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Maisons du monde veut relocaliser une partie de son sourcing en Europe

Par Guillaume Trecan | Le | Direction ha

Les ambitions de croissance affichées par la directrice générale de Maison du Monde, Julie Walbaum, lors de la journée investisseurs du 8 novembre, vont de pair avec une structuration de sa démarche RSE. La relocalisation d’une partie de ses achats de produits en Europe constitue un élément clef de ce projet.

Maisons du monde veut relocaliser une partie de son sourcing en Europe
Maisons du monde veut relocaliser une partie de son sourcing en Europe

En 2025, la marque de mobilier Maison du monde promet d’atteindre entre 1,8 et 1,9 milliard d’euros de chiffre d’affaires, contre 1,3 milliard d’euros en 2021 sur un marché de 130 milliards d’euros en Europe. Une partie de son succès tient au modèle économique de la marque, fondé des produits design à coûts compétitifs. Maison du monde va pourtant remettre en question partiellement son sourcing en grande partie asiatique pour répondre aux attentes de ses clients en termes de traçabilité. « Nos consommateurs sont en demande de transparence sur l’ensemble des enjeux environnementaux et sociaux et expriment des attentes en termes de lisibilité sur cette offre responsable à travers des labels et des certifications », développe la directrice générale du groupe, Julie Walbaum.

Pour leur répondre, le groupe va donc lancer un label responsable au printemps 2022, qui concernera d’emblée 20 % de la totalité de son offre, le double en 2025. Un label garantissant la certification et la recyclabilité des produits, la préservation des savoir-faire artisanaux (céramique, tamponnage, sculpture sur bois…) et la fabrication européenne.

10 % des produits sourcés en Europe

A l’heure actuelle, Maison du Monde fait fabriquer 50 % de ses canapés en France et, au total, une dizaine de pourcent de la totalité de ses produits en Europe. « Nous allons dans les prochaines années relocaliser une partie de notre production en Europe », affirme Julie Walbaum, tout en précisant que, pour l’heure, aucune cible n’a été définie. « Cela restera une minorité de notre production », prévient-elle, avant de préciser : « notre modèle d’affaires repose sur une offre accessible, ainsi que sur des savoir-faire qui, aujourd’hui, ne se trouvent plus qu’en Asie. Mais, sur certaines catégories, il y a une opportunité pour avoir plus de fabrication européenne. »

Outre en considérant la disponibilité des savoir-faire, le groupe construira sa feuille de route de relocalisation d’achats en prenant en compte la part de main d’œuvre dans la fabrication. En ce sens, les matelas, par exemple, dont la fabrication est hautement mécanisable, ont plus de chance d’être rapatriés que d’autres produits à haute teneur en main d’œuvre tels que les bureaux, les tables, ou encore les commodes.

Il faut avoir une vision long terme sur l’équilibre coût entre l’Europe et l’Asie, en particulier sur nos produits dont la fabrication intègre beaucoup de main d’œuvre 

L’inflation des coûts de fret, en revanche, devrait avoir moins d’impact sur les décisions du groupe. « Même si, dans les prochains mois, les coûts de fret augmentent considérablement les coûts complets d’approvisionnement des marchandises, ils vont finir par se réduire. Il faut donc avoir une vision long terme sur l’équilibre coût entre l’Europe et l’Asie, en particulier sur nos produits dont la fabrication intègre beaucoup de main d’œuvre », explique Julie Walbaum, qui indique par ailleurs qu’« une tonne transportée par bateau entre Shanghaï et Marseille ne représente pas plus de carbone qu’une tonne transportée par camion entre Paris et Varsovie ».

Resserrer le portefeuille de fournisseurs

D’une manière générale, la directrice générale de Maison du monde entend renforcer le pilotage des fournisseurs en concentrant ses efforts. « Dans les prochaines années, nous allons un peu consolider notre portefeuille fournisseurs pour renforcer nos liens avec chacun d’entre eux et notamment pour nous assurer des conditions de sécurité du travail », annonce-t-elle. En 2021, le groupe a réalisé 150 audits sociaux chez ses fournisseurs, soit cinq fois plus qu’en 2016. Les fournisseurs européens, régis par des réglementations plus exigeantes en matière de droit du travail offriront d’ailleurs des garanties supplémentaires au groupe.

La toute nouvelle direction Marque et RSE (voir l’article de Republik Retail Le Media), dont la création a été annoncée cette semaine, participera à ces arbitrages, de même qu’elle pilotera l’objectif de réduction de 25 % des émissions carbone du groupe d’ici à 2025. Cet objectif passe par la neutralité carbone sur les scopes 1 et 2 et mettra aussi à contribution l’ensemble des fournisseurs. « L’analyse de notre Scope 3 nous a permis d’identifier les principaux drivers de nos émissions de carbone. La moitié est liée à nos produits, ce qui les compose et comment ils sont fabriqués. Travailler sur l’offre responsable est le premier levier pour réduire notre empreinte carbone », analyse Julie Walbaum. Là encore, le poids du transport est finalement relativisé, puisqu’il ne représente à l’heure actuelle que 8 % du total des émissions du groupe.

Analyse de l’empreinte carbone du scope 3 - © D.R.
Analyse de l’empreinte carbone du scope 3 - © D.R.