Fayat : « Notre recours à la sous-traitance sera plus important »
Par Mehdi Arhab | Le | Direction ha
Vincent Meeuwis a été nommé directeur des achats du GIE Fayat Construction achats investissements avec un périmètre potentiel de 1,5 milliard d’euros d’achats. Au cœur de ses priorités : l’amélioration du taux de couverture, la massification des achats, la gestion des risques et, bien-sûr, la RSE.
Depuis 2010, le GIE FCAI, pour Fayat Construction Achats Investissements, administre les achats des entreprises de la construction (TP, bâtiments, fondations) ; de la division Fayat Métal ainsi que de la division Énergie Services du géant français du bâtiment et des travaux publics. L’organisation soutient et accompagne le développement et les projets de toutes les filiales du groupe Fayat selon les exigences de leurs marchés. Profitant de son positionnement et du fonctionnement en réseau de ses acheteurs, le GIE mutualise aussi bien les compétences que les volumes d’achats, tout en créant des synergies au profit des chantiers qui font appel à ses services. Élément notable : depuis 2021, le GIE n’a plus d’activité à l’international et se consacre uniquement aux chantiers sur le territoire hexagonal.
Près de 600 millions d’euros d’achats et six principales familles
Arrivé à la tête du GIE FCAI en décembre dernier, après avoir été CPO au sein des entités françaises de la Global Business Unit Energy Solutions d’Engie, Vincent Meeuwis conduit une structure d’une quarantaine de personnes, réparties au siège à Saclay, ainsi qu’en région. Il encadre un montant d’achats d’environ 600 millions d’euros et reporte à Jean-Philippe Chaubier, directeur du GIE. Le GIE ne couvre qu’une partie des achats du groupe, lesquels s’élèvent à près d’1,5 milliard d’euros en France (2,5 milliards d’euros au total), pour trois milliards d’euros de chiffre d’affaires réalisés en France (sur les 4,6 milliards d’euros au total) par le groupe familial bordelais en 2021. « Notre terrain de jeu peut être beaucoup plus important », déclare d’ailleurs Vincent Meeuwis, pour qui l’augmentation du taux de couverture constitue un enjeu de premier ordre.
Présentement, ce sont près de 300 contrats cadres métiers qui ont été scellés autour de six familles d’achat, dont quatre dites « obligatoires » : second œuvre, location de matériel, gestion des déchets et EPI et consommables et petits matériels (quincaillerie, outillages, fournitures industriels …). Le GIE planche actuellement sur l’ouverture d’un e-catalogue, qui devrait selon toute vraisemblance être opérationnel à la fin de l’année 2023. Il compte d’ores et déjà divers outils d’analyse de la dépense et de partage entre acheteurs des affaires en carnet.
Un taux de couverture à améliorer
La période est particulièrement tendue, aussi bien sur le front des prix des matières premières, que sur les marchés fournisseurs
Comme indiqué ci-dessus, Vincent Meeuwis entend faire avancer la couverture achats du GIE. Une expansion qui passera par la création de pôles d’expertise par domaine achats favorisant synergies, mutualisations et massifications. Axes prépondérants de sa feuille de route, d’autant plus au regard de l’inflation des matières premières et de l’état du marché. « La période est particulièrement tendue, aussi bien sur le front des prix des matières premières, que sur les marchés fournisseurs pour des raisons circonstancielles et conjoncturelles, liées à notre activité », expose Vincent Meeuwis.
Pour parvenir à ses fins, le nouveau directeur des achats a alors repensé quelque peu son organisation, faisant de certains de ses acheteurs présents sur les territoires des référents achats. Comptant sur leur proximité avec le terrain et le renforcement de la relation fournisseurs, Vincent Meeuwis place sur eux de grands espoirs. « Ils nous permettront de rechercher des niveaux de performance et des taux de couverture plus satisfaisants ».
Les réalisations du groupe étaient pour l’essentiel du TP ou du gros œuvre
Numéro quatre du BTP en France, Fayat a connu des années 2021 et 2022 prometteuses. Son carnet de commandes est nourri par des chantiers d’envergure comme ceux du Grand Paris Express, ou encore inhérents à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques qui se tiendront dans la capitale en 2024. Mais ceux-ci arrivent à leur terme. « Les réalisations du groupe étaient pour l’essentiel du TP ou du gros œuvre », rappelle le nouveau directeur des achats.
Un virage métier à accompagner
Or, les filiales du groupe vont maintenant recentrer leurs activités vers des marchés de plus petite taille, qui concentrent en particulier du second œuvre. « Les chantiers de beaucoup de nos entreprises vont davantage concerner le second œuvre, sur des sujets de réhabilitation, de rénovation et de réalisations liées aux nouvelles réglementations du secteur », développe Vincent Meeuwis.
« Ce sont des marchés sur lesquels nous devons virer de bord en termes d’achats. Beaucoup de nos acheteurs avaient sous leur responsabilité le gros œuvre, les terrassements et les TP. Bien que gardant notre expertise dans ces domaines, il nous faut nous diversifier pour répondre aux besoins de nos clients internes sur le second œuvre, avec des familles d’achats plus complexes à gérer », poursuit-il. Une difficulté qui trouve son origine dans un marché fournisseur « beaucoup plus diffus », relate Vincent Meeuwis. « Notre recours à la sous-traitance sera plus important », ajoute-t-il.
Les risques et l’éthique, autre sujet majeur
Nous comptons beaucoup de fournisseurs de petite taille. Avec la conjoncture, leur trésorerie n’est pas mirobolante
Alors que les niveaux de défaillances d’entreprises atteignent des hauteurs presque inédites, notamment dans la construction, le GIE voit la gestion des risques comme une nécessité absolue. « Nous comptons beaucoup de fournisseurs de petite taille. Avec la conjoncture, leur trésorerie n’est pas mirobolante malheureusement. Nous devons donc monter en compétence et nous organiser en conséquence pour nous assurer de leur solidité », confirme Vincent Meeuwis.
En matière d’achats responsables, le GIE continue de se structurer. Comme beaucoup d’acteurs du secteur, il recourt désormais à des solutions de béton bas carbone. Une innovation qui en appelle d’autres et qui constitue un levier important d’amélioration pour générer de la valeur et, surtout, réduire l’empreinte des opérations du groupe. « Nos tableaux de comparaison à destination de nos clients internes mettent aussi bien l’accent sur le prix, que sur les risques et sur la logistique associée. Par exemple, si le béton que nous utilisons n’est pas produit avec des centrales sur site, les émissions liées à la logistique doivent alors être prises en compte », clame Vincent Meeuwis.
La mise en place de la Rep à gérer
En ce sens, le GIE entend contribuer aux objectifs de Fayat en matière de décarbonation : atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. En ligne de mire, le scope 3 « Nous allons réaliser notre première photo carbone cette année afin d’établir des plans de progrès sur ce sujet et participer à la réduction de notre empreinte sur l’environnement ».
La direction des achats concentre par ailleurs ses efforts sur la responsabilité élargie des producteurs (Rep), qui s’appliquera progressivement cette année. Après les emballages ménagers, les équipements électriques et électroniques, le fait d’organiser le financement et la collecte en vue de recycler en appliquant le principe pollueur-payeur s’installe en effet pour les matériaux de construction. Une donnée de plus à prendre inévitablement en considération. « C’est un sujet important et un enjeu majeur. Nous sommes très vigilants sur l’équilibre à trouver et devons travailler pour que la filière se mette en place. Mais nous devrons obligatoirement être patients, tout ne se fera pas du jour au lendemain », concède Vincent Meeuwis.