Droits de douane : le risque numéro un des supply chains américaines
Selon une nouvelle étude EcoVadis, 72 % des dirigeants américains considèrent les droits de douane et les guerres commerciales comme la principale menace pour leurs chaînes d’approvisionnement, devant les risques climatiques ou cyber. Une pression qui fragilise les engagements ESG et oblige les directions achats à revoir leurs arbitrages.
Les droits de douane et les tensions commerciales s’imposent aujourd’hui comme la première source d’inquiétude pour les supply chains américaines. L’étude EcoVadis montre que 72 % des dirigeants placent ces risques tarifaires au sommet de leurs préoccupations. Un niveau d’alerte qui force les organisations à arbitrer entre impératifs économiques et ambitions ESG. Plus d’un responsable sur deux estime d’ailleurs devoir réduire ses priorités durables sous la pression des politiques tarifaires, tandis qu’une minorité seulement affirme pouvoir maintenir ses engagements.
Un risque qui se diffuse à tous les niveaux de l’entreprise
Si le risque tarifaire domine, il n’est pas perçu de la même manière selon les fonctions. Les C-level restent particulièrement sensibles aux événements climatiques et aux tensions géopolitiques, alors que les équipes Risk & Compliance placent la cyber menace très largement en tête. Les directions achats, finance ou supply chain convergent autour d’un constat commun : la menace douanière est la plus immédiate et la plus susceptible de perturber leurs opérations, même si les risques secondaires varient d’un métier à l’autre.
Cette inquiétude s’inscrit dans une supply chain déjà fragilisée. Une proportion importante d’entreprises américaines a subi entre quatre et dix perturbations en un an, qu’il s’agisse de défaillances fournisseurs, de litiges commerciaux, de tensions sociales ou d’événements climatiques. Pour contenir ces instabilités, les organisations renforcent leurs leviers de résilience : diversification des sources, collaborations renforcées avec les fournisseurs, relocalisations partielles ou déplacement des flux hors zones à risque. Les stratégies de multisourcing progressent, tout comme les investissements liés au risk management, même si leur intensité demeure variable.
Parallèlement, certains angles morts persistent, notamment sur les enjeux climatiques. Malgré la multiplication des phénomènes extrêmes, une entreprise sur cinq n’a encore pris aucune mesure pour anticiper les risques physiques dans sa chaîne logistique, alors que les coûts potentiels pourraient atteindre 500 milliards de dollars par an d’ici 2030. L’étude révèle également que 16 % des organisations ont déjà choisi de dissimuler des risques RSE liés à des fournisseurs essentiels, une proportion qui grimpe à 30 % dans les plus grands groupes.
Pour EcoVadis, la clé réside désormais dans une meilleure intelligence fournisseur, indispensable pour anticiper les ruptures, diversifier les options d’approvisionnement et préserver la résilience face à un environnement commercial de plus en plus instable.