur méthode et leur positionnement. Explication par Benoit Roblin, directeur de Bpifrance Le Hub.

Benoit Roblin, directeur de Bpifrance Le Hub. - © D.R.
Benoit Roblin, directeur de Bpifrance Le Hub. - © D.R.

Qu’est ce qui a motivé le lancement du programme Direction achats pour l’innovation (DAPI) déployé par Bpifrance le Hub ?

En interrogeant les directions achats nous nous sommes rendu compte qu’il existe une déconnexion entre ce département et les directions innovations : 85 % considèrent que les startups sont très importantes pour innover mais 75 % jugent les délais entre l’expérimentation et l’industrialisation trop longs et 23 % seulement considèrent qu’intégrer l’innovation dans l’entreprise est une priorité. Notre programme est né sur la base de ce constat que les directions achats sont peu ou pas impliquées dans les décisions d’innovation.

Quel est le contenu du programme DAPI ?

C’est un accélérateur qui se décompose en un triptyque conseil, support académique et partage de savoir. La partie conseil est assurée par le cabinet Roland Berger et comprend un diagnostic de la maturité achats d’innovation et un support personnalisé sur les cas pratiques. La dimension partage académique est réalisée par le Master achats international de Kedge qui va fournir du contenu pour animer des ateliers bimestriels avec les directions achats. Ces ateliers porteront sur le cas concret d’un besoin de sourcing d’un grand groupe, avec l’objectif d’aller jusqu’au lancement d’une collaboration pérenne avec une startup. Le programme sera organisé en une promotion d’une quinzaine d’entreprises sur une durée de 12 mois (avec deux cas réels de six mois chacun)

Comment est-il financé ?

Il est co-financé par la BPI. Le reste à charge pour les participants est de 26 000 euros pour douze mois.

Aujourd’hui, une start-up va tout faire pour éviter la direction des achats

Outre la question du temps de traitement de la relation, qu’est-ce qu’il faudrait changer dans l’approche des startups par les directions achats ?

Si les startups évitent de passer par les Achats, c’est effectivement parce qu’elles craignent qu’elles allongent les délais mais aussi ajoutent de la complexité, en les obligeant à passer par une multiplicité d’interlocuteurs. Le fait est qu’aujourd’hui, une start-up va tout faire pour éviter la direction des achats. Dans les grands groupes, même la direction innovation essaye de court-circuiter la direction achats. Alors que le sourcing est une des missions principales de la direction achats, c’est la plupart du temps la direction innovation qui source les startups. L’idée de ce programme est de faire évoluer cette perception de la direction achats d’un service transactionnel à un département à valeur ajoutée susceptible d’accompagner la direction innovation dans l’achat de prestations de startups et de pérenniser la relation.

Quels sont les éléments de la boîte à outils que le programme DAPI va proposer aux directeurs achats ?

Cette boîte à outils va dépendre du diagnostic de maturité réalisé par Roland Berger et des outils qui seront préconisés pour faire progresser l’entreprise. Cela peut être l’utilisation d’un clausier standard, une adaptation des seuils de dépendance ou encore une évolution organisationnelle à même d’améliorer les relations avec la direction achats… Les préconisations seront à chaque fois sur mesure par rapport aux conclusions du diagnostic.

Nous engageons cette démarche pour répondre à un des objectifs de BPI qui est de renforcer la souveraineté nationale

Allez-vous jouer un rôle de médiateur entre les startups portées par Bpifrance et les directions achats impliquées dans le programme ?

Les entreprises décideront elles-mêmes le cas concret sur lequel elles veulent travailler. Cette démarche n’a pas pour objectif de mettre en avant les startups de notre portefeuille. BPI a en effet un portefeuille d’un peu plus de 330 startups, mais il y a plus de 13 000 startups en France. Nous engageons cette démarche pour répondre à un des objectifs de BPI qui est de renforcer la souveraineté nationale. Nous voulons aider les entreprises françaises à contribuer à booster les startups qui ont été créées il y a une dizaine d’années avec l'émergence de la French Tech.

Quel est le profil type des entreprises que vous souhaitez accueillir dans ce programme DAPI ?

Ce programme est destiné à de grandes entreprises du CAC40 et du SBF120 de tous secteurs d’activité, à l’exception du secteur public. Il est ouvert à des directeurs achats groupe C-Level. Pour cette première promotion, nous avons fait le choix d’ouvrir le programme à des directeurs achats francophones.

Quels sont les grands rendez-vous du programme à retenir ?

Nous commercialisons le programme jusque fin octobre. Le lancement par Nicolas Dufourcq avec la première promotion interviendra le 6 décembre. Le premier atelier aura lieu dans la foulée, suivi de cinq autres, jusqu’à la clôture du programme de cette première promotion.